mercredi 5 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XV)

Histoire du pêcheur (Partie xV)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Le roi, après avoir fort longtemps admiré
Ces poissons, fut par sa gourmandise inspiré
Et les donna à son habile cuisinière
Que l’empereur des Grecs l’année dernière
Lui envoya comme présent, en calculant
Que puisqu’ils étaient beaux ils seraient succulents.
Le vizir lui dit : « Le roi veut que tu apprêtes
Pour qu’il les dîne, ces quatre charmantes bêtes. »
La cuisinière les nettoya et les mit
Pour les frire dans l’huile, et la pauvre blêmit
Quand elle les tourna pour les cuire de la sorte
Et vit s’ouvrir le mur comme s’ouvre une porte
Et en sortir une dame d’une douce beauté
Qui avait le regard empli d’autorité,
Habillée d’une étoffe de satin égyptienne,
De pendants d’oreille, de colliers de perles anciennes
Parée, et de bracelets d’or de rubis garnis
Et dont l’éclat n’était point par le temps terni.
Armée d’une baguette de myrte, de la casserole
Elle s’approcha, et dit ces étranges paroles 
En frappant un des quatre poissons avec pouvoir :
« Poisson, poisson, dis-moi, es-tu dans ton devoir ? »
Comme il resta muet, elle répéta ses dires
En élevant la voix et avec plus d’ire
Et les quatre poissons lui dirent distinctement
En levant ensemble la tête superbement :
« Oui, si vous comptez, nous comptons ; payez vos dettes
Et de payer les nôtres nous aurons l’assiette,
Fuyez et nous vaincrons et nous serons contents. »
La jeune dame ne demeura point longtemps
Après avoir ouï ces paroles mystérieuses.
Elle renversa la casserole, furieuse,
Le mur s’ouvrit, elle y rentra et disparut
Et il se referma. La cuisinière crut
Qu’elle perdait l’esprit, et était effrayée.
Sa surprise et sa peur furent chèrement payées,
Elle trouva les poissons noirs comme du charbon.
Quand le grand vizir, qui était un homme bon,
Entra, il la vit en pleurs et de la sorte
Gémissant : « Plût à Dieu que je fusse morte !
Que vais-je devenir ? Que dire au sultan courroucé
Quand il verra qu’ainsi ses poissons sont troussés ?
Il ne me croira point si je lui raconte
L’histoire de la dame. Si je lui en rends compte,
Il dira que je suis folle ou que je lui mens ! »
Quand il lui demanda d’où venaient ses tourments,
Elle conta au vizir l’histoire de la dame,
L’étonnement emplit sa charitable âme
Et il alla conter une fable au sultan
Qu’il écouta, distrait un peu, en exultant.

[A SUIVRE]




Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
 
  

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