lundi 13 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Troisième voyage, partie I)

Histoire de Sindbad le marin (troisième voyage, partie I) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits"


Sindbad dit : «Des dangers je perdis le souvenir,
Las de la terre, à la mer je voulais revenir
Et elle m’attirait comme un profond abîme ;
Je m’ennuyai du faste de ma demeure sublime
Et d’ouïr mes concubines chanter les mêmes vers,
Des encens et des vins et des flatteurs divers.
Sans songer aux périls de la mer profonde,
Je voulais m’enivrer de l’odeur des ondes
Et entendre leurs doux chants me réconforter.
J’achetai des marchandises que je fis transporter
A Bassora, et là j’embraquai encore
Aux premières lueurs de la blanche aurore,
Oubliant mon serment, avec d’autres marchands
Cherchant à faire fortune ou comme moi cherchant
A quitter les foyers et leurs monotonies.
Un jour que nous étions dans la mer infinie,
Une tempête horrible qui gronda sombrement
En soufflant sur notre frêle navire âprement
Nous fit perdre notre courage et notre route.
Nous tremblions et nous aurions péri sans doute,
Si nous n’avions point été poussés devant
Le port d’une île où nous fûmes conduits par le vent.
Nous vîmes le capitaine, au cœur pourtant mâle,
Obligé d’y mouiller, devenir tout pâle,
Et il nous dit : « Hélas ! Le destin l’a voulu,
Que dans cette île peuplée de sauvages velus
Qui vont nous assaillir, nous jetions notre ancre.
Bien qu’ils soient des nains, nous ne pouvons les vaincre,
Car ces barbares sont mille fois plus nombreux
Que des sauterelles, et une entière armée de preux
Perdrait la vie si elle osait les combattre ;
Tuez un, vous serez déchiquetés par mille autres. »
Par cet effroyable discours tous consternés,
Nous vîmes que nous n’avions nullement été bernés
Quand nous vîmes apparaître une horde innombrable
De sauvages nains, pareils à de petits diables
Et dont le corps était recouvert de poils roux,
Qui nous voyaient avec des yeux pleins de courroux.
Ces monstres qui semblaient prêts au carnage
Rapides comme des éclairs, se jetèrent à la nage
Et environnèrent le vaisseau en hurlant.
Nous sûmes bientôt quel était leur sombre plan
Quand ils déplièrent promptement les voiles
Et les firent tomber en en rongeant la toile,
Coupant le câble de l’ancre sans transpirer
En se donnant la vaine peine de la retirer.
Ils nous firent ensuite débarquer et emmenèrent
Notre navire. Sauvés de ces nains sanguinaires,
Nous ne cherchâmes point à les en dissuader
Et les vîmes s’éloigner, par le courant aidés.

[A SUIVRE]


 

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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