lundi 3 février 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Septième voyage, partie IV)

Histoire de Sindbad le marin (septième voyage, partie IV) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Je continuai cette chasse pendant deux mois
Et mon maître étonné était content de moi.
Comme un singe j’allai à l’affût, d’arbre en arbre,
Et immobile comme les statues de marbre
Je restais dans l’ombre des feuillages caché,
Et, tel un voyageur sur un ruisseau penché,
J’attendais, patient, que des éléphants passassent,
Et un jour ne luisait point sans que j’en tuasse.
Mon maître me traitait maintenant comme son égal
Et j’eus droit à une belle chambre et à maints régals.

Un jour que j’étais dans ma retraire solitaire,
Au lieu de voir ces bêtes comme à l’ordinaire
Passer devant moi, je les vis vers moi venir.
Monstres puissants et que rien ne peut retenir,
La terre tremblait sous leurs pas quand ils s’approchèrent
Et, décidés sans doute à se venger, marchèrent
Et arrivèrent à mon arbre avec un grand bruit.
En voyant que ma proie maintenant me poursuit,
Mon arc et mes flèches des mains me tombèrent
Et les yeux courroucés de ces bêtes meurtrières
Me rendirent immobile et m’emplirent de frayeur
Et pour qu’il me sauvât je priai le Seigneur.
Je vis que mes craintes n’étaient point vaines
Quand une parmi ces créatures surhumaines
Qui était la plus grosse, d’un prodigieux mouvement
M’ayant bien contemplé, après quelques moments,
Embrassa l’arbre avec sa trompe puissante
Et, pour qu’elle châtiât mes actions malfaisantes
Contre sa race, par terre le renversa.
Aussi facilement que sa trompe l’embrassa,
Elle m’embrassa moi-même, et non loin de sa croupe,
Je fus mis sur le dos du chef de la troupe.
J’étais pâle et tremblant et presque mort d’effroi.
Aussitôt l’animal m’emmena à un endroit
Et, sans que je ne susse grâce à quel mystère,
S’en alla avec les siens et me posa à terre.
J’eusse pu être occis par ces fauves triomphants
Mais, surpris, je vis qu’il n’y avait plus d’éléphants.
L’endroit était une colline peu verte
D’ossements et de dents d’éléphants toute couverte.
Je compris quel était l’admirable dessein
De ces bêtes dont je perçais chaque jour le sein
Avec mes flèches cruelles, voulant que je cessasse
De les persécuter chaque fois qu’elles passent,
Elles m’emmenèrent à cet endroit qui était plein
Des précieuses dents de ces animaux malins.
Emu par cette action et par ce spectacle
Je pleurai de tristesse. Il n’y avait nul obstacle
Entre moi et la ville, et je tournai mes pas
Vers elle, encore tremblant et affreusement las. 

  [A SUIVRE]

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène    

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