mardi 18 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XXVI)

Histoire du pêcheur (Partie XXVI)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Histoire du pêcheur (Partie XVI)
Histoire du pêcheur (Partie XVII)



Ému par son discours, au prince malheureux
Le sultan dit : « Seigneur, ces perfides amoureux,
Et ce sombre indien et cette sombre magicienne
Vont être châtiés. Mais il faut que j’intervienne,
Dites-moi où se cache cette amante qui pâlit
Et où cet indigne amant est enseveli. »
« Seigneur, dit le prince, il est au Palais des Larmes
Vivant dans un tombeau qui d’un dôme a la forme.
Je ne sais où la reine se retire. Cependant,
Elle rend visite à son homme en me la rendant
Pour me châtier avec la même violence
Et se plaindre de son éternel silence. »
Le sultan repartit : « Je compte vous venger,
Mais vous savez que nous sommes tous deux en danger
Car cette femme est une puissante enchanteresse.
Écoutez-moi bien, et l’amant et sa maîtresse
Seront châtiés. » Et le roi lui communiqua
Son ingénieux dessein, et il lui expliqua
Comment l’exécuter. Comme l’heure était tardive,
Le roi prit du repos dont la magicienne prive
Le jeune prince enchanté qui espérait, ce soir,
Etre sauvé, grâce au sultan, de ses pouvoirs.
Ce dernier, qui cacha sa parure royale,
Se leva dès l’aurore et, âme brave et loyale,
S’en alla au palais, qu’il trouva éclairé
De mille flambeaux radieux de cire blanche œuvrés
Et empli d’une odeur douce et délicieuse
Qui sortait de plusieurs cassolettes précieuses
Rangées dans un bel ordre, et toutes d’or fin et pur.
Le sultan vit l’indien couché, et d’un coup sûr
De son sabre, ôta la vie à ce misérable
Et l’alla jeter dans un puits impénétrable.
Il se coucha, après cette expédition,
Dans son lit, afin de compléter sa mission,
En cachant son sabre sous la couverture.
Le premier soin de la magicienne impure
Fut de dépouiller son mari et lui donner,
Avec une barbarie qui eût pu étonner
Les hommes les plus cruels, malgré ses prières,
Cent coups de nerf de bœuf, puis, de son œuvre fière,
Elle le revêtit du vilain habillement
Dont elle le revêtait, et sans tressaillement
S’en alla au palais pour se plaindre et sans taire
Ses grands gémissements et ses soupirs adultères.
Elle s’approcha du lit où son amant gisait
Et d’une voix suppliante et sombre lui disait
En pleurant : « Ô, amour ! Vous pouvez m’entendre ;
Répondez-moi et ne me faites point attendre !
Je brûle, je languis, je pleure et je blêmis,
Etes-vous mon amant ? Etes-vous mon ennemi ? »
Et, alors qu’elle parlait au sultan à la place
De son amant, elle ajouta, triste et lasse :
« Si seulement punir ce cruel pouvait ramener
Le sourire sur vos lèvres douces, sans ma chagriner
Je le fouetterais jusqu’à ce qu’il en meure !
Mais, hélas ! seule ici, je gémis et je pleure. »



[A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: