dimanche 26 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Cinquième voyage, partie IV)

Histoire de Sindbad le marin (Cinquième voyage, partie IV) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Un marchand du vaisseau, d’une voix amicale
Et voyant que j’étais encore très pâle,
Me conduisit dans un logement hospitalier
Aux étrangers comme moi et aux oubliés.
Il me donna un grand sac et me dit : «Ramasse
Comme les autres marchands que tu verras sur place
Des cocos, et tu vas gagner beaucoup d’argent. »
Je le remerciai et partis avec ces gens.
Nous arrivâmes à une forêt fort épaisse
Dont les arbres étaient si hauts, aux troncs si lisses,
Qu’on ne pouvait cueillir leurs fruits, notre métier.
Les marchands, réunis autour des cocotiers,
Ramassèrent des pierres et les lancèrent aux singes
Irrités de notre commerce qui dérange
Leur quiétude, voulant ne point être visités,
Ils cueillirent des cocos ; pleins d’animosité,
  Ils nous les lancèrent à leur tour. Nous en remplîmes
Nos sacs vides, et après quelques heures nous partîmes
Contents de ce butin que nous avions gagné.
Le bon marchand me dit, après avoir daigné
M’aider de la sorte : « Travaille et continue
Jusqu’à ce que tu gagnes la somme convenue
Pour rentrer à Bagdad. » Et je le remerciai
Une deuxième fois, parce qu’il se souciait
Du sort d’un voyageur las et misérable.
Je gagnai bientôt une somme considérable
En vendant mes cocos et en les échangeant
Contre d’autres biens, en buvant et en mangeant
Fort peu. J’attendis d’un navire l’arrivée
Et mes affaires étaient sur cette île achevées.
Quand il arriva, de l’homme qui avait songé
A m’aider, j’allai prendre en l’étreignant congé
Et je me mis en route avec grande confiance.
Par l’île où le poivre croît en abondance
Nous passâmes, et aussi par l’île de Comari
Qui était un austère et magnifique abri
Dont les habitants se firent une loi inviolable
De ne jamais servir le moindre vin à table
Et de ne souffrir nul lieu de débauche caché.
Avec d’autres marins nous allâmes pêcher  
Sur cette île ensemble de précieuses perles
Et j’en devins plus riche, car moi qui vous parle
J’en chassai de très grosses. A Bagdad arrivé,
Les pauvres de mes gains ne furent point privés,
Et pour remercier Dieu je fis de grandes aumônes. »
Sindbad se tut et, âme généreuse et bonne,
Au porteur donna les cent sequins, l’invitant
A revenir, ainsi que les convives l’écoutant
Avec émerveillement et surprise fort grande
Et à qui il fit de bienveillantes offrandes. 

[FIN DU CINQUIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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