vendredi 14 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XXII)

Histoire du pêcheur (Partie XXII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Histoire du pêcheur (Partie XVI)
Histoire du pêcheur (Partie XVII)




Le prince poursuivit : « Ce discours me troubla
Et de l’entendre mon cœur amoureux trembla
Mais je dissimulai mon émotion profonde
Comme un bois ses arbres et comme une mer ses ondes
Et fis semblant de me lever sans l’avoir ouï.
La reine ma cousine qui de son bain avait joui
Revint, et nous soupâmes comme d’habitude ensemble.
Avec une main sûre qui du crime jamais ne tremble,
Elle me présenta la tasse d’eau que je buvais.
M’approchant d’une fenêtre comme si je rêvais
En contemplant le ciel et le sombre paysage,
Je fis semblant de boire et jetai le breuvage
Si adroitement et si vite qu’elle ne put le voir
Et lui remis la tasse pour qu’elle crût savoir
Son dessein consommé. Nous nous couchâmes ensuite
Et, en attendant que ma femme prît la fuite
Comme ses deux esclaves me l’avaient déjà prédit
Quand de leurs bouches, à leur insu, je l’entendis,
Je feignis de dormir d’un sommeil paisible.
Elle se leva bientôt, se croyant invisible,
Sans aucune précaution, promptement s’habilla
Et, avant de partir, assez haut s’écria :
« Dors, sot, et que jamais tu ne te réveilles ! »
Et sortit de la chambre, à une voleuse pareille.
Je me levai et je m’habillai à mon tour
Et la suivis avec colère et amour
Après avoir pris mon sabre, de telle sorte
Qu’elle ne m’entendit point. Passant par plusieurs portes,
Elles s’ouvrirent quand elle dit des propos obscurs.
Je suivis encor cette sorcière au cœur impur
Et à la dernière porte qui s’ouvrit devant elle
Que vous connaissez sans doute, seigneur, fut celle
De l’immense jardin par où vous êtes venu.
Je marchai dans l’ombre, ces lieux m’étant connus,
Sans qu’elle ne m’aperçût, avec assurance,
Et quand elle eut fini son éternelle errance
Je la vis, chose affreuse ! avec un étranger
A qui elle dit : « Pour vous, je braverai tous les dangers
Et j’eusse péri pour vous être obligeante.
Seigneur, je ne suis pas assez diligente
Mais ne m’en blâmez point. Si je pouvais voler,
Je volerais jusqu’à vous pour vous accoler !
Ô, si votre âme de moi n’est point contente,
Je vous donnerai des marques plus éclatantes
De mon amour, et vous n’avez qu’à commander
Ou il vous suffira de me le demander
Pour que je réduise tout cette ville en cendres
Et que je transporte ce palais sans attendre
Jusqu’au mont Caucase, pour qu’il devienne un tombeau
Hanté par les hiboux, les loups et les corbeaux. »


[A SUIVRE] 



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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