dimanche 9 mars 2014

Histoire du pêcheur (partie XIX)

Histoire du pêcheur (Partie XIX)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":

Scheherazade dit au roi, douce rivale du jour :
« Le sultan, ne voyant personne dans la cour,
Entra dans des salles aux tapisseries soyeuses
Dont les estrades et les sofas, chatoyeuses,
De sombres étoffes de la Mecque étaient couverts.
Il passa aussi dans de beaux salons ouverts
Où quatre lions faits d’or massif et farouches
Jetaient en même temps de l’eau par la bouche
Qui formait, en tombant, des perles et des diamants,
Tandis que du milieu du bassin, par moments,
Un jet d’eau, s’élançant rapidement, allait presque
Frapper le fond d’un dôme peint à l’arabesque.
Le château était des trois côtés entouré
D’un jardin par des mains très habiles labouré
Dont les parterres et les bosquets adorables
Ainsi que les pièces d’eau, le rendaient admirable.
On y entendait les chants doux et langoureux
Des oiseaux légers et du printemps amoureux
Qui de ce jardin firent leur foyer dans l’ombre
Car des filets tendus au-dessus des arbres
Les retenaient captifs de ce vaste palais.
Le sultan d’appartement en appartement allait
En contemplant toutes ces rares merveilles
Et toutes ces splendeurs à nulles autres pareilles.
Il s’arrêta soudain, las de marcher ainsi,
Et dans un cabinet qui fut ouvert s’assit
Contemplant le jardin et ses beautés captives,
Quand tout à coup une voix morne et plaintive
Vint frapper son oreille. Le roi, attentivement,
Ecouta cette voix qui dit chétivement :
« Ô, fortune ! Tu n’as point souffert qu’amère,
Mon âme jouisse longtemps d’un bonheur éphémère !
Malgré mes plaintes, tu ne veux point m’écouter
Et tu n’as point cessé de me persécuter !
Hélas ! Je suis le plus malheureux des hommes,
Pour être délivré de ce monde où nous sommes,
Souffre au moins qu’une prompte mort à tous mes malheurs
Mette fin, ainsi qu’à mes affreuses douleurs !
Après tant de tourments, damné qui soupire,
En maudissant mon sort faut-il que je respire ?
Ah ! Je ne veux point vivre immobile et caché ! »
Le sultan fut de ces sombres plaintes touché
Et, alors qu’il allait retrouver la sortie,
Se leva du côté d’où elles étaient parties
Et, entré dans une grande salle, il ouvrit
La portière, et vit un jeune homme de grâces pétri,
Assis sur un trône, qui disait des plaintes
Sur son blanc visage la tristesse peinte.


[A SUIVRE] 


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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