mimemes, soldat du vent Mimemes, Soldat du vent, Allait toujours en rêvant Derrière le grand Voile. Toujours d'étoile en étoile Et de vision en vision, Il regrettait les rayons Et les printemps sublimes Qui reluisaient aux cimes D'un beau monde disparu Où le soleil a couru, La sueur au front, athlète Qui fascine les poètes, Illustre et toujours béni. Maintenant, tout est fini, C'est le trépas des roses Jadis, pourtant, écloses, Car l'hiver est parmi nous Et la nature à genoux En vain, aujourd'hui, implore L'été et les aurores. Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène |
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
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samedi 18 novembre 2023
Mimemes, Soldat du vent
vendredi 29 septembre 2023
Hacadeno, Soldat du Ciel
hacadeno, soldat du ciel Dans sa céleste demeure, Hacadeno était mû Par les forces supérieures Et par des vents inconnus. Son épée était grande Comme une ville, un pays, Sans attendre les offrandes, Il a toujours obéi Aux ordres les plus sombres, Aux arrêts les plus cruels, Il a plongé dans l'ombre Maints royaumes des mortels, Il a noyé le monde Sous des déluges sans fin, Il a envoyé les ondes Briser des orgueils défunts, Les tempêtes funestes Et les foudres terrifiants, Mais lui toujours il reste Toujours aux cieux, ce géant. Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène |
mardi 22 août 2017
Conte: Marsi (Partie V)
CONTE: MARSI (PARTIE V)
V. Comment Marsi fut récompensé, et le coupable
châtié
La princesse, en voyant cet homme
inconnu d’elle,
Restée à son Marsi qu’elle aime fidèle,
Se retire dans sa chambre, pleure, gémit
Et pour son vrai fiancé mortellement
frémit.
Elle est gravement et mystérieusement
malade,
Et on ajourne le mariage. Maussade,
Le bon roi appelle ses médecins érudits.
Or ils sont tous confus, et chacun d’entre
eux dit
Des choses fort vagues et fort différentes.
Pendant ce temps Marsi, corps faible et
âme errante,
Presque mort, sur le sol est étendu,
sanglant,
Et pousse des râles inégaux et violents.
Soudain le vieux mendiant, comme dans un
rêve,
Apparaît, et Marsi ressuscité se lève.
Le vieux mendiant lui dit : « Au
palais reviens
Et va revendiquer ce qui t’appartient,
Ton ennemi a osé te ravir ta place,
Et ta princesse est très malade et de
tout lasse. »
Avec plus de zèle il vole, il nage et il
court,
Ouvrant ses deux ailes : la colère
et l’amour.
« C’est moi, Marsi, qui ai accompli
votre tâche,
Et cet homme n’est qu’un imposteur et un
lâche ! »
Dit-il au roi. Sa fille entend l’heureuse
voix,
Court et avec bonheur ressuscité le
voit.
« Marsi est mon fiancé, dit-elle à
son père,
Tout ce qu’il vous a dit est vrai et
sincère !
En récupérant votre anneau, il m’a
laissé
Des preuves dans ce coffre. » Et le
roi offensé
De demander au traître avec sa voix
sévère :
« Qu’y a-t-il dans le coffre ? »
Il ne peut que se taire
Et il tremble, par ce qui l’attend
alarmé.
Marsi récupère, trois fois transformé,
Le bout de sa queue, ses plumes et ses
écailles.
Il raconte comment, quittant la
bataille,
Son camarade l’a abattu, et comment
Il a pu ramener l’anneau en un moment.
Le coupable est châtié. Marsi, avec
tendresse,
Embrasse sa douce et fidèle princesse
Et il devient l’époux de la rare beauté.
Son père lui confie une principauté
A gouverner. Avec justice il la gouverne,
Traite bien les pauvres et ses
subalternes,
En temps de paix est bon, en temps de
guerre est preux,
Et comme le mendiant l’a prédit vit
heureux.
