dimanche 12 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Deuxième voyage, partie IV)

Histoire de Sindbad le marin (deuxième voyage, partie IV) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits"
 

Je pris d’abord les diamants les plus pesants
Qui étaient les plus beaux et les plus imposants
Et les mis dans mon sac de provisions de bouche.
Je choisis ensuite, pareil aux bêtes farouches
Et qui cherchent, affamées, une bonne proie à manger,
Le morceau de viande le plus long et léger
Et l’attachai autour de ma bourse et ma taille
Et je dis : « Ô, Dieu ! Les infortunes m’assaillent,
Tout ici-bas, hormis vous, est mon ennemi !
Écoutez un sombre marin et qui gémit !
De ne plus courir les mers vastes et traîtresses
Si vous me sauvez je vous fais la promesse ! »
Je priais de la sorte quand un aigle arriva
Et avec le morceau de viande m’enleva
Et me porta jusqu’au sommet de la montagne
Loin de cet étrange et somptueux bagne.
Quand l’aigle effrayé fut par les crieurs chassé,
Un marchand de cueillir ses diamants fort pressé
Vint et eut peur de me voir dans cette posture
Puis, sans me demander par quelle aventure
Et par quel étrange sort je me trouvais là,
En réclament ses chers biens il me querella.
« Vous serez, lui dis-je, plus clément sans doute
Quand vous saurez quelle singulière route
M’a conduit jusqu’ici ; et vous serez plus doux
Quand vous aurez vu les diamants que j’ai pour vous. »
Le marchand crut d’abord que c’était une ruse
Mais il me présenta ses plus flatteuses excuses
Quand il vit que je lui disais la vérité
Au sujet des diamants qu’il avait mérités.
Les marchands étonnés de ma sombre histoire
M’accueillirent, me donnèrent à manger et à boire
Et de mes présents furent honorés et contents.
Dans les montagnes nous restâmes quelque temps
Et après quelques jours ensemble nous gagnâmes
Le premier port, d’où sans peine nous passâmes
A l’île de Roha où croît l’arbre curieux
Dont on tire le camphre, et où des fauves mystérieux
Appelés rhinocéros, qui ont une seule corne
Et qui en les voyant vous sembleront mornes
Se battent, intrépides, avec les éléphants
Et deviennent aveugles bien qu’ils soient triomphants
A cause du sang de ces bêtes et de leurs graisses
Qui leur coulent sur les yeux. Le Rokh s’empresse,
Aussitôt tombés par terre, de les enlever
Pour nourrir ses petits, prenant soin de laver
Sa proie en la plongeant dans une rivière.

Après avoir quitté cette île singulière
Et fait des aumônes aux veuves et aux démunis
Je revins à Bagdad. » Les convives réunis
Écoutèrent ce récit avec grande surprise.
Le Sindbad se tut, car l’aventure promise
Etait finie. Et il donna cent sequins d’or
Au porteur, le priant de revenir encor
Pour qu’il lui racontât sa troisième errance
Le lendemain, avec douceur et déférence.

[FIN DU DEUXIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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