jeudi 16 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Troisième voyage, partie IV)

Histoire de Sindbad le marin (troisième voyage, partie IV) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Devenus le jouet des farouches tourmentes,
Nous passâmes un jour dans cette mer démente ;
Et des vents et des flots nous étions tous lassés.
Le lendemain, nous fûmes par la houle poussés
Contre une île où avec joie nous nous sauvâmes.
Nous fûmes plus contents quand nous y trouvâmes
De savoureux fruits. Par ce mets revigorés,
Et enfin à l’abri des cyclopes abhorrés,
Nous croyant en sûreté, nous nous endormîmes
Au bord de la mer. Le soir, nous entendîmes
Un affreux sifflement, tellement assourdissant
Qu’il nous réveilla de notre somme, frémissants.
Avant que je ne pusse revenir de ma surprise,
Un énorme python à plusieurs reprises
Secouait un de mes deux compagnons restés
En vie, et qui tentait vainement de résister
A sa toute-puissante et formidable étreinte.
Tandis que nous restions figés par la crainte,
Le serpent écrasa le pauvre malheureux ;
Il l’avala et en remplit son ventre creux,
Et en faisant un bruit des plus épouvantables,
Rendit ses os et s’en alla redoutable.
« Ô, Dieu ! Ne serons-nous donc jamais reposés ?
A quel nouveau péril sommes-nous exposés !
M’écriai-je. D’un géant et des ondes hasardeuses
Vous nous sauvâtes, et de cette façon hideuse
Voilà que nous allons périr certainement ! »
Nous vîmes un grand arbre qui s’élevait fièrement
Et nous décidâmes d’y passer la nuit suivante
Et qui fut emplie, elle aussi, d’épouvante.
Nous montâmes sur l’arbre, et le noir python revint,
Comme si de ses proies laissées il se souvint.
Il siffla au pied de l’arbre où nous montâmes,
S’éleva contre le tronc comme un singe infâme,
Et mon camarade, qui se trouvait plus bas
Que moi, fut englouti, dans son ventre tomba,
Et il se retira, lui restant une victime.
Je demeurai toute la nuit sur la cime
De l’arbre, et quand le jour brilla j’en descendis,
Mort de fatigue et de peur, me sentant maudit
Par Dieu, et voué à une mort atroce
Et toujours pourchassé par ce monstre féroce.
Malgré mon désespoir animé par la foi,
J’amassai des épines sèches, des ronces et des bois,
Et j’en fabriquai, tout le jour, une étroite cage
Où je m’enfermai pour me cacher à la rage
De cet effroyable et meurtrier animal
Qui le soir vint, pareil à l’Archange du Mal,
Siffler autour de ma cage qui fut infestée
Pendant cette nuit, de son haleine empestée.
Il m’assiégea, de ma résistance surpris,
Comme s’il était un chat chassant une souris,
Et je ne puis dormir, passant la nuit entière
A contempler cette bête affreusement altière.
Au lever du jour, je sortis de ma prison,
Et comme si je perdais la foi et la raison,
Je voulus me noyer dans la mer immense.
Mais, grâce sans doute à la divine clémence,
J’aperçus un navire de marchands qui était
En mer ; de toute la force qui me restait,
Je criai mille fois et dépliai la toile
De mon turban, pour qu’on me vît sur la voile.
L’équipage m’aperçut et m’envoya alors
Une chaloupe, et bientôt je fus à bord.


[FIN DU TROISIÈME VOYAGE DE SINDBAD LE MARIN]
 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

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