dimanche 23 février 2014

Histoire du pêcheur (Partie V)

Histoire du pêcheur (partie V)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Le pêcheur dit : « Jadis il y avait, dans la Perse,
Au pays de Zouman qu’un grand fleuve traverse
Un roi dont les sujets étaient grecs et nombreux,
Qui avait cent médecins et qui était lépreux.
Il gémissait, et leurs inutiles remèdes,
Malgré leur dévouement, n’étaient d’aucune aide,
Quand un médecin très habile vint un jour
Et qu’on nommait Douban, arrivant dans sa cour.
Dans mille livres divers Douban puisa sa science,
Des vertus de toutes les plantes il avait conscience
Et en philosophie il était consommé.
Quand des souffrances du roi il fut informé
Et sut que ses médecins étaient incapables
De le guérir de cette lèpre impitoyable
Qui rongeait son corps et l’empêchait de dormir,
Il demande audience et lui dit sans frémir :
« Majesté, de votre maladie sauvage
Je peux vous guérir sans topiques et sans breuvages
Et j’aimerais que vous m’accordiez cet honneur. »
Ce discours étonna le roi qui dit, songeur :
« Médecin, si vous êtes à ce point habile
 Pour guérir de cette lèpre mon corps débile
Et qui n’a point cessé, chaque jour, de s’affaiblir,
De vous faire mille présents qui vont faire pâlir
Mes sujets et toute ma cour de jalousie
Je vous promets, et l’on dira des poésies
Pour louer votre action comme vous le méritez. »
« Je me réjouis de ces présents que vous contez
Et je vous guérirai demain à cette heure. »
Repartit le médecin qui à sa demeure
Revint pour méditer la royale guérison.
Il consulta ses livres et aussi sa raison
Et fabriqua un mail qu’il creusa par le manche
Où il mit une drogue, et une boule blanche.
Le lendemain Douban alla se présenter
Devant le roi qui de le voir fut enchanté
Et lui dit : « Pour guérir du mal dont elle souffre,
Que votre altesse prenne cet habit que je lui offre
Et qui d’une drogue bienfaisante est empli,
Et qu’elle monte à cheval. » Quand ce fut accompli
Et que le roi alla à la grande place,
Douban lui dit : « Que votre main ne soit point lasse
De pousser cette boule blanche et jouer
Au mail par toute la place jusqu’à suer.
Le remède échauffé coulera dans vos veines
Et, vous le verrez, ce ne sera point chose vaine.
De retour au palais, vous entrerez au bain
Et vous occuperez, cette fois-ci, vos mains
A bien vous laver et vous frotter. Ensuite,
Vous vous coucherez, et toute la cour sera instruite
De votre guérison, quand le radieux soleil
Se lèvera dans le ciel à votre réveil. »
Le roi fit tout ce qu’on lui conseilla de faire
Puis, endormi par le puissant somnifère,
Qui emplit tout son corps de langueur sans souffrir,
Ferma l’œil, espérant le lendemain guérir.

[A SUIVRE]  


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène   
 

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