lundi 10 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XX)

Histoire du pêcheur (Partie XX)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Le roi s’approcha du jeune homme qu’il salua
Et qui, pour lui rendre son salut, remua
Profondément sa tête charmante et lasse
En lui faisant une inclination fort basse.
« Seigneur, je ne me lève point pour vous recevoir,
Mais vous ne devez pas mauvais gré m’en savoir
Car vous découvrirez qu’il ne m’est point possible
Pour une raison que vous trouverez horrible,
De vous rendre tous les honneurs que je vous dois. »
Dit-il au roi. « Votre bonne seigneurie me voit
Fort obligé de son opinion honorable.
Mon frère, le sort ne vous semble point favorable,
Car j’ai été conduit ici par vos soupirs.
Je vous croyais un vieil homme, seul décrépir,
Oublié de tous, dans ce palais immense,
A en juger par la sombre véhémence
Avec laquelle vous vous plaigniez. Mais, seigneur,
Je vois que vous êtes jeune et beau. Loin des lueurs,
Pourquoi demeurez-vous immobile dans l’ombre ?
Contez-moi votre histoire, qui doit être bien sombre !
Et en me la contant, expliquez-moi aussi,
De grâce, le mystère de cet étang près d’ici
Et de ses poissons aux couleurs différentes.
J’ai entendu, seigneur, votre voix déchirante ;
Qu’est-ce qui vous chagrine ? Il est de mon devoir
Pour vous aider, d’user de tout mon pouvoir ! »
Répondit le sultan. « Ô, fortune inconstante !
S’écria le jeune homme. Tu railles nos attentes
Et tu te plais, cruelle, à nous faire souffrir !
Hélas, seigneur, laissez-moi seul ici périr !
Comment pourrais-je ne point pleurer mille larmes ?
Vous allez bientôt voir d’où viennent mes alarmes. »
A ces mots le prince, levant sa robe, fit voir
Qu’une moitié de son corps était de marbre noir,
Homme depuis la tête jusqu’à la ceinture,
Au sultan horrifié. « Prince, votre aventure,
Lui dit-il, est sans doute étrange, et je comprends
Ce qui vous torture sans cesse et qui vous rend
Malheureux ainsi. Je brûle d’envie d’entendre
Votre histoire, si vous daignez me l’apprendre,
Ce qui vous soulagera, comme tous les malheureux
Qui en contant leurs maux les trouvent moins affreux. »


[A SUIVRE] 




Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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