dimanche 5 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Premier voyage, partie I)

Histoire de Sindbad le marin (premier voyage, partie I) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits"


Sindbad dit : « Ma famille me légua mille biens
Dont ma folle jeunesse qui riait ne fit rien
Et que je dissipai dans les débauches sombres.
Mon esprit était plus que la nuit plein d’ombre
Et je dépérissais sans le savoir lentement ;
Mais je revins enfin de mon aveuglement,
Je reconnus que les richesses gaspillées
Etaient éphémères et par le temps pillées,
Et, par la sagesse et les remords dompté,
Que nos jours ici-bas nous sont, hélas ! comptés.
Ne voulant point porter, malgré ma hardiesse,
Et de la pauvreté et de la vieillesse
Les ténébreux fardeaux, de ma conduite surpris,
De ma fortune je ramassai les débris
Et vendis à l’encan tous mes précieux meubles.
A de braves marchands qui paraissaient capables
De me conseiller, et qui négociaient en mer,
 Cherchant un refuge à mon esprit amer,
Je me liai ensuite. Jeune que les rêves bercent,
Je résolus de faire comme eux du commerce ;
L’océan nous sembla calme comme le port
Et parut propice à nos ambitieux efforts,
Par une nuit douce qu’éclairaient les étoiles
Nous priâmes Dieu et nous nous mîmes à la voile
                   Et prîmes la route des Indes par le golfe persan
Qui courtise l’Arabie bienheureuse en passant.
Incommodé par cette étrange maladie
Qu’on appelle mal de mer, et dont la perfidie
M’obligea à rester au lit et m’affaiblit,
Quand ma santé, des jours après, se rétablit
Je pus monter sur la coque et fus tranquille.
Pendant notre voyage nous visitâmes maintes îles
Et y échangeâmes nos marchandises. Un jour,
Nous vîmes une île où la mer suspendait son cours,
Petite et verte comme une douce prairie.
Par les vents et les froids nos âmes étaient aigries
Et nous voulions sur cette île nous reposer
Mais nul d’entre nous, tout seul, ne pouvait l’oser.
Le capitaine mit fin à notre bavardage
Et permit de descendre à tout l’équipage.
Certains restèrent alors que moi je descendis
Et ne savais point que ce havre était maudit.
Nous y mangeâmes, nous y bûmes, nous nous délassâmes
Des fatigues de la mer, et nous nous laissâmes
Bercer par les rivières et les oiseaux fort doux.

Nous faisant choir sur elle, l’île trembla tout à coup
Et nous donna une formidable secousse.
Ceux qui restèrent, venant à notre rescousse,
Nous crièrent de nous rembarquer promptement
Et de quitter l’île qui s’agitait sauvagement
Et était le dos d’une immense baleine.
Nos âmes d’horreur et de désespoir furent pleines,
Nous courions dans tous les sens sans nous rappeler
Dans ces moments d’angoisse par où il faut aller.
Les plus diligents de notre pâle troupe
Se sauvèrent dans la salutaire chaloupe,
Mais moi j’en étais loin, et je trouvai un peu
De bois qu’on apporta pour allumer du feu.
M’agrippant à une pièce, je hélai mes confères,
Mais nul n’entendit mes ardentes prières
Et le capitaine qui reçut sur son bord
Les gens de la chaloupe, croyant les autres morts,
Voulant profiter du vent frais et favorable,
Me laissa dans la mer incommensurable.

  [A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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