vendredi 21 février 2014

Histoire du pêcheur (Partie III)

Histoire du pêcheur (partie III)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":

Scheherazade poursuivit son histoire étrange
Et dit, contant l’histoire du génie : « Deux anges
M’enchaînèrent et malgré moi devant Salomon,
Divin prophète qui était fier comme les monts,
Me firent comparaître à cause de mon crime,
Et ce roi hautain que la colère anime
M’ordonna d’obéir à ses commandements.
« ‘Ô, démon, mes pouvoirs dépassent ton entendement,
Me dit-il, et je peux te réduire en poussière
Grâce à Dieu et à l’aide d’une seule prière.
Jure-moi fidélité et tu seras sauvé.’ 
Dans ce vase où le grand nom de Dieu est gravé
Je fus emprisonné par le roi lui-même
Car je refusai cette humiliation suprême.
Un puissant génie qui fidèlement le sert
Jeta le vase maudit dans les flots de la mer.
Au premier siècle de ma prison éternelle,
Gémissant sans cesse d’une action criminelle,
Je fis le serment de rendre riche mon sauveur
Et de le combler de mille grandes faveurs.
Mais le siècle passa et je restais dans l’ombre.
Je désespérais et je devenais sombre
Et je jurai d’ouvrir tous les trésors cachés
A celui qui viendrait un jour me relâcher.
Ces cents amères années lentement s’écoulèrent
Et elles firent grandir mon immense colère.
Au troisième siècle, je promis de faire roi
Celui qui viendrait me sortir de cet endroit
Et de le faire régner promptement sur le monde.
Ce siècle aussi passa. Dans une rage profonde,
Las d’être prisonnier si longtemps, je jurai
Que si un homme me sauvait, je le tuerais
Impitoyablement, lui accordant la grâce
De ne point le faire souffrir, et à la place
De le laisser choisir par quel genre de mort
Il devrait mourir sans délai et sans remords. »
Le pêcheur s’écria : « Ô, sombre fortune !
Ne me seras-tu donc jamais opportune ?
Sans que je ne le susse, mon zèle libéra
De son antique prison ce noir génie ingrat !
Seigneur, considérez, de grâce, votre injustice,
Que votre clémence à mon sort compatisse ;
J’ai une femme et trois filles à nourrir. Si je meurs,
Leur mort ne sera pas, après moi, une rumeur.
Révoquez cet arrêt si peu raisonnable,
Je vous ai sauvé ; quel crime abominable
Pour que je sois ainsi traité, ai-je commis ?
Je suis votre sauveur. » « Et tu es mon ennemi,
Repartit le génie comme le marbre impassible.
T’épargner, le pêcheur, ne m’est point possible,
Car de te tuer j’ai déjà fait le serment. »
Le pêcheur, tremblant de ce génie alarmant,
Vit que sa mort était certaine et décidée
Et en ce moment eut une salutaire idée.


[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène  

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