Histoire de Sindbad le marin (quatrième voyage, partie VI)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Malgré mon
désespoir et toute ma rage,
Après quelques
moments je repris courage
Et au lieu d’appeler
la mort à mon secours
Décidai tenacement
de prolonger mes jours.
Oubliant mon
dégoût de ce cimetière,
Je pris le pain et
l’eau qui étaient dans ma bière
Et en mangeai un
peu. Une grande obscurité
Me cachait,
presque avec la même austérité
Que la nuit, du
jour les rayons bénéfiques.
Il me sembla
toutefois que cette grotte antique
Etait plus
spacieuse que je ne l’avais cru.
Mes provisions
finies, mon trépas me parut
Tout proche. J’entendis
soudain lever la pierre ;
La mort et la peur
sont de sombres conseillères,
Le défunt était un
homme, et sa femme en pleurs
Criait et
gémissait d’effroi et de douleur.
J’avais l’esprit
brouillé par une forte famine
Et par la soif, et
cette femme frêle comme une gamine
Ne pouvait
résister aux cent terribles coups
Que je lui donnai,
plein d’un étrange courroux,
Comme si je
voulais assouvir une vengeance,
Avec un énorme os,
sans aucune indulgence.
Je pris sa
nourriture et son eau, mon butin,
Et mangeai et bus
en voyant les yeux éteints
De ma victime,
dont la mort était aussi sûre
Que la mienne, et
dont les mortelles blessures
Ensanglantaient la
tête. Quand l’esprit me revint,
De mon effroyable
forfait je me souvins
Et pleurai
amèrement, assis dans les ombres
De cette grotte
aussi sinistre que sombre.
Au septième jour,
il ne me restait qu’un morceau
De pain décharné,
et seulement un peu d’eau.
Je crus tout à
coup ouïr quelque chose marcher vite ;
Je m’en approchai,
cette ombre prit la fuite
Et s’arrêtait,
soufflant, et toujours en fuyant
Un revenant qu’elle
trouvait sans doute effrayant.
Je la poursuivis
fort longtemps, intrépide.
Bien que cette
chose fût plus que moi rapide,
Que je la perdisse
trois fois et la retrouvai,
Je continuai à la
suivre et j’arrivai
Enfin devant une
large et étrange brèche
D’où je sentis
venir une brise fraîche
Et, chose
singulière ! vis le soleil rayonner.
J’en sortis et je
fus dehors, fort étonné
De me retrouver
dans l’île, tout près des ondes.
Ma joie fut
tellement violente et profonde
Que je m’évanouis
sur-le-champ. A mon réveil,
Je vis avec amour
la mer et le soleil
Et hors de ces
lieux où j’allai par des sauvages
Etre enterré, je
me prosternai au rivage
Pour remercier
Dieu de son infinie bonté.
Ne vous étonnez
point si je viens vous conter
Ce récit avec une
émotion toujours vive,
Quand on est sauvé
d’une mort certaine, chers convives,
C’est comme si on
était par Dieu ressuscité.
Je sus après que
ce tombeau était hanté
Par une bête de
mer qui y trouvait son havre
En venant,
affamée, ronger les cadavres.
Je revins à la
grotte après m’être nourri
De fruits,
ramasser dans ce cimetière pourri
De riches étoffes,
des rubis et des pierreries
Et maintes belles
choses, ma faim et ma soif guéries.
Nul ne pouvait me
voir car ce mont inhumain
Etait si haut qu’aucun
salutaire chemin
Ne menait à la
ville. Des marins me virent
Et je montai avec
eux sur leur navire.
Je leur parlai de
cette île et de ces dangers
Et des
anthropophages. Comme ils furent étrangers
Comme moi, en peu
de temps ils la quittèrent.
Nous passâmes par
maintes merveilleuses terres,
L’île des Cloches,
de Serendib, de Kela,
Et je revins
enfin, de ces aventures las,
A ma demeure et à
ma terre natale
Me reposer
doucement, loin des ondes fatales. »
Sindbad acheva son
récit, et se taisant
A Hindbad étonné
fit le même présent,
L’invitant à
revenir à la nuit suivante
A sa demeure, avec
des prières ferventes,
Ainsi que les
autres convives, pour écouter
De son cinquième
voyage le récit redouté.
[FIN DU QUATRIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2178.
mercredi 22 janvier 2014
Histoire de Sindbad le Marin (Quatrième voyage, partie VI)
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