jeudi 13 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XXI)

Histoire du pêcheur (Partie XXI)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Le prince répondit : « Je veux bien satisfaire
Votre envie d’entre mon histoire et vous plaire,
Et je vais bientôt, roi, vous conter mes malheurs
Non sans renouveler mes cruelles douleurs
Et rouvrir des plaies qui sont toujours ouvertes.
Que votre oreille soit désormais alerte
Car elle va ouïr des choses que l’imagination
Ne peut concevoir et bravent sa divination.
Avant que je ne le fusse, mon défunt père
Etait le roi de ce royaume prospère
Qui, s’appelant le royaume des Iles noires, prit son nom,
Avant une centaine d’années, des quatre monts
Qui l’entourent, comme vous le voyez, et furent des îles.
Quant à l’étang empli de poissons et tranquille,
Il fut la capitale dont il fit son séjour.
Seigneur, ne soyez point surpris de mon discours,
Car la suite de mon histoire va vous instruire
De tous ces changements qui vous ont dû séduire.
Mon père mourut à l’âge de soixante-dix ans.
Dès que je pris sa place, ses grâces me reluisant,
Ma cousine me plut et devint ma femme.
Sa beauté et sa voix berçaient mon âme
Et je reçus d’elle mille marques d’amour.
Cinq ans s’écoulèrent ; je la chérissais toujours
Et, tout roi que je fusse, ne me lassai point d’elle,
Mais, après ce temps, de ses froideurs mortelles
Je commençais, hélas ! A m’apercevoir.
Toutes mes caresses ne semblaient plus l’émouvoir
Et de mon zèle elle me parut étonnée.
Or, un jour qu’elle était au bain l’après-dînée,
J’eus envie de dormir et, las, je me jetai
Sur un sofa. Malgré ma fatigue, j’étais
Toujours éveillé, et fermai mes paupières.
Deux esclaves qui dans ma chambre se trouvèrent,
Me croyant endormi, s’assirent avec douceur,
Un éventail à la main pour que la chaleur
Ne me gênât point, à mes pieds et à ma tête.
Elles ne demeuraient point en ce temps muettes,
J’entendis une dire à l’autre, les yeux fermés :
« Que notre prince a sujet d’être alarmé !
Le pauvre homme ignore que sa femme le déteste. »
« Elle sort toutes les nuits et longtemps elle reste,
Dit la seconde, fort loin du palais royal.
Le prince ne sait point quel dessein déloyal
Elle exécute tous les soirs, car cette femme fourbe
Mêle dans sa boisson un certain suc d’herbe
Qui l’endort chaque nuit, et quitte le palais,
Et, pendant ce temps, elle s’en va où il lui plaît. »
« Avant le lever du jour, reprit la première,
Et quand l’aube commence à montrer sa lumière,
Auprès de son époux elle vient se recoucher
Et sur lui je la voix sombrement se pencher
Pour lui passer sous le nez un certain arôme
Et réveiller de son sommeil profond son homme. »


[A SUIVRE] 




Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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