jeudi 20 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XXVIII)

Histoire du pêcheur (Partie XXVIII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Histoire du pêcheur (Partie XVI)
Histoire du pêcheur (Partie XVII)






La sorcière, remplie d’une folle espérance,
S’écria : « Mon cœur, mon âme ! Bientôt vos souffrances
Vont prendre fin, et je cours vous obéir
Et à mon devoir je ne vais point faillir. »
Sans qu’elle ne se doutât du moindre stratagème,
A l’étang enchanté elle partit à l’heure même,
Prit un peu d’eau dans sa main et l’en aspergea
En disant des paroles magiques. Tout changea
Aussitôt : la ville reparut, grande et belle,
Les poissons reprirent leurs formes naturelles
Et devinrent hommes, femmes, enfants et musulmans,
Chrétiens, persans ou juifs. Tout revint normalement
A l’état où il fut avant le sortilège,
La suite du sultan et son nombreux collège
Furent surpris de se trouver en un instant
Dans une ville peuplée et belle, se manifestant
Soudain, et qui semblait en même temps ancienne.
Après avoir rompu son sort, la magicienne
Revint au Palais des Larmes diligemment
Et en croyant toujours parler à son amant
Lui dit : « J’ai obéi et j’attends le gage
De votre amour. » Des Noirs parlant le langage,
« Approche, dit le sultan, que je te donne la main. »
Et quand la sorcière eut fait quelque chemin
Il reprit : « Approche-toi, ma belle, davantage
Que je te serre dans mes bras avec rage
Et que je t’embrasse en te disant mon amour. »
Quand la sorcière fut assez proche, au rebours
D’un doux baiser, elle reçut un coup de sabre
Qui lui coupa la tête, et sur les candélabres
Tomba dans une mare de sang. Cela accompli,
Dans son palais de ses gens maintenant rempli
Le sultan alla voir le prince. « Votre ennemie,
Lui dit-il, n’est plus. J’ai châtié son infamie
Et elle est morte. » Le prince reconnaissant
Embrassa le sultan et lui dit : « Roi puissant,
Une année de voyage maintenant sépare
Ma ville de la vôtre, comme avant que s’en empare
Cette noire magicienne. Vous êtes mon sauveur,
Et après ce que vous avez fait, mes faveurs
Seraient, pour un homme de votre rang, bien futiles !
Prenez ma couronne, si vous voulez, et ma ville. »
« Jeune roi, dit le sultan, je loue toutes vos douceurs.
Je n’ai point d’héritier, devenez mon successeur
Et mon fils. Daignez me faire cette récompense.
Avec votre accord, nos deux royaumes immenses
Seront alliés, et vous désignerez le roi
Du royaume des quatre Iles Noires, et en bel arroi
Voyagerez avec moi en cette même journée. »
« Je me prépare donc à une longue année
De voyage, dit le prince. Vous êtes l’auteur
De mon bonheur, mon père et mon libérateur
Grâce à Dieu ; j’accepte votre offre agréable. »
Cent chameaux chargés de richesses inestimables
Du trésor du prince, et cinquante cavaliers
Accompagnèrent le père et son fils, doux alliés.
A leur arrivée, tous leurs sujets les reçurent
Avec beaucoup de joie, et les courtisans surent
Pourquoi leur roi était absent, fort étonnés,
Et l’assurèrent que nul ordre ne fut donné
Pendant son absence, pour changer son empire.
Content de tout ce qu’il les entendit dire,
Il fit des largesses à chacun selon son rang
Et il récompensa le bon pêcheur errant
En le comblant de mille biens qui le rendirent
Bienheureux, et jusqu’à sa mort l’enrichirent.



[FIN DE L'HISTOIRE DU PÊCHEUR]





Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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