jeudi 9 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Deuxième voyage, partie I)

Histoire de Sindbad le marin (deuxième voyage, partie I) 
Poèmes de "la série Mille et une Nuits"

Le lendemain, quand les convives furent réunis,
Ils mangèrent et burent, et le repas fini,
Leur hôte généreux reprit la parole
Et leur dit : « Mes seigneurs, vous voir ici console
Ma solitude ; sachez que vous m’êtes tous chers.
Les hommes qui comme moi sont épris de la mer
Vous diront qu’elle devient leur deuxième demeure
Et maints d’entre eux y vivent et y meurent.
M’ennuyant fort vite d’une vie d’oisiveté,
J’errais dans la ville comme un homme tourmenté
Et, malgré les conseils et les avis sages,
Je méditais déjà mon deuxième voyage
En achetant force marchandises et maints biens.
Celui qui va à la mer à la mer revient,
Je l’ai dit. Avec un nouveau capitaine
Et des marins dont la droiture m’était certaine
Je quittai donc Bagdad, d’île en île allant.
A l’aventure les flots profonds nous appelant,
Nous fîmes de bons trocs, achetâmes et vendîmes.
Un jour, dans une île fort belle nous descendîmes,
L’endroit était aussi ravissant que désert ;
C’était une île où l’œil vagabond se perd
Et où un soleil fort et exotique rayonne
Mais à notre surprise il n’y avait personne.
Dans les vertes prairies et le long des ruisseaux,
Nous allâmes prendre l’air près de notre vaisseau.
Je m’assis à l’abri de la lumière,
Sous un arbre épais, à côté d’une rivière,
           Et fit un bon repas. Bientôt, un doux sommeil
S’empara de mes sens ; hélas ! à mon réveil
Je ne vis point, à l’ancre, le volage navire.
Malheur ! Je me levai. Avec douleur et ire
Je n’en vis que les voiles ; je criai, je courus,
Arrivé à la grève, il avait disparu.
Ô, blême désespoir ! Destin sans clémence !
Seul sur l’île, ma douleur était tellement immense
Que, comme un aliéné, je poussais d’affreux cris,
Me frappais la tête, me jetai par terre, surpris
Et épouvanté, l’âme noire et déchirée,
Je hurlai : « Ô, patrie ! Ô, famille adorée !
J’eusse mieux fait d’écouter, insensé ! Vos conseils !
Seul et abandonné et aux damnés pareil,
Me voilà oublié sur cette île sauvage
Et dont nul ne connaît le lointain rivage !
Que ne suis-je resté dans mon foyer béni !
Pour ma cupidité le Seigneur me punit !
Ne te verrai-je donc plus jamais, aimable ville ? »
Mais mes regrets étaient sombres et inutiles
Et je priai Dieu, quand mon discours fut achevé,
De me pardonner mes erreurs et me sauver. 

[A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène  

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