[FIN DU CONTE: MARSI]
Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène
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vendredi 18 août 2017
Conte: Marsi (Partie IV)
CONTE: MARSI (PARTIE iv)
IV. La trahison dont Marsi fut victime
Avant de s’en aller, le soldat
réfléchit,
Se tourne ensuite vers la princesse et
lui dit :
« Vous avez bien raison. Pour
obtenir justice
Si je suis victime de quelque artifice,
Pour nous protéger de nos ennemis sans
merci,
Je laisserai des preuves qui montrent
que Marsi
A bien trouvé l’anneau, objet de son
zèle :
Prenez sans hésiter deux plumes de mes
ailes,
Quand je serai pigeon. Quand je serai
poisson,
Huit écailles d’argent, puis au lièvre
passons :
Coupez le bout de ma queue ». La
princesse
Obéit, et Marsi, bercé par les
promesses,
S’envole de nouveau avec l’anneau
précieux
Nageant dans l’eau, courant sur terre,
errant aux cieux.
Or un camarade, torturé par l’envie,
Le guette à son retour, pour le laisser
sans vie,
Non loin de sa tente, son fusil à la
main.
Il l’abat, prend l’anneau, et il va, l’inhumain,
Et raconte au bon roi sa fausse prouesse
Qui, content, affirme sa première
promesse.
La bataille bientôt connaît un grand
changement
Grâce aux redoutables pouvoirs du talisman :
L’armée de l’ennemi est mise en déroute,
Le roi, qui se croyait perdu sans aucun
doute,
Terrasse l’autre roi, s’empare de ses
biens
Et à sa capitale triomphant revient,
Organise pour tous un festin magnifique,
Empli de vin, de joie, de vers et de
musique,
Et à la princesse présente son fiancé
Et lui dit qu’il sera dûment récompensé.
[A SUIVRE]
Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène
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mercredi 16 août 2017
Conte: Marsi (Partie III)
CONTE: MARSI (PARTIE IIi)
III. Ce que fit Marsi pour accomplir sa mission
Aussi séduisante que soit la récompense,
Aucun guerrier à la convoiter ne pense
Car tous se préparent à un combat
imminent
Et il faut sept jours pour trouver le
talisman.
Marsi se souvient de ce qu’a dit le hère
Et pour savoir s’il a conté des chimères
Veut bien mettre à l’œuvre ses prétendus
pouvoir.
Il dit au roi : « Trouver l’anneau
est un devoir,
Majesté, je le puis faire avec
promptitude.
Tenir vos promesses est votre habitude,
Et j’espère, mon roi, que vous n’oublierez
pas
Votre humble serviteur, zélé jusqu’au
trépas. »
Le roi lui promet sa bienveillance
éternelle
D’une façon auguste et bien solennelle.
Marsi s’en va, et juste après on voit
courir
Un lièvre, comme s’il avait peur de
mourir.
Marsi a réussi sa métamorphose.
Au bord de la Theiss, il devient autre
chose :
Un brochet, et il nage avec grande vigueur.
Arrivé à l’autre bord vite et sans
langueur,
Il se change en pigeon, emploie sa vitesse,
Entre dans la chambre de la belle
princesse
Et se pose sur ses genoux. Elle sourit
Et le caresse avec douceur ; il la
chérit
Et aime son visage aussi blanc que l’aurore.
Il profite de sa forme un moment encore
Puis redevient Marsi, explique sa
mission
Et dit aussi à la princesse sa passion.
D’épouser un brave soldat elle est
contente,
Sans prolonger encor sa dangereuse
attente,
Elle donne l’anneau à son futur époux
Et lui dit : « Vos succès
rendront beaucoup jaloux.
Prenez garde, seigneur, car la méchante
envie
Veut toujours contempler ses ennemis
sans vie. »
[A SUIVRE]
Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène
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mardi 15 août 2017
Conte: Marsi (Partie II)
CONTE: MARSI (PARTIE Ii)
II. Comment Marsi fut pris dans la garde royale, et
la promesse du roi
Marsi est dans une grande ville, le
soir,
Et il entend des cris de guerre, avant
de voir
De jeunes gens danser sur la place
publique
Autour d’une grande table métallique
Qu’appesantissent comme une aurore sans
fin
Plusieurs piles d’écus et des cruches de
vin.
Le nombre des jeunes soldats vite
augmente
Que ne peut alarmer la guerre alarmante,
Et ils sont recrutés et payés
sur-le-champ.
Le bon Marsi trouve tout cela alléchant,
Boit un verre, met un casque sur sa tête
Et de nouveau devient soldat. Ses armes
sont prêtes,
Il entre en campagne donc dès le
lendemain.
Grâce à sa belle taille et à ses grandes
mains,
A sa célérité et à ses deux poings
fermes
Et à son maniement merveilleux des
armes,
Dans la garde royale il est rapidement
pris,
Et a beaucoup d’ennemis, de son succès
surpris.
Le roi d’un ennemi puissant est la
cible,
Un anneau magique le rendait invincible,
Mais malheureusement il l’avait oublié.
Par l’armée de son ennemi il est humilié
Car elle est très vaillante, et surtout
plus nombreuse.
Pour sortir de cette situation affreuse,
Le roi déclara, sans l’anneau désespéré,
« En épousant ma fille il sera
honoré,
Celui qui est assez brave et assez
rapide
Pour me rapporter mon anneau aux cent
rides
Avant que le combat ne commence, et
avant
Que tout ne soit perdu comme une paille
au vent. »
[A SUIVRE]
Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène
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samedi 12 août 2017
Conte: Marsi (Partie I)
CONTE: marsi (PARTIE I)
I. Le voyage de Marsi
Marsi avait été
plusieurs années soldat.
C’était un bon
garçon, toujours joyeux, point fat,
Qu’on ne voyait
jamais un peu triste ou malade,
Et qui
partageait tout avec ses camarades.
Son service
fini, il était sans chevrons
Bien qu’il fût
brave et qu’il ne fût point fanfaron.
Son père était
mort à son retour. L’héritage
Fut vite décidé
à son désavantage :
Ses frères
prirent tout, et Marsi, lui, n’eut droit –
Car on l’avait
jugé le plus riche des trois –
Qu’à une petite
pièce de dix centimes.
Sans perdre son
temps à faire la victime,
Voilà qu’il part
avec sa piécette chercher
Fortune, et qu’il
se met au hasard à marcher.
En route, au
bord d’une forêt, il rencontre
Un vieux
mendiant vêtu de loques, qui lui montre
Sa main vide et
supplie. Marsi se dit : « Voilà
Un homme beaucoup
plus pauvre que moi et las ! »
Et lui donne sa
pièce avec un sourire.
Le vieux
mendiant sourit aussi avant de dire :
« Merci,
bon jeune homme. Vous êtes généreux
Et vous serez
comme vous devez l’être heureux.
Quel est votre
plus cher souhait ? » « Je désire,
Répond Marsi,
qui ne peut s’empêcher de rire,
Me métamorphoser
quand je veux en poisson,
En lièvre et en pigeon. »
« Alors des trois façons
Vous pourrez vous
changer quand bon il vous semble.
Adieu, jeune
homme au bon cœur. Nous serons ensemble. »
Le vieux
mendiant s’en va, Marsi reste étonné
Puis pense que
le vieux est fou ou bien damné
Et rendu insensé
par sa grande misère,
Et il poursuit
sa route en oubliant ce hère.
[A SUIVRE]
Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène
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dimanche 11 janvier 2015
Conte: La Fleur du rocher (Partie V)
CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE V)
V. La mort de Jean Cate et de la Fleur du rocher,
qui firent à leurs enfants de valeureux présents
Les années passèrent ; à Jean Cate
Dieu fit présent
D’un garçon de seize ans et d’une fille
de treize ans,
Et lui et sa femme, fatigués des
batailles,
Sentaient la vieillesse leur courber la
taille,
Leur rider le front et leur blanchir les
cheveux.
La Fleur du rocher dit à son mari : « Je
veux,
Car je suis souffrante, ne plus suivre l’armée,
Et, loin de la guerre, ne plus être alarmée. »
Ils se retirèrent à Brest avec leurs
enfants.
Jean Cate, pour le combat rude ne plus s’échauffant,
Confia le secret de son épée enchantée,
Du sang de milliers de héros
ensanglantée,
A son fils, et lui dit : « Cache-le
aux vivants. »
La Fleur du rocher, sa dernière heure
arrivant,
Dit à sa fille chérie : « La
vie est éphémère,
Avant de mourir, comme la mère de ta
mère,
Je te donne ma baguette, ma bouteille et
mes clefs.
Si ton frère devient, un jour, comme ton
père chef,
Et si tu le suis dans ses victoires
sûres,
Avec cette bouteille tu guériras les
blessures ;
La baguette est magique et a de grands
pouvoirs.
Il y a des trésors que tout homme rêve d’avoir,
Cachés dans mon château, lui-même caché
sous terre,
Et dont les mortels ignorent le mystère,
La Houle de la Corbière est son magique
chemin
Qui doit rester, ma fille, inconnu des
humains.
Conserve bien ses clés précieuses que je
t’offre
Car de vos grands trésors elles ouvrent
les coffres. »
La mère expira en en lui faisant le don.
Elle conserva les clés pendues par un
cordon
A son cou, et resta quatre ans avec son
père
Qui tomba malade et dit à son fils : « J’espère
Que ta sœur te suivra à l’armée et
toujours.
Je vous chéris tous deux, mes éternels
amours ;
Puisse le destin s’emplir pour vous de
clémence !
Ta sœur a les clés de vos trésors
immenses
Que nous avons pris soin au château de
cacher.
Cette lettre signée de mon sang, pour
les chercher,
Va vous permettre de trouver votre
route. »
Jean Cate mourut, et nul ne sait, sans
doute,
Si ses enfants allèrent au château familial
Chercher leurs trésors que deux gardes
au front loyal
Jusqu’à ce jour surveillent, éternels et
fidèles,
En contemplant les arbres et les
blanches hirondelles.
[FIN DU CONTE: LA FLEUR DU ROCHER]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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samedi 10 janvier 2015
Conte: La Fleur du rocher (Partie IV)
CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE IV)
IV. Les prouesses de Jean, qui eut l’occasion d’éprouver
son épée enchantée
Le commandant de Jean alla, un jour, le
voir,
Et lui dit : « Tu as fui
lâchement ton devoir,
Et tu as agi comme un ignoble pleutre.
On te fusillera ; c’est ce qu’on
fait aux traîtres. »
Avant de repartir, il s’était aperçu
Qu’à la place du sabre grand qu’il avait
reçu
Jean avait un autre, plus petit. L’homme
glabre
S’écria : « Parbleu !
Où est, soldat, ton sabre ? »
Jean Cate lui répondit que, malgré tous
ses soins,
On le lui vola. « Tu n’en auras
plus besoin,
Repartit le bonhomme, une fois dans la
tombe.
On attendra, d’abord, que la nuit tombe,
Et on te fusillera au fort demain matin. »
De notre héros ce n’était point le
destin ;
L’ennemi attaqua, le soir. Pour faire
riposte,
Le commandant de ses soldats changea les
postes
Et fit libérer les prisonniers en
renfort
En leur donnant l’ordre de défendre le
fort
S’ils voulaient de nouveau faire partie
de l’armée.
Content de se servir de son épée
charmée,
Jean Cate lui demanda, afin de se
racheter
Et de se faire pardonner enfin pour sa
lâcheté,
De marcher en tête de tous ses autres
frères.
Il accepta et lui dit, toujours sévère :
« Tu seras fusillé, mais par l’ennemi.
Va, meurs. »
A la tête de l’armée, Jean commanda,
sans peur,
A son épée : « Tranche à
mille ennemis la tête. »
Mille soldats tombèrent, comme frappés
par la tempête,
Le commandant, ébloui, cria : « Calamité !
Voilà un coup d’épée qui reste inimité. »
Les ennemis, étonnés d’abord,
continuèrent
A s’avancer, et sur Jean Cate se
ruèrent,
Mais il joua encor du sabre et fit périr
Cinq mille courageux soldats, sans coup
férir.
Trois jours après, l’armée ennemie
revint encore
Et assaillit le fort un peu après l’aurore ;
Jean dit à son épée : « Terrasse
tous les ennemis. »
Pour vaincre toute l’armée moins de
temps fut mis
Qu’il ne faut pour cligner de l’œil. Ses
camarades
L’applaudirent, et Jean Cate monta vite
en grade
Et devint un héros sans voir son front
moitir.
Comme son régiment devait bientôt
partir,
Il dit au commandant : « Je
veux voir ma femme. »
« Oui, répondit-il, mais reviens
vite. Madame
Sera cantinière, si certes elle y
consent. »
« Je ne demeurerai pas trop
longtemps absent,
Repartit Jean. Mais ma femme, fort belle
et fort fière,
Viendra avec moi sans être cantinière. »
Il y consentit sans effort, et Jean alla
Voir sa femme, mère d’un beau garçon,
qui s’installa
Au fort, et le suivit de victoire en
victoire,
Remportant des batailles restées dans la
mémoire,
Et soigna les blessés, qui n’étaient
point nombreux,
A l’aide de sa bouteille emplie du baume
heureux.
Jean monta de grade en grade avec
assurance
Et devint, après le roi, premier en France.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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vendredi 9 janvier 2015
Conte: La Fleur du rocher (Partie III)
CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE III)
III. Pourquoi Jean Cate revint au fort de la
Corbière, et ce qui lui y arriva
Bien qu’il fût très content de devenir l’époux
De la Fleur du rocher dont les charmes
étaient doux,
Jean n’était pas tranquille, et dans la
solitude
Il repensait au fort avec inquiétude.
Tout le monde croyait sans doute qu’il
déserta
Et que sa couardise loin des siens l’emporta,
Qu’il était un fuyard, un coureur et un
lâche
Que dans les bras d’une amante il se
cache,
Et en se souvenant de lui on le
méprisait.
Assombri par cette pensée, il se disait :
« La Houle n’est pas loin du fort,
si on y pénètre,
On va me retrouver et me reconnaître
Et je serai pris comme un ignoble
voleur. »
Quand il y songeait, son front changeait
de couleur
Et il devenait tout à coup triste et blême,
Mais il n’en parla à personne, même à sa
femme.
Peu de temps après, ses beaux-parents,
fort vieux,
Et dont l’âge faisait, comme la fortune,
des envieux,
Tombèrent gravement malades et sentirent
leur fin proche.
Le père, courageux comme un seigneur de
vieille roche,
Appela son beau-fils et lui dit
calmement :
« Avant de mourir comme j’ai vécu
dignement,
Je vais vous faire, car je vous crois
honorable,
Et car vous êtes soldat, un présent
mémorable.
Autrefois, j’ai été guerrier. Prenez,
mon cher,
Cette formidable épée dont je suis
toujours fier,
Elle exaucera tous vos vœux, car elle
est charmée
Et peut terrasser, en la tenant, une
armée. »
Le seigneur dit ensuite à sa fille qu’il
aimait :
« Lumière de mes yeux, ma fille, n’oublie
jamais
De garder avec toi ces clefs que je t’offre
Et qui ouvrent, emplis de trésors, tous
mes coffres. »
Le père mourut, et la mère, sans
trembler du sort,
Dit à sa fille : « Je
vais mourir comme il est mort ;
Prenez ma baguette et cette petite
bouteille
Qui guérit de toutes les blessures
vermeilles.
Emportez-les avec vous, sans être
oublieux
Si vous décidez un jour de quitter ces
lieux,
De les confier aux deux gardes de la
porte. »
Quand la mère de la Fleur du rocher fut
morte
Et que ses deux parents eurent été
enterrés,
Jean dit à sa femme : « Comme
toi je suis éploré,
Mais je ne te cache point que je crains
que ma vie
Ne me soit, si nous restons ici, ravie.
De ce château jamais je ne me lasserai,
Mais, si les soldats m’y trouvaient, je
passerais
En conseil de guerre, et ma mort serait
certaine. »
« Cette grotte de ton fort est bien
lointaine,
Lui répondit sa femme. Nul ne nous
trouvera
Et jusqu’à ce château dans la grotte
nous suivra.
Je ne comprends point ce désir qui te
torture,
Pourquoi veux-tu ainsi courir les
aventures
Alors que nous sommes riches et le
serons toujours,
Comme nos enfants après nous ?
Restons, mon amour. »
Mais Jean avait envie d’éprouver son
épée,
Et, rêvant déjà de travaux et d’épopées,
Supplia sa femme qui finit par
consentir.
Ils dirent aux deux gardiens, avant de
repartir,
Que s’ils ne revenaient point de leur
deuxième voyage
Le château serait à eux. Dans le sillage
De son mari, cette fois, la belle Fleur
du rocher
Le suivit, et quand ils finirent par s’approcher
Du fort de la Corbière, Jean rejoignit
son poste.
De son départ on sut la nouvelle
funeste,
Et, comme il s’absenta dix-huit mois
sans raison,
On l’arrêta bientôt et le mit en prison.
Sa femme, qui était pendant ce temps
enceinte,
Alla demeurer près du fort, et Jean,
sans crainte,
Lui défendit de se servir, pour le
sauver,
De sa baguette, afin de ne pas le priver
De l’occasion de faire usage de son arme
Et d’éprouver, dans la bataille, ses
charmes.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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