samedi 1 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XI)

Histoire du pêcheur (Partie xi)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Le roi n’écouta point les prières ferventes
Du pauvre médecin que son destin épouvante,
Et sans s’en attendrir, lui dit avec dureté :
« Tant que tu respires, je ne suis point en sûreté ;
Tu n’es qu’un fourbe et il faut que tu périsses.
Tu n’es point venu pour que tu me guérisses
Et tu médites contre moi un mortel dessein. »
Sur ses ordres on banda les yeux au médecin
Et lui lia les mains. Il entendit dans l’ombre
Le bruit que le bourreau fit en tirant son sabre
Et en poussant de grands cris il fondit en pleurs.
Les braves courtisans, émus par sa douleur,
Supplièrent leur roi, resté impassible,
De lui faire grâce. « Ce n’est point possible. »
Leur répondit leur roi avec un grand courroux.
Le médecin, les yeux bandés et à genoux,
Désespérant de vivre, cessa de se plaindre
Et s’adressa au roi : « Sire, daignez m’entendre
Une dernière fois. Comme mes jours vont finir,
Souffrez que j’aille chez moi afin de prévenir
Ma famille de mon sort, et de faire des aumônes.
Je veux aussi léguer mes livres à des personnes
Qui peuvent les comprendre ; il y en a un si précieux
Que nul autre ne lui est pareil sous les cieux. »
« Hé bien ! répliqua le roi, pour quelle cause ? »
« Il contient, majesté, de curieuses choses.
Quand ma tête sera coupée, elle répondra
A toutes vos questions, et elle vous entendra
Comme je vous entends en cette heure même
Si, quand viendra pour moi le moment suprême,
Vous ouvrez ce livre au sixième feuillet
Et à la troisième page lisez un billet
Caché soigneusement dans les pages vétustes
De cet ouvrage pesant et qui est robuste
Où je l’ai conservé à l’abri des humains. »
Curieux, le roi remit sa mort au lendemain
Et l’envoya chez lui sous une bonne garde.
Toute la cour, aussi curieuse que bavarde,
Les officiers, les fous, les vizirs, les émirs,
Vint contempler le grand prodige et en frémir.
Douban parut, un gros livre à la main droite,
Ne semblant point inquiet, marchant la tête haute,
Le front par un sourire mystérieux éclairé.
Il dit au roi : « Lorsque ce bourreau abhorré
Me coupera la tête et que je cesserai de vivre,
Mettez-la, majesté, aussitôt sur ce livre
Et elle vous parlera. Mais daignez réfléchir
Et pour la dernière fois laissez-vous fléchir.
Au nom de Dieu, qui est tout-puissant et immense,
Je vous prie d’avoir pour moi plus de clémence.
Songez que vous allez tuer un innocent,
Que vos mains coupables seront souillées de sang
Et que dans l’au-delà comme dans ce monde
Vous serez châtié pour votre erreur profonde. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: