vendredi 24 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Cinquième voyage, partie II)

Histoire de Sindbad le marin (Cinquième voyage, partie II) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Fatigué de nager, je m’assis sur l’herbe.
L’île où je me trouvais était si superbe
Que je crus être dans un jardin délicieux
Qui était sur terre ce que l’éden est aux cieux.
Je voyais des ruisseaux d’une eau douce et claire
Et des arbres chargés de fruits faits pour plaire
Autant par leur odeur que par leur curieux goût.
Le soleil était fort, le zéphyr était doux ;
Je mangeai et je bus, et la nuit venue
Je ne pus m’endormir dans cette île inconnue
Qui, malgré ses beautés, m’emplissait de terreur.
Je m’occupai seulement à gémir de douleur
Et me reprochais mon éternelle imprudence
En me souvenant de ma douce résidence,
De la patrie, de tout  ce que j’avais laissé,
Et, rongé par les maux, de mon bonheur passé.

Le jour vint. Ses blanches lueurs dissipèrent
Subitement mes chagrins. Dans cette île prospère
Je continuais à marcher, lorsque, hagard,
J’aperçus sur le bord d’un ruisseau un vieillard
Qui gémissait à cause de sa décrépitude.
Je plaignis sa faiblesse et sa solitude,
Il inclina la tête quand je le saluai
Et malgré toutes mes questions resta muet,
Me demandant, quand il fit signe avec sa gaule,
De lui faire passer le ruisseau sur mes épaules
Pour qu’il allât cueillir avec mon aide des fruits.
Je le fis promptement, de son dessein instruit,
Et remarquai que son étreinte était puissante.
Quand je me baissai pour aider sa descente,
Cet affreux vieillard, qui me parut décrépit
Et qui allait pourtant me priver du répit,
Devenant tout à coup vigoureux et ingambe,
Passa autour de mon col ses deux fortes jambes
Et sur mes épaules se mit à califourchon
Et il me dit ce seul mot sinistre : « Marchons ! »
La peau de sa jambe semblait celle d’une vache,
Elle me serra la gorge puissamment, sans relâche,
Avec tellement de force, que je m’en évanouis.
Quand je m’éveillai, il n’était point encor nuit ;
L’incommode vieillard qui élut domicile
Sur mes épaules, comme sa monture docile
Me chevaucha tout le jour, sur mon col pliant
Ses jambes décharnées, fardeau humiliant.
Quand la nuit venait, ce vieillard impitoyable
Ne s’endormait que peu. Je dormais, rendu faible
Par le travail qu’il me faisait faire en marchant
Toute la journée, pour qu’il se nourrît cherchant
De bons fruits à manger, m’en laissant une partie
Pour que je restasse en vie, bête assujettie
A tous ses commandements et à tous ses désirs
Qu’il maniait, sinistre cavalier, à loisir.


 [A SUIVRE]

 Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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