Histoire du pêcheur (partie I)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Scheherazade dit
au prince : « Il y avait autrefois
Un pêcheur fort
âgé et qui gardait la foi
Malgré ses
tourments et sa grande misère.
Tous les matins
que Dieu faisait, le pauvre hère
Allait à la pêche,
en observant mâlement
La loi de ne jeter
que quatre fois seulement
Ses filets, une
rigueur dont sa pauvre famille
Composée de sa
femme et de ses trois filles
Se lamentait,
comme des rigueurs du destin.
Au clair de la
lune, il partit un matin
Et jeta ses filets
en disant une prière.
Comme sa proie lui
semblait bien aventurière
Et résistait à son
bras, il se réjouissait
En-lui-même, et de
sa bonne pêche s’éblouissait.
Mais ce qu’il
avait pris pour une douce manne
N’était, en
vérité, que la carcasse d’un âne.
Le malheureux
pêcheur en fut triste et déçu
De ce sombre
présent de la mer qu’il reçut
Alors qu’il s’attendait
à une pêche pesante.
Il fut obligé, car
la carcasse malfaisante
Rompit en mille
endroits ses filets déchirés,
De les raccommoder.
Espérant attirer
Des poissons cette
fois, il les jeta dans les ondes.
Un panier plein de
sable et de bourbe immonde
Fut tout ce qu’il
pêcha. « Ô, noire malédiction !
S’écria le pêcheur
avec affliction,
Dis-moi, fortune
cruelle et inexorable,
Pourquoi
persécutes-tu un misérable
Et qui t’implore
de ne point le faire souffrir ?
Je n’ai que ce
métier et des bouches à nourrir.
Malgré tous les
soins que toujours j’y apporte,
Ma pêche est bien
maigre et jamais ne réconforte
Ceux qui ont le
malheur de vivre sous mon toit.
Mais j’ai bien
tort, fortune, de me plaindre de toi,
Tu fais gémir les braves
gens que tu abandonnes,
Tu favorises les
méchants que tu pardonnes
Et tu laisses
maints grands hommes dans l’obscurité
En faisant jouir
les vils d’un or non mérité. »
Ses filets lavés,
en achevant ses plaintes,
Il les rejeta, ses
mains étaient tremblantes
Et il était aussi
furieux qu’il fut surpris
Car le mauvais
sort de sa pêche semblait épris
Et il ne put
amener – chose sombre et dure –
Que des coquilles,
des pierres et de l’ordure.
Le jour commençait
à reluire au firmament,
Malgré sa colère,
il fit en bon musulman
Sa prière et dit : « Mon
sort est déplorable,
Ô, Dieu !
Daignez me rendre la mer favorable
Comme vous l’avez
rendue à Moïse jadis.
Vous qui êtes doux
aux hommes pauvres et maudits,
Vous savez que je
ne jette, chaque journée,
Mes filets que
quatre fois. La mer acharnée
Me refuse son
poisson comme une dame ses faveurs
Et c’est la
quatrième fois que je vais, rêveur,
Jeter mes filets
en louant votre clémence. »
La joie de ce
pauvre pêcheur fut immense
Quand il retira un
vase de cuivre crasseux
Qui lui fit croire
qu’il était devenu chanceux
Car il était
pesant. « Au fondeur je vais vendre
Ce vase, et avec
son argent, sans attendre
J’achèterai une
bonne mesure de blé. »
Disait le pêcheur,
par cette pêche comblé.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mercredi 19 février 2014
Histoire du pêcheur (Partie I)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: