jeudi 30 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Sixième voyage, partie IV)

Histoire de Sindbad le marin (sixième voyage, partie IV) 


Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Jusqu’à la ville de Serendib nous marchâmes,
Les Noirs me présentèrent avec beaucoup de flamme
Au Roi, homme auguste qui semblait bienveillant,
Lui disant que j’étais un marin très vaillant.
Je le saluai en m’inclinant jusqu’à terre
Et il me releva, et me voyant me taire
Par respect, attendant qu’il parlât avant moi,
Me fit avancer, et comme si j’étais roi
Me sourit et me fit près de lui prendre place
Me disant : « Sindbad, que rien ne vous embarrasse,
Parlez librement et racontez le récit
De votre voyage, et ce que vous faites ici. »
Je ne cachai rien au Roi. Sans le faire attendre,
Je lui fis le récit que vous venez d’entendre
Et il en fut surpris et tellement charmé
Qu’il ordonna d’écrire tout ce conte nommé
Les voyages de Sindbad, en lettres d’or pures
Afin de conserver mes six aventures
Dans les archives de son royaume éternellement.
Le bon roi fut empli du même émerveillement
Quand on apporta le radeau qu’en sa présence
On déchargea, et vit les magnificences
Dont les ballots étaient remplis ; il fut surpris
De la quantité de rubis et d’ambre gris
Et d’émeraudes qui brillaient, éclatantes.
Du bon roi ne voulant point prolonger l’attente
Puisqu’à son regard je jugeai qu’il désirait
Mon trésor que, tout roi qu’il fût, il admirait,
Je lui dis : « Seigneur, mes richesses vous appartiennent
Et si vous les voulez, elles vous reviennent
Et moi, Sindbad, je suis votre humble serviteur. »
Mais il me répondit, le sourire enchanteur :
« Ces richesses sont à vous, je les vois sans envie,
Dieu vous les a données en vous sauvant la vie
Et je n’oserai point jamais vous en priver
Car dans mon royaume et cour vous êtes arrivé.
Sans les diminuer je veux, au contraire,
Qu’elles soient augmentées, et je vais vous faire
De grandes largesses et mille prodigalités
Pour que vous parliez de ma libéralité
Au calife Haroun Al-Rashid, dont la clémence
Et la charité sont comme la mer immenses.
Faites aussi savoir au Commandeur des croyants
Mon amitié sincère, en lui envoyant
A mon nom et au nom de la patrie cette lettre. »
Je promis au noble roi de la lui remettre,
Il me recommanda à ses plus sûrs marins
Et je partis sur des flots amis et sereins,
Appesanti par les présents de son altesse.
Mon navire voguait avec grande vitesse,
J’arrivai bientôt à Bagdad, et fort content
Le calife reçut les présents, écoutant
Mon récit avec une surprise sans égale. »

Sindbad arrêta de parler, et la salle
Semblait rêver comme lui. Au porteur il donna
Cent sequins, et pria ses hôtes qu’il étonna
De bien vouloir revenir à la même heure,
Le lendemain, à sa somptueuse demeure,
Pour qu’il leur racontât son voyage dernier
Qui transforma ce preux marin en casanier
Car il fut terrible plus que tous ses voyages
Et l’emmena à de plus périlleux rivages.


[FIN DU SIXIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN] 
 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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