mercredi 19 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XXVII)

Histoire du pêcheur (Partie XXVII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Histoire du pêcheur (Partie XVI)
Histoire du pêcheur (Partie XVII)




Feignant de sortir de son éternel sommeil,
D’une manière qui aux Noirs le rendit pareil,
A cette magicienne sombre le sultan brave,
Au lieu de son amant, répondit d’un ton grave :
« Loué soit Dieu qui est clément et tout-puissant. »
La sorcière s’écria aussitôt en poussant
Un grand cri de joie : « Vous ai-je bien entendu, maître ? »
« Malheureuse ! Oses-tu devant moi paraître ?
Es-tu digne que je réponde à tes discours ? »
Reprit le sultan. « Que vous ai-je fait, mon amour,
Répliqua-t-elle. Pourquoi me dire ce reproche ? »
Les pleurs et les plaintes de ton mari m’empêchent,
Car tu le traites avec la même indignité
De jouir du doux sommeil, et j’en suis inquiété.
Voilà la cause de ce silence que je garde.
L’enchantement de ce misérable retarde
Ma guérison ; je veux qu’il en soit libéré. »
« Je vais le faire. Rien ne sera différé
Pour vous guérir et vous aimer. » Dit la reine
Qui était aveuglée par sa flamme souveraine,
Et elle s’en alla aussitôt au palais.
Le prince fut content de la voir. Il fallait
Que le roi réussît pour qu’elle fût venue.
Le sang coulait encore de ses épaules nues,
Mais, sans le regarder, elle prit une tasse d’eau
Et dit des paroles en lui tournant le dos
Qui la firent bouillir comme d’invisibles flammes.
Aussitôt cette sorcière inhumaine et sans âme
Jeta l’eau sur lui et dit : « Si le Créateur,
De la vie et de la mort le seul donateur,
T’a fait tel que tu es, ou s’il est en colère,
Ne change pas, mais si mon châtiment sévère
Est la seule cause de ta transformation,
Redeviens homme. » Content de sa libération,
Le prince se leva et à Dieu rendit grâce.
La magicienne reprit : « Jamais ne m’embarrasse,
Quitte ces lieux, ne reviens plus, ou il t’en coûtera
La vie, et ma magie cette fois t’exécutera. »
Le jeune roi obéit à cette sorcière
Dont il craignait toujours la fureur meurtrière,
Et elle revint à son amant et au sultan
Dit : « Mon amour, je n’ai point attendu longtemps
Pour exécuter votre ordre. A votre amante
Soyez maintenant doux, et que votre âme clémente
Ne me prive point de l’ineffable plaisir
De vous voir dans mes bras contenter mes désirs. »
Le sultan répondit : « Je vais te satisfaire,
Mais tu dois faire une autre chose pour me plaire
Et rompre le charme sans cesse m’irritant
Qui touche cette ville et ses pauvres habitants.
Tous les jours les cris de ces poissons me torturent,
Et j’entends chaque soir ces sombres créatures
Nous maudire tous les deux et prier le Seigneur
De les venger. Pour que mon état soit meilleur,
Cours, ma reine, corriger ton erreur première.
Loin de l’ombre de ce palais, dans la lumière,
Nous nous embrasserons, épris et oublieux,
Et fuirons sans délai ces détestables lieux. »



[A SUIVRE]





Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: