Histoire de Sindbad le marin (quatrième voyage, partie IV)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Le roi me dit un
jour : « Mes sujets te chérissent
Comme je te
chéris, et tes affaires fleurissent ;
J’en suis content
pour toi. Sans vouloir te presser,
J’ai, mon cher
Sindbad, une prière à t’adresser. »
« Soyez
assuré de ma pleine obéissance,
De ma loyauté et
de ma reconnaissance,
Sire. Et sachez
que faire tout ce qui vous plaira
Me sera doux, et
que votre altesse me verra
Honoré d’exaucer
toutes ses prières. »
Lui répondis-je. « A
une dame belle et point fière,
Répliqua le roi,
je veux que tu sois marié.
Elle t’aimera et
tu ne seras point contrarié
Par ses caprices ;
elle est d’une grande retenue.
Chaque fois que ta
patrie te sera revenue
Dans ses bras
bien-aimants tu seras consolé. »
A ma douce patrie
je rêvais de m’envoler
Et bien que mon
séjour me fût agréable
Et ma femme fort
belle, sage, riche et noble,
Je voulais partir à
la première occasion,
Comme si mon
destin sombre, avec dérision,
Chaque fois que j’étais
serein, raillant mon zèle,
Me faisait naître,
à la place des pieds, des ailes.
Je songeais ainsi
quand la femme de mon voisin
Qui devint mon
ami, lui mourut un matin
Car elle était
malade et plus que lui vieille.
J’allai le
consoler. Sa tristesse sans pareille
Etait si grande
que j’en fus comme étonné.
Ému, je lui dis : « Le
Seigneur nous a donné
La vie, et il peut
quand il lui plaît la reprendre.
Que la tienne soit
longue, et que cette amitié tendre
Dans l’éternité
puisse aussi vous réunir. »
« Qu’elle
soit longue ! Hélas, elle va bientôt finir !
S’écria mon
voisin, plein d’amertume.
Sindbad, tu ne
connais pas encore nos coutumes,
On enterre la
femme morte et le mari vivant
Et quand il meurt
elle va, au tombeau le suivant.
Je vais être
enterré donc avec ma femme. »
De cette coutume
barbare et infâme
Je tremblai en
plaignant mon ami abattu.
Le cadavre de sa
femme fut revêtu
De tous ses joyaux
et de ses habits de noces,
Elle fut
transportée dans un grand carrosse,
Son mari à la tête
du deuil, jusqu’à un mont
Dont le sommet
semblait l’antre d’un noir démon.
On y leva une
pierre qui couvrait l’ouverture
D’un puits profond
comme un abîme, dont l’étroiture
Ne laissait passer
qu’une seule personne à la fois.
Le pauvre homme
tremblait, malgré toute sa foi.
On descendit la
morte et, sans aucun reproche,
Il embrassa tous
ses amis et tous ses proches
Et on le mit dans
une bière, vivant fardeau,
Avec, auprès de
lui, sept pains et un pot d’eau.
Il suivit sa
femme. Quand la cérémonie
A la fois cruelle
et étrange, fut finie,
On remit la pierre
sur le puits et on alla
En laissant le
mort et la morte ensemble là.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2178.
lundi 20 janvier 2014
Histoire de Sindbad le Marin (Quatrième voyage, partie IV)
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