mardi 21 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Quatrième voyage, partie V)

Histoire de Sindbad le marin (quatrième voyage, partie V) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


J’allai au roi, frappé de ces funérailles
Qui me révoltaient et remuaient mes entrailles
Et dont les spectateurs ne furent point touchés.
Avec une colère que je peinais à cacher
Je lui dis : « Majesté, souffrez que je m’étonne
De cette cruelle coutume que votre altesse, si bonne,
Tolère dans ses États, permettant d’enterrer
Les vivants et les morts. Il faut s’en libérer,
Sire, de cette loi sombre et inhumaine. »
« Toute opposition à cette loi est vaine,
Répondit le roi. De nos ancêtres elle nous vient,
Je suis aussi soumis à cet usage ancien
Que le plus humble de mes sujets ; pour te plaire,
Mon cher ami, je ne puis, hélas ! rien faire. »
« Mais, sire, lui dis-je, pouvez-vous en sauver
Les étrangers comme moi, ou doivent-ils l’observer ? »
Et le roi repartit : « Eux aussi s’y conforment
Lorsqu’ils sont mariés dans cette île. » Plein d’alarmes,
Je revins au foyer, tremblant de voir souffrir
Ma femme de la moindre maladie, et mourir
Pour qu’on m’enterrât tout vivant avec elle.
Comme elle était déjà d’une constitution frêle,
Elle tomba malade et mourut en peu de jours.
Il est vrai que j’avais pour elle quelque amour,
Mais ma mort m’emplissait de plus de tristesse.
Ô, horreur ! Trépasser avant la vieillesse,
Enterré tout vif ! Me consolant tendrement,
Le roi vint avec sa cour à mon enterrement,
Ainsi que les personnes les plus considérables
De la ville. Ma fin approchait, déplorable,
Et je ne pouvais plus rien faire. Résigné
A mon triste sort, et les yeux de pleurs baignés,
En vain je suppliai cette cruelle assemblée.
J’allai avec ma femme dans la tombe esseulée
Et on n’oublia pas, funeste dérision !
Comme mon voisin, de ma laisser des provisions.

Je me trouvai dans une grotte vaste et puante
A cause des morts, qui pouvait avoir cinquante
Coudées de profondeur. Je sortis promptement
De ma bière, gémissant dans l’ombre inutilement.
« Voilà à quel trépas le Seigneur te destine !
Me disais-je. Malgré la clémence divine,
Qui à te sauver, fou, maintes fois consentit,
De tes péchés tu ne t’es jamais repenti !
Loin des tiens, avec ces morts, meurs, imbécile !
Meurs loin de ton foyer, meurs loin de ta ville,
Oublié de tous ! Tel est le décret du ciel,
Car tu mérites le courroux providentiel !
A quoi bon amasser toutes ces richesses
Et courir les mers, comme tu l’as fait, sans cesse ?
Il n’y a plus d’océans et il n’y a plus de ports
Et tout ce qui t’attend, maintenant, c’est la mort. »

 [A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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