vendredi 17 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Quatrième voyage, partie I)

Histoire de Sindbad le marin (quatrième voyage, partie I) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Sindbad reprit : « La mer, bien qu’elle soit inconstante,
Nous fut propice et de nous accueillir contente,
Et le capitaine de moi s’étant souvenu,
Alors qu’il me croyait défunt, me reconnut.
C’était celui qui me laissa par méprise
Sur l’île où je m’étais endormi. Sa surprise
Etait égale à la mienne, et il me rendit
Tous mes biens, et avec étonnement entendit
Le riche récit de mon voyage et de mes peines.
Je fis du commerce et j’en eus la bourse pleine,
Et encore plus riche, je revins au pays. »
Et il se tut, par les souvenirs comme assailli,
Et les convives qui, eux aussi, se turent
Songeaient tous à ses trois hasardeuses aventures.
Il donna à Hindbad les cent sequins promis
Et lui dit : « Revenez demain, mon cher ami. »

Le jour suivant, Sindbad dit : « Mon âme était lasse
Plus vite que l’autre fois, de me voir sur place,
Préférant la terre ferme au profond océan.
Je m’ennuyais chaque jour de demeurer céans
Et décidai de m’en aller faire du commerce.
Appesanti de biens, je pris la route de Perse
Et j’arrivai à un port où je m’embarquai.
Nous fûmes surpris d’un vent fort qui nous attaquait
Et grondait, pareil à un démon des abysses.
Le capitaine usa de mille artifices
Mais malgré son savoir-faire, ne put contrôler
Le vaisseau par les flots et les houles affolé
Qui heurta des récifs acérés comme des lames.
Quand il fut brisé maints marchands rendirent l’âme,
Notre capitaine, bien qu’il fût un homme adroit,
Périt aussi. Malgré notre indicible effroi,
Nous restâmes, moi et quelques autres matelots, en vie ;
A une planche, par la houle au navire ravie,
Nous nous accrochâmes, et fûmes par le vif courant
Emportés vers une île où nous trouvâmes, mourants
De faim et de soif, des fruits et de l’eau de source.
Nous nous y reposâmes de la sombre course
Des flots, toute la nuit, résignés au destin,
Comme stupéfaits et de notre sort incertains.
Le lendemain, avec le jour nous nous levâmes
Et dans l’eau d’un menu ruisseau nous nous lavâmes.
Nos pas nous conduisirent fort loin des flots furieux
Et nous aperçûmes des foyers mystérieux
Où nous nous rendîmes. Des noirs aux visages sombres
A notre arrivée vinrent à nous en grand nombre,
Ils se saisirent de nous, nous partagèrent en deux,
Et nous emmenèrent à leurs demeures avec eux.


 [A SUIVRE]

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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