samedi 25 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Cinquième voyage, partie III)

Histoire de Sindbad le marin (Cinquième voyage, partie III) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Portant ce diable qui tout le temps vocifère,
Malgré tous mes efforts je ne pus m’en défaire ;
Tout léger qu’il fût, sa vigueur le rendait lourd
Et à toutes mes plaintes il demeurait si sourd
Que je le crus fait de bronze ou fait de marbre.
Il allait ainsi sur mon dos d’arbre en arbre
Et cueillait les meilleurs fruits, sans qu’il s’inquiétât
En mangeant goulûment, de mon tragique état.
Un jour, je trouvai en mon chemin des calebasses
Tombées d’un arbre, j’en pris une assez grosse
Et je l’emplis du jus de raisins compressés
Que sur cette île je vis abondamment pousser.
Je la mis en un lieu où je me fis conduire
Quelques jours après, qui suffisaient pour produire
Du vin, par le vieillard qui me vit, ébloui,
Après quelques gorgées tellement réjoui
Que je chantai et je dansai. Il me fit signe
De lui donner à boire. Cette superbe vigne
Avait des raisins dont le vin est excellent ;
Le vieillard, trouvant le breuvage succulent,
L’avala prestement jusqu’à la dernière goutte.
Il s’enivra et ne m’indiquait plus la route
Que je devais prendre, et je l’entendis pousser
De prodigieux cris de joie, et se trémousser
Sur mes épaules. Les vapeurs lui cachèrent
Sans doute la vue, ses jambes se relâchèrent
Et je sentis qu’il ne pouvait plus me serrer.
Je le jetai par terre et je cessai d’errer
Et, plus violent que la houle et la tempête,
Pris une grosse pierre et lui en écrasai la tête.

De ce maudit vieillard finalement délivré,
Par la joie plus que le vin j’étais enivré.
Je marchai vers la mer et je vis descendre
Des marchands d’un navire, qui venaient pour prendre
Avant de repartir, quelques rafraichissements.
Ils m’écoutèrent tous avec éblouissement
En m’affirmant que nulle proie de ce vieillard traître
Ne se libéra quand il s’en rendit maître.
« Ce vieillard à l’esprit sombrement déréglé,
Me dit le capitaine, a déjà étranglé
Maints et maints braves. Les voyageurs l’appellent
Le vieillard de la mer. De ses jambes cruelles
Vous avez sans doute sauvé mille marins. »
La mer était calme et le vent était serein,
Après avoir dîné, nous appareillâmes
Et au port d’une grande ville nous abordâmes
Après quelques jours en mer, passés sans hasards,
Où nous fûmes joyeux, éloquents et musards.


 [A SUIVRE]
 

 Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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