jeudi 23 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Cinquième voyage, partie I)

Histoire de Sindbad le marin (Cinquième voyage, partie I) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Les plaisirs, dit Sindbad, de ma sombre mémoire
Effacèrent toutes ces sinistres histoires.
Je ne songeais plus aux maux que j’avais soufferts,
Attiré par ce gouffre immense qu’est la mer,
Tous ces périls ne me rendirent point sage.
Je voulais de nouveau partir en voyage
Pour voir d’autres terres et pour m’y aventurer ;
Par les flots bourreaux mille fois torturé,
Sans me repentir de leurs caresses furieuses
Et de courir toujours les mers périlleuses,
Je fis même construire un vaisseau fort somptueux,
Achetai des marchandises, et plus impétueux
Que les autres fois, j’en fus le capitaine
Et me préparai à braver la mer hautaine
Avec d’autres marchands comme moi décidés.
Nous prîmes le large, par le zéphyr aidés,
Tout à notre voyage semblait fort propice,
Le vent sans violence et la mer sans artifices.

Nous arrivâmes après longue navigation
A une île dans la plus complète désolation
Qui était fort belle, mais qui était déserte.
Les marchands virent, la bouche de surprise grande ouverte,
L’œuf blanc d’un Roc, d’une formidable grosseur,
Qui renfermait, dans ses ténébreuses profondeurs,
Un petit Roc et qui allait bientôt naître
Car son bec aiguisé commençait à paraître.
Les marins, qui avaient faim, songèrent un moment
Et cassèrent l’œuf à coups de haches, véhéments,
Y firent une ouverture par où ils sortirent
Le petit Roc sanglant, qu’ensuite ils rôtirent
Malgré mes conseils et mes avertissements.
Ils tombèrent bientôt dans un doux affaissement
Après qu’ils eurent tous dîné de la sorte,
Et moi, connaissant le Roc, je restais alerte
Sur mon vaisseau, tremblant et n’osant point bouger.
Les dîneurs finissaient à peine de manger
Quand ils virent en l’air deux immenses nuages
Qui poussaient affreusement des cris emplis de rage.
C’étaient le père et la mère du Roc. Je pressai
Ces marchands de revenir à bord, et me lassait
De les attendre. Les deux nuages disparurent
Et les marchands jusqu’au vaisseau coururent.
Les deux Rocs revinrent rapidement, et armés.
De deux énormes pierres, nous les vîmes, alarmés,
Sur nous faire tomber la première. Avec adresse
Je l’évitai. Mais la deuxième en mille pièces
Brisa le navire, dont les hardis passagers
Furent tous écrasés et furent submergés
En poussant de grands cris. Submergé moi-même,
Je m’accrochai à une pièce du débris, et blême,
Je nageai, par les flots de tous côtés frappé,
Jusqu’à une île au rivage fort escarpé.


 [A SUIVRE]
 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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