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mercredi 15 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Troisième voyage, partie III)

Histoire de Sindbad le marin (troisième voyage, partie III) 

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Le flair exercé de ce cyclope rôdeur
Lui fit reconnaître aussitôt notre odeur ;
Il nous tâta et prit un marin puis, farouche,
Sans même le rôtir le mit dans sa bouche,
Et nous entendîmes, sur nous-mêmes ployés,
L’effrayant et affreux bruit de ses os broyés.
Ce monstre s’en alla ensuite à son domaine
Dormir après avoir mangé sa proie humaine
Et nous restâmes là, comme frappés de stupeur.
Réveillant la troupe de sa sombre torpeur,
J’élevai la voix et dit : « Il faut lutter, mes frères !
Car ce géant à la fureur meurtrière
Viendra chaque jour faire son horrible souper.
Construisons des radeaux et tâchons d’échapper
De cette île funeste et où la mort nous guette
Comme des prisonniers dans une oubliette ! »
Ma proposition plut à ces braves marins,
L’espoir les berça et ils semblaient plus sereins
En allant chercher du bois, afin de construire
Les radeaux, tant que le jour daignait reluire.
Le soir s’approchait et, notre travail fini,
Autour d’un bon feu nous étions réunis,
Songeant au moyen de venger nos camarades.
J’eus une idée. Quand le géant vint en bourrade,
Nous restâmes, armés d’un épais tronc aiguisé
Que nous prîmes soin de rendre bien embrasé,
Dans le palais. Deux braves marins lui plantèrent
Leurs énormes pieux au dos. Il tomba par terre
En poussant des cris de rage, et en ce moment
Ensemble, nous fondîmes sur lui courageusement,
Lui enfonçâmes un tronc dans l’œil, le lui crevâmes,
Le laissâmes aveuglé et nous nous sauvâmes.
Nous entendions ses cris effroyables en sortant
Qui, nos amis vengés, étaient réconfortants
Comme une musique douce et enchanteresse.
Nous croyions venir la fin de nos détresses
Quand nous vîmes, de son palais peu éloignés,
Notre géant de ses semblables accompagnés.
Bien qu’ils fussent fort lents, les géants nous virent
Et jusqu’au rivage où nous courûmes nous suivirent ;
S’entendant sans doute pour venger leur pareil
Et nous tuer avant le lever du soleil,
En nous voyant gagner nos radeaux ils s’armèrent
De grosses pierres, et si adroitement les jetèrent
Que nous n’étions plus que trois en vie. Nous ramions
De toutes nos forces, et moi et mes deux compagnons
Nous nous éloignâmes bientôt de la grève.
Sauvés des géants, notre joie fut brève
Et nous pleurions avec amertume nos morts,
Comme la mer d’ondes nos cœurs emplis de remords.


 [A SUIVRE]
 
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

mardi 14 janvier 2014

Histoire de Sindbad le Marin (Troisième voyage, partie II)

Histoire de Sindbad le marin (troisième voyage, partie II) 


Poèmes de "la série Mille et une Nuits":


Frissonnants du retour de ces nains sauvages,
Nous nous éloignâmes rapidement du rivage.
L’île était calme et nous n’y entendîmes nul bruit
Et nous y trouvâmes des herbes et quelques fruits
Que nous mangeâmes, pensant que c’était chose vaine
Car nous nous attendions à une mort certaine.
En marchant devant nous, nous aperçûmes soudain
Un édifice étrange et qui avec dédain
Semblait nous contempler, haut et formidable.
Etant las, l’endroit nous parut agréable
Et nous entrâmes dans la cour de ce blanc palais
Où, à notre surprise, nous ne vîmes nul valet
Et nous n’entendîmes nul bienheureux faste.
Nous vîmes toutefois, dans un appartement vaste,
Des ossements humains et des broches à rôtir ;
Nous en eûmes tellement peur qu’en voulant sortir
De cet antre sinistre, nous restâmes immobiles,
La marche et la terreur nous rendirent débiles
Et nous tombâmes à terre, dans l’ombre évanouis.
Nous demeurâmes ainsi et, quand tomba la nuit,
Nous fûmes réveillés par un bruit terrible,
La porte s’ouvrit et un géant horrible
Noir et de la hauteur d’un immense palmier,
Ressemblant aux colosses d’Aad et des temps premiers,
Apparut. Il n’avait qu’un seul œil à la tête
Qui était tout rouge, et les dents de cette bête
Lui sortaient de la bouche, pareilles aux griffes des lions.
Nous étions semblables à de sombres fourmilions
Devant ce monstre antique à l’affreuse mine
Et dont la lèvre lui tombait sur la poitrine.
Ses oreilles d’éléphant et ses ongles acérés
Le rendaient plus hideux. Par ce fauve apeurés,
Nous reculâmes tous et perdîmes connaissance.
Quand nous revînmes à nous, avec rage et puissance
Nous vîmes que le cyclope, comme s’il s’étonnait
De nous voir, de tout son œil nous examinait.
Il s’approcha de nous et, ô, ignominie !
Me prit par la nuque, et comme un boucher manie
Une tête de mouton, me tourna de tous côtés.
Il me lâcha bientôt, voyant ma maigreté,
Prit les autres, priant à leur heure dernière,
Et les examina de la même manière.
Comme le capitaine, homme fort aux robustes bras,
De l’équipage était sans doute le plus gras,
Au travers du corps il lui passa une broche,
Alluma un grand feu avec une troche
De fagots de bois, le fit rôtir, le mangea
Et dans un lourd sommeil rapidement plongea,
Ronflant d’une manière farouche et bruyante,
Etendu sur le sol et la bouche béante.
Horrifiés, nous ne pûmes cette nuit-là dormir,
De peur de l’éveiller nous n’osâmes gémir
Et nous restâmes dans une inquiétude cruelle
Jusqu’au lever du jour. Quand l’aurore éternelle 
Parut, il s’éveilla, se leva et sortit.
Nous feignîmes de dormir ; à peine fut-il parti
Que nous poussâmes de grands cris pleins d’amertume.
Notre peur était si grande que nous ne pûmes
Songer à rien, hormis à fuir ces mortels lieux.
Nous courûmes donc dans tous les sens, faute de mieux,
Malgré notre fatigue, recherchant une issue.
Nous fûmes surpris de voir que la bête ossue
Laissa ouverte la porte de son manoir,
Mais nous nous hâtâmes, avant qu’il ne fît noir,
De manger et de boire, ensuite d’aller chercher
Un abri où dormir un peu et nous cacher.
  Nous trouvâmes une grotte paisible et ombrageuse
Qui nous accueillit comme une douce logeuse,
Et y dormîmes, croyant être en sécurité.
Courroucé sans doute de notre témérité,
Nous entendîmes le bruit des pas funèbres
Du géant, quand la nuit tomba, dans les ténèbres.

 [A SUIVRE]

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène