Histoire du pêcheur (Partie XXIV)
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Son palais achevé,
la farouche amante
Toujours amoureuse
et toujours véhémente,
Y porta son amant,
qui devait tant souffrir
Qu’il lui eût dit
sans doute de le faire mourir
S’il pouvait pour
parler remuer les lèvres.
Tous ses remèdes
ne guérissaient point sa fièvre
Et, malgré sa
magie, rien hormis ses regards
Ne montrait qu’il
était en vie, maigre et hagard
Comme sa
bien-aimée de son sort occupée.
Les deux amants
châtiés grâce à mon coup d’épée,
Je laissais la
reine visiter chaque jour
Deux fois, le
détestable objet de ses amours
Pour qu’elle pérît
lentement et pleurât sans cesse.
Un jour, pourtant,
curieux de voir cette princesse
Et son amant, sans
qu’elle ne pût me voir j’allai
Pour me délecter
de ma vengeance au palais.
Je l’entendis dire
à cet homme : « Rien ne console
Votre amoureuse
qui souffre et qui n’est point frivole.
Je souffre comme
vous, rien ne me peut guérir,
Et mes feux
m’interdisent de vous laisser périr !
Ô, pourquoi
gardez-vous ce cruel silence ?
De mes transports
voyez l’éternelle violence
Et dites-moi un
mot, seigneur, un mot seulement !
Je resterai ici,
vous contemplant pâlement
Jusqu’à ma mort,
car sans vous je ne puis vivre
Et, fidèle,
jusqu’au tombeau vais vous suivre !
Je vous bercerai
en vous disant mille vers,
Vous voir m’est
plus doux que l’empire de l’univers
Et j’emploierai,
pour vous sauver, toute ma science. »
De ce discours colère,
je perdis patience,
Je me montrai et,
de la reine m’approchant,
Je lui dis d’une
voix sévère, en lui cachant
Ma
jalousie : « Madame, pourquoi gémir encore ?
Votre éternelle
douleur tous deux nous déshonore,
Et il est temps
qu’elle cesse. Vous n’êtes point sans savoir
Que vous êtes une
reine, que vous avez des devoirs
Et que votre
sombre deuil de vous voir me prive.
Nous vivons
jusqu’à ce que la mort arrive ;
Telle est la loi.
Ôtez cet habit ténébreux
Et vivez, nos
jours ne sont point assez nombreux
Pour être emplis
d’autant de douleurs cruelles. »
Sire, laissez-moi
gémir, me répondit-elle.
Je veux
m’abandonner à mes mortels chagrins,
Me lamenter sans
cesse et soupirer sans frein. »
Je me tus et la
laissai. Trois ans passèrent,
Ses prodigieux
tourments jamais ne cessèrent
Et, toujours
éplorée, elle déserta la cour.
J’entendis, caché
au palais, le même discours
Que la première
fois, et ma jalouse colère
Grandit quand je
vis que l’homme qui sut lui plaire
Et qu’elle aimait
avec tant de transports plaintifs
Etait un indien
noir, bien laid et fort chétif.
Ne pouvant plus
dompter mon courroux et ma flamme,
Après avoir fait
cette découverte infâme,
Je me montrai une
deuxième fois brusquement
A la reine qui à
cet homme parlait doucement,
Les yeux en feu,
empli d’une fureur jalouse,
Décidé à châtier
comme lui mon épouse.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
dimanche 16 mars 2014
Histoire du pêcheur (partie XXIV)
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