vendredi 7 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XVII)

Histoire du pêcheur (Partie xVII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":

Le sultan vit, au lieu de la jeune dame, un noir
Qu’on eût dit un esclave et qui sortit, ce soir,
Du mur de la cuisine comme la bourrelle.
Sa taille et sa grosseur étaient surnaturelles
Et il tenait un gros bâton vert à la main.
Tous reculèrent devant ce géant surhumain
Qui dit à un poisson d’une voix sévère : 
« Poisson, poisson, es-tu dans ton devoir ? » Altières,
Les poissons leurs têtes, et d’un fier ton
Répondirent : « Oui, si vous comptez, nous comptons ;
Payez vos dettes et nous payerons les nôtres,
Si votre décision est pourtant une autre,
Fuyez et nous vaincrons et nous serons contents. »
La cuisinière, le vizir et le sultan
Quand les poissons eurent achevé ces paroles,
Virent le géant noir renverser la casserole
Et dans l’ouverture du mur rentrer fièrement.
Elle se referma aussitôt entièrement
Devant les yeux surpris de nos trois spectateurs.
Le sultan s’écria : « Par le grand créateur !
Je n’ai jamais vu rien de tel, et la chose
Est trop étrange pour que je me repose.
Du mystère des poissons je veux être éclairci
Et le pêcheur viendra me conter leur récit. »
Il l’envoya chercher et lui dit : « Tu pêches
Des poissons bien curieux, et un mystère m’empêche
D’en cuire et d’en manger, et on me l’a prouvé.
Pêcheur, mon ami, dis, où les as-tu trouvés ? »
« Dans un étang, Sire, au-delà de la montagne
Et qu’en allant tout droit en quelques heures on gagne. »
Répondit le pêcheur. « Connais-tu cet étang ?
Demanda le roi à son vizir. « Non, pourtant
Voilà, Sire, soixante ans qu’aux environs je chasse
Et que près de cette montagne je passe. »
Il demanda, de cette réponse étonné,
Comme le jour n’avait point cessé de rayonner
Au pêcheur s’il pouvait lui servir de guide.
Il accepta. Quand ils trouvèrent l’étang limpide
Dont l’eau était si claire qu’on l’eût cru un miroir,
Le roi et sa cour furent étonnés de le voir.
Le roi s’arrêta pour contempler cette eau pleine
De poissons de quatre couleurs, de cette plaine
Et des collines autour d’elle fortement surpris.
A ses émirs qui comme lui n’avaient rien compris
A cet étrange endroit que jamais ils ne virent
Et cet étang et ses poissons qui les surprirent
Le sultan demanda s’ils y étaient allés.
Qu’ils n’en avaient jamais même entendu parler
Sans lui mentir, avec zèle ils l’assurèrent,
Et le roi dit : « Puisque nul d’entre vous, mes frères,
Ne connaît cet endroit, nous allons y rester
Découvrir son mystère. » Nul n’osa protester.
Le pavillon royal ainsi que les tentes
Au bord de l’étang furent dressés sans attente.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: