vendredi 28 février 2014

Histoire du pêcheur (Partie X)

Histoire du pêcheur (partie X)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":

Le roi, qui avait peu d’esprit, de ces paroles
Trembla et dit : « Je vois quel est le noir rôle
De ce médecin qui fait semblant de me guérir !
Tu as raison et il doit sans doute mourir ;
J’ignore quel est l’effet de ses drogues malfaisantes
Mais j’ai senti qu’elles ont été bien pesantes
Et je ne puis marcher qu’avec difficulté. »
Le vizir dit, content d’être ainsi écouté :
« Faites chercher, majesté, ce médecin régicide,
Et qu’il trouve la mort que méritent les perfides. »
Sur ce le roi donna l’ordre d’aller chercher
Le pauvre médecin qui arriva sans cacher
Son étonnement, à la demeure royale,
Ne se doutant point de l’action déloyale
Du vizir cruel, et de son inimitié.
Le roi lui dit, sans fard : « Tu vas être châtié
Et je te fais venir pour qu’on te coupe la tête. »
Le médecin surpris, comme la voile par la tempête,
Fut ébranlé par ce discours inattendu,
S’écriant : « Mes offices me sont ainsi rendus !
Qu’ai-je fait, majesté, pour périr de cette manière ? »
Le roi répondit : « Ces heures sont tes dernières,
J’ai appris de bonne part que tu es un espion
Et que tu es le plus venimeux des scorpions ;
Tu veux ravir ma vie ! Que rien ne me retienne,
Pour te châtier, fourbe, de prendre la tienne !
Frappe, bourreau. Ajouta-t-il, et délivre-moi
D’un assassin qui veut me tuer sans émoi. »
Le médecin balbutia une sombre prière :
« Qui vous a inspiré cette idée meurtrière ?
C’est lui qui est le traître et qui vous a trompé
Et qui mérite d’être à ma place frappé !
Prolongez-moi la vie, ayez de la justice
Et que votre cœur à mes larmes compatisse !
Exaucez-moi, Dieu qui est plus que vous puissant
Vous exaucera. Si vous tuez un innocent,
Sa vengeance en sera noire et inexorable !
En son nom épargnez un sombre misérable
Dont le seul crime est de vous avoir secouru !
Avant l’aube je serai loin de vous disparu
Si votre majesté m’ordonne de disparaître.
Mais, de grâce, n’écoutez point un ignoble traître
Qui contre moi vous arme et qui veut vous aigrir. »
« C’est le trépas, esprit, que tu voulais m’offrir
Comme ce roi à ce médecin pour ses offices.
Reprit le pêcheur. Et de tes maléfices
Dieu me sauva, mais il perdit ce malheureux
Dont tu vas connaître bientôt le sort affreux. »


[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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