mardi 28 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Sixième voyage, partie II)

Histoire de Sindbad le marin (sixième voyage, partie II) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 

La montagne était très haute et fort tortueuse
Et la côte, sinistre et formidable tueuse,
Etait toute couverte de débris et d’ossements.
Devant nous la vaste mer s’étendait doucement
Et nous vîmes, non sans surprise, de mille espèces
De marchandises et de précieuses richesses
La grève emplie. Mais tous ces funestes objets
A notre frayeur nous rendirent plus sujets
Et augmentèrent encore notre solitude.
Quand de ce paysage nous prîmes l’habitude,
Nous vîmes aussi une rivière qui pénétrait
Une sorte de grotte obscure où elle errait,
Et, chose qui nous parut bien singulière,
Une bitume qui coulait, cavalière,
Qu’avalent les poissons, de ce liquide chargés,
Et le rendent ensuite, en ambre gris changé,
Rejeté par les vagues, sur cette grève sauvage.
Cette montagne qui s’élevait sur le rivage
Etait faite de pierreries et de rubis précieux
Et comme une dame altière, semblait frôler les cieux.
Mais cette fortune ne consolait point nos affres
Et nous étions captifs de ce fastueux gouffre
Que n’approchait aucun navire, et pleins d’effroi
Nous attendions la mort dans ce barbare endroit.
Nous partageâmes d’abord également nos vivres
Et le trépas semblait lentement nous poursuivre
Car nous commençâmes à périr un à un
Et, cruelle habitude ! des survivants chacun
En attendant que son tour vînt, enterrait l’autre.
La mort est un ennemi qu’on ne peut combattre,
Hélas ! mais pour que je fusse sans doute plus châtié,
Je restai le dernier en vie, avec pitié
Contemplant les tombeaux de tous mes camarades
Et pleurant leur trépas, terrifié et maussade.
Je commençais moi-même à creuser le mien,
Je pensais que, hormis un miracle, rien
Ne pouvait me sauver de ce désert immense,
Et je fus inspiré par la divine clémence ;
Jusqu’à la rivière qui sous la grotte se perdait
J’allai en songeant que si le Seigneur m’aidait
Elle me conduirait à une terre habitée
Et que la mort pourrait ainsi être évitée.
Je construisis donc un salutaire radeau
Et je l’appesantis par un précieux fardeau
De rubis, de cristal, d’ambre et d’émeraudes,
Et dans cette grotte ténébreuse et froide,
Loin de la mer vaste et loin du soleil radieux,
M’abandonnai à la volonté de Dieu.

 [A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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