Histoire du pêcheur (partie IV)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Le pêcheur soupira
et il dit, résigné :
« Puisque
pour périr le destin m’a désigné,
Je me soumets à la
volonté céleste.
Je vais bientôt
mourir. Peu de temps me reste,
Mais j’ai une
seule question, génie, à vous poser
Et vous me
répondrez promptement, sans oser
Cacher la vérité,
car je vous conjure
Par le grand nom
du grand maître des créatures
Qui sur ce vase
par un prophète est gravé
Et qui de liberté
vous a longtemps privé
De le faire, et je
sais que vous êtes honorable. »
« Pose donc
ta question et hâte-toi, misérable. »
Dit le génie,
tremblant de cette adjuration
Qu’il ouït, malgré
lui, avec vénération.
Le pêcheur demanda : « Seigneur,
comment croire
Qu’un génie de votre
taille dans les entrailles noires
De ce vase étroit
fut ainsi emprisonné ?
J’ai beau me
figurer la chose et raisonner,
Elle ne me semble toujours
pas véritable. »
« Mais elle l’est,
Répondit le génie redoutable.
Je jure par le
grand nom de Dieu que j’y étais
Et c’est la vérité
que je te racontai. »
« Je ne puis
le croire. Ce vase difforme
Ne peut contenir
un de vos pieds énormes !
Montrez-moi
comment vous y entrâtes tout entier
Et après,
Seigneur, je périrai volontiers. »
Le génie se
changea en fumée ténébreuse
Qui s’étendit sur
toute la grève, aventureuse,
Et qui rentra dans
le vase ouvert lentement.
Il en sortit une
voix qui dit superbement :
« Me crois-tu
maintenant, pêcheur incrédule,
Et sont-ils
démentis, tes doutes ridicules ? »
Sans répondre au
génie, le pêcheur referma
Promptement le
vase maudit qui l’alarma
Et cria au génie : « Hé
bien ! Demande grâce,
Comment veux-tu
que de toi je me débarrasse ?
Choisis la mort
qui te plait ! Mais non, il vaut mieux,
Imbécile et impie
qui fut châtié par Dieu,
Que je te rejette
à la mer. Sur ce rivage,
Pour avertir tous
les pêcheurs de tes ravages,
Je bâtirai un
gîte. Ils seront alertés
Qu’un génie ne
doit pas jouir de la liberté
Et qu’il doit
demeurer dans la solitude
Car il est mauvais
et n’a aucune gratitude ! »
Ces paroles
irritèrent le génie offensé
Et qui, en voyant
son supplice recommencé,
Se débattit
vainement pour sortir du vase.
Le pêcheur en
riait de façon narquoise
Car le prophétique
sceau rendait ce fauve captif
Plus faible qu’un
enfant impuissant et chétif.
Il dit au pêcheur
d’un ton fort doux : « Je te prie
De ne point m’en
vouloir pour une plaisanterie.
Tu ne dois pas
prendre la chose sérieusement. »
« Tu allais
me tuer, fourbe, il y a un moment !
Tu ne peux me
séduire avec tes artifices
Et je vais sauver
maints hommes de tes maléfices.
Dans ce vase tu
vas demeurer prisonnier,
Ô, traître que tu
es, jusqu’au jugement dernier. »
Dit le pêcheur que
le djinn implora encore :
« Ouvre ce
vase, libère-moi, et avant l’aurore
Tu seras le plus
riche et puissant des sultans. »
Le pêcheur
repartit : « J’aurais été content
D’entendre ce
discours bienveillant tout à l’heure.
Mais non ! Si
je me fie à toi, que je meure !
Et tu me
traiterais, génie, en succombant,
Comme un roi grec
traita le médecin Douban.
Je vais te
raconter cette histoire, écoute. »
Le jour commençait
à se lever sans doute
Car Scheherazade
se tut, à son roi promettant
De conter son
histoire s’il lui en donne le temps.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
samedi 22 février 2014
Histoire du pêcheur (Partie IV)
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