mardi 25 février 2014

Histoire du pêcheur (Partie VII)

Histoire du pêcheur (partie VII)
 
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Le roi dit : « Un bonhomme avait une belle femme
Qu’il chérissait doucement de toute son âme
Et qu’il gardait toujours devant ses yeux jaloux.
Des affaires obligeant cet amoureux époux,
Car elles étaient pressantes, à s’éloigner d’elle,
Pour qu’il surveillât son épouse infidèle
Il alla acheter un perroquet bavard
Qui de raconter tout ce qu’il voit avait l’art.
Il l’apporta à son logis dans une cage
Et pour s’assurer que sa femme restât sage,
Pendant son absence, cet homme lui demanda
De garder son oiseau qu’il lui recommanda
Dans sa chambre, et partit aussitôt en voyage.
A son retour, de son épouse volage
L’oiseau éloquent, qui avait tout vu, apprit
Les ignobles excès à son époux surpris.
Il la battit avec une grande colère,
Toutes ses esclaves éplorées lui jurèrent
Qu’elles ne l’avaient point trahie. Elle découvrit
Que l’incommode oiseau courrouça l’homme épris.
Et médita contre lui une vengeance
Pour regagner de son époux la confiance
Et pour lui  montrer qu’il fut de mauvaise foi.
Pendant son absence, cette cruelle mégère
A une esclave aux mœurs comme les siennes légères
Dit de tourner, toute la nuit, un moulin à bras
Dans la cage de l’oiseau pour elle scélérat.
La deuxième jeta de l’eau, et la troisième
Fit tourner devant les yeux du perroquet blême
A la clarté d’une chandelle, un grand miroir.
Le lendemain matin, le mari vint savoir
Ce qui s’était passé chez lui la nuit dernière.
Le perroquet lui dit : « Maître, de quelle manière
Vous décrire l’orage qui a longtemps grondé ?
Les éclairs et la pluie m’ont tant incommodé
Que je n’ai pu dormir comme d’habitude. »
Or l’été rayonnait. Avec un geste rude,
L’époux tira l’oiseau de sa cage, le jeta
Si violemment contre terre qu’il tressauta
Et mourut. Il apprit, néanmoins, dans la suite
Par ses voisins, quand sa femme prit la fuite,
Que le pauvre oiseau, avec sincérité
Ne lui avait dit, ce jour, que la vérité,
Et se repentit de son horrible crime. »

Son récit achevé, le roi magnanime
Dit : « Si à tuer cet homme j’osais consentir
Je pourrais, moi aussi, un jour m’en repentir
Comme le marchand d’avoir tué sa bête fidèle. »
L’aurore dans les cieux ouvrait ses blanches ailes
Et Scheherazade se tut soudain en cet endroit
Et fut laissée en vie, ce jour-là, par le roi.

[A SUIVRE]  

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène  

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