Histoire du pêcheur (Partie XXVIII)
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La sorcière,
remplie d’une folle espérance,
S’écria : « Mon
cœur, mon âme ! Bientôt vos souffrances
Vont prendre fin,
et je cours vous obéir
Et à mon devoir je
ne vais point faillir. »
Sans qu’elle ne se
doutât du moindre stratagème,
A l’étang enchanté
elle partit à l’heure même,
Prit un peu d’eau
dans sa main et l’en aspergea
En disant des paroles
magiques. Tout changea
Aussitôt : la
ville reparut, grande et belle,
Les poissons
reprirent leurs formes naturelles
Et devinrent
hommes, femmes, enfants et musulmans,
Chrétiens, persans
ou juifs. Tout revint normalement
A l’état où il fut
avant le sortilège,
La suite du sultan
et son nombreux collège
Furent surpris de
se trouver en un instant
Dans une ville
peuplée et belle, se manifestant
Soudain, et qui
semblait en même temps ancienne.
Après avoir rompu
son sort, la magicienne
Revint au Palais
des Larmes diligemment
Et en croyant
toujours parler à son amant
Lui dit : « J’ai
obéi et j’attends le gage
De votre amour. »
Des Noirs parlant le langage,
« Approche,
dit le sultan, que je te donne la main. »
Et quand la
sorcière eut fait quelque chemin
Il reprit : « Approche-toi,
ma belle, davantage
Que je te serre
dans mes bras avec rage
Et que je t’embrasse
en te disant mon amour. »
Quand la sorcière
fut assez proche, au rebours
D’un doux baiser,
elle reçut un coup de sabre
Qui lui coupa la
tête, et sur les candélabres
Tomba dans une
mare de sang. Cela accompli,
Dans son palais de
ses gens maintenant rempli
Le sultan alla
voir le prince. « Votre ennemie,
Lui dit-il, n’est
plus. J’ai châtié son infamie
Et elle est morte. »
Le prince reconnaissant
Embrassa le sultan
et lui dit : « Roi puissant,
Une année de
voyage maintenant sépare
Ma ville de la
vôtre, comme avant que s’en empare
Cette noire
magicienne. Vous êtes mon sauveur,
Et après ce que
vous avez fait, mes faveurs
Seraient, pour un
homme de votre rang, bien futiles !
Prenez ma
couronne, si vous voulez, et ma ville. »
« Jeune roi,
dit le sultan, je loue toutes vos douceurs.
Je n’ai point d’héritier,
devenez mon successeur
Et mon fils.
Daignez me faire cette récompense.
Avec votre accord,
nos deux royaumes immenses
Seront alliés, et
vous désignerez le roi
Du royaume des
quatre Iles Noires, et en bel arroi
Voyagerez avec moi
en cette même journée. »
« Je me
prépare donc à une longue année
De voyage, dit le
prince. Vous êtes l’auteur
De mon bonheur,
mon père et mon libérateur
Grâce à Dieu ;
j’accepte votre offre agréable. »
Cent chameaux
chargés de richesses inestimables
Du trésor du
prince, et cinquante cavaliers
Accompagnèrent le
père et son fils, doux alliés.
A leur arrivée,
tous leurs sujets les reçurent
Avec beaucoup de
joie, et les courtisans surent
Pourquoi leur roi
était absent, fort étonnés,
Et l’assurèrent
que nul ordre ne fut donné
Pendant son
absence, pour changer son empire.
Content de tout ce
qu’il les entendit dire,
Il fit des
largesses à chacun selon son rang
Et il récompensa
le bon pêcheur errant
En le comblant de
mille biens qui le rendirent
Bienheureux, et
jusqu’à sa mort l’enrichirent.
[FIN DE L'HISTOIRE DU PÊCHEUR]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
jeudi 20 mars 2014
Histoire du pêcheur (partie XXVIII)
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