Histoire du pêcheur (Partie XXI)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Le prince répondit : « Je
veux bien satisfaire
Votre envie d’entre
mon histoire et vous plaire,
Et je vais
bientôt, roi, vous conter mes malheurs
Non sans
renouveler mes cruelles douleurs
Et rouvrir des
plaies qui sont toujours ouvertes.
Que votre oreille soit
désormais alerte
Car elle va ouïr
des choses que l’imagination
Ne peut concevoir
et bravent sa divination.
Avant que je ne le
fusse, mon défunt père
Etait le roi de ce
royaume prospère
Qui, s’appelant le
royaume des Iles noires, prit son nom,
Avant une centaine
d’années, des quatre monts
Qui l’entourent,
comme vous le voyez, et furent des îles.
Quant à l’étang
empli de poissons et tranquille,
Il fut la capitale
dont il fit son séjour.
Seigneur, ne soyez
point surpris de mon discours,
Car la suite de
mon histoire va vous instruire
De tous ces
changements qui vous ont dû séduire.
Mon père mourut à
l’âge de soixante-dix ans.
Dès que je pris sa
place, ses grâces me reluisant,
Ma cousine me plut
et devint ma femme.
Sa beauté et sa
voix berçaient mon âme
Et je reçus d’elle
mille marques d’amour.
Cinq ans s’écoulèrent ;
je la chérissais toujours
Et, tout roi que
je fusse, ne me lassai point d’elle,
Mais, après ce
temps, de ses froideurs mortelles
Je commençais,
hélas ! A m’apercevoir.
Toutes mes caresses
ne semblaient plus l’émouvoir
Et de mon zèle
elle me parut étonnée.
Or, un jour qu’elle
était au bain l’après-dînée,
J’eus envie de
dormir et, las, je me jetai
Sur un sofa.
Malgré ma fatigue, j’étais
Toujours éveillé, et
fermai mes paupières.
Deux esclaves qui
dans ma chambre se trouvèrent,
Me croyant
endormi, s’assirent avec douceur,
Un éventail à la
main pour que la chaleur
Ne me gênât point,
à mes pieds et à ma tête.
Elles ne
demeuraient point en ce temps muettes,
J’entendis une
dire à l’autre, les yeux fermés :
« Que notre
prince a sujet d’être alarmé !
Le pauvre homme
ignore que sa femme le déteste. »
« Elle sort
toutes les nuits et longtemps elle reste,
Dit la seconde,
fort loin du palais royal.
Le prince ne sait
point quel dessein déloyal
Elle exécute tous
les soirs, car cette femme fourbe
Mêle dans sa
boisson un certain suc d’herbe
Qui l’endort
chaque nuit, et quitte le palais,
Et, pendant ce
temps, elle s’en va où il lui plaît. »
« Avant le
lever du jour, reprit la première,
Et quand l’aube
commence à montrer sa lumière,
Auprès de son
époux elle vient se recoucher
Et sur lui je la
voix sombrement se pencher
Pour lui passer
sous le nez un certain arôme
Et réveiller de
son sommeil profond son homme. »
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
jeudi 13 mars 2014
Histoire du pêcheur (partie XXI)
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