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mardi 13 juin 2023

Cartes postales (57)

   CARTES POSTALES (57)

Sur son rocher radieux,
La charmante ville
S’éveille sous les cieux
Comme un enfant tranquille.

L’océan la berce
Avec ses chants bénis,
Le soleil y verse
Ses rayons infinis,

Coupe du beau printemps !
Elle est le nid de pierre
De l’homme qui attend
Et aussi espère ;

Elle est le refuge
Des oiseaux et des fleurs
Sauvés du Déluge
Et des sombres douleurs !

Et cette immense mer
Qui toujours l’enlace
N’a plus son goût amer
Et n’est jamais lasse.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 30 novembre 2022

Cartes postales (27)

CARTES POSTALES (27)

Bien loin de la terre,
Le rocher solitaire
Contemple l’océan
Comme un nain un géant,
Et il s’émerveille.
La mer est pareille
À un rêve vivant,
Le soleil et le vent
L’illuminent et bercent,
Les éléments la versent,
Breuvage amer, béni,
Coupe de l’infini,
Dans la bouche immense
Du monde qui pense !
Le rocher est la dent
D’un ancien monstre ardent
Fameux dans les fables
Et qui dort sous les sables.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

dimanche 12 mai 2019

L’œil du rocher

L’ŒIL du rocher

L’eau qui tombe de cette cascade
Semble couler de l’œil de ce rocher
Pour pleurer ses vieilles amours caché,
A cause des longs hivers malade.

Il pleure éternellement et souffre,
Lui qu’on croit pourtant muet sans cœur 
Et qu’on compare souvent aux vainqueurs !
Et ses larmes tombent dans le gouffre

Et du gouffre reviennent sans cesse !
Il a pourtant aimé et se souvient,
Ce grand rocher comme l’amour ancien
Dont rien n’égale la sombre tristesse !

Tandis que le soleil dans le ciel brille
Et que ses larmes font naître des fleurs,
Il songe éternellement à sa douleur,
Et à ses tourments, qui sont sa famille.

L’hiver, le printemps, l’été, l’automne
Viendront, et il restera toujours là,
Cet ermite de la nature las
Et qui pleure des larmes monotones.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

samedi 1 avril 2017

Andromède enchaînée

andromède enchaînée

Théodore Chassériau, Andromède attachée au rocher par les Néréides (1840)

Andromède, châtiée à cause de sa mère,
Gémit, à un rocher enchaînée, dans les fers,
Et attend, éplorée et de son sort amère,
Que la bête vienne des ténébreux enfers.

La mer semble railler sa sombre détresse
Et cache le monstre de son dieu dans ses flancs,
Et ses flots dangereux s’agitent avec paresse
Devant la beauté nue qui gémit en tremblant ;

On entend, pareil à un lointain tonnerre,
Venir de l’abîme un lointain rugissement,
La chose formidable au cœur sanguinaire
Comme un amant des eaux approche doucement !

Tout comme Iphigénie sacrifiée par son père,
La victime enchaînée au rocher sacrificiel 
Attend avec effroi et secrètement espère
Et soupire en rêvant et contemplant le ciel

Calme et que rien n’émeut, grand sphinx impassible
Dont le dos est doré par le radieux soleil,
Qui dort éternellement, vaste et invincible,
Et dont rien ne trouble le souverain sommeil !

Elle attend qu’il envoie pour lui sauver la vie
Un héros rugissant et qui tarde à venir
Son âme légère sera-t-elle ravie ?
Elle attend et à la mer semble appartenir.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

dimanche 19 juin 2016

Le rocher

 le rocher

Vieux rocher blanc que couvre la mousse
Et qui comme les fleurs et l’herbe pousse
Près du tranquille ruisseau transparent,
Et du chêne dont il est le parent ;
Tout s’agite autour de toi et tu penses,
L’éternel printemps est ta récompense,
Car jamais, rocher blanc, tu ne frémis
De l’hiver pâle qui gronde et gémit
Dans le clairon profond des serrures !
Tu contemples toute la nature
Et tu vois passer les jours et les nuits
Et fuir le vent rapide qui fuit
Et l’onde limpide et passagère
En emportant la feuille légère !
Comme un trône tu es majestueux,
A tous les voyageurs affectueux
Tu fais un roi de tout homme qui passe,
Hospitalier, jamais tu ne te lasses
Des passants qui viennent matin et soir
Sur toi, souvent las de marcher, s’asseoir.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

dimanche 11 janvier 2015

Conte: La Fleur du rocher (Partie V)

CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE V


V. La mort de Jean Cate et de la Fleur du rocher, qui firent à leurs enfants de valeureux présents

Les années passèrent ; à Jean Cate Dieu fit présent
D’un garçon de seize ans et d’une fille de treize ans,
Et lui et sa femme, fatigués des batailles,
Sentaient la vieillesse leur courber la taille,
Leur rider le front et leur blanchir les cheveux.
La Fleur du rocher dit à son mari : « Je veux,
Car je suis souffrante, ne plus suivre l’armée,
Et, loin de la guerre, ne plus être alarmée. »
Ils se retirèrent à Brest avec leurs enfants.
Jean Cate, pour le combat rude ne plus s’échauffant,
Confia le secret de son épée enchantée,
Du sang de milliers de héros ensanglantée,
A son fils, et lui dit : « Cache-le aux vivants. »
La Fleur du rocher, sa dernière heure arrivant,
Dit à sa fille chérie : « La vie est éphémère,
Avant de mourir, comme la mère de ta mère,
Je te donne ma baguette, ma bouteille et mes clefs.
Si ton frère devient, un jour, comme ton père chef,
Et si tu le suis dans ses victoires sûres,
Avec cette bouteille tu guériras les blessures ;
La baguette est magique et a de grands pouvoirs.
Il y a des trésors que tout homme rêve d’avoir,
Cachés dans mon château, lui-même caché sous terre,
Et dont les mortels ignorent le mystère,
La Houle de la Corbière est son magique chemin
Qui doit rester, ma fille, inconnu des humains.
Conserve bien ses clés précieuses que je t’offre
Car de vos grands trésors elles ouvrent les coffres. »
La mère expira en en lui faisant le don.
Elle conserva les clés pendues par un cordon
A son cou, et resta quatre ans avec son père
Qui tomba malade et dit à son fils : « J’espère
Que ta sœur te suivra à l’armée et toujours.
Je vous chéris tous deux, mes éternels amours ;
Puisse le destin s’emplir pour vous de clémence ! 
Ta sœur a les clés de vos trésors immenses
Que nous avons pris soin au château de cacher.
Cette lettre signée de mon sang, pour les chercher,
Va vous permettre de trouver votre route. »

Jean Cate mourut, et nul ne sait, sans doute,
Si ses enfants allèrent au château familial
Chercher leurs trésors que deux gardes au front loyal
Jusqu’à ce jour surveillent, éternels et fidèles,
En contemplant les arbres et les blanches hirondelles.

[FIN DU CONTE: LA FLEUR DU ROCHER]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

samedi 10 janvier 2015

Conte: La Fleur du rocher (Partie IV)

CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE IV


IV. Les prouesses de Jean, qui eut l’occasion d’éprouver son épée enchantée

Le commandant de Jean alla, un jour, le voir,
Et lui dit : « Tu as fui lâchement ton devoir,
Et tu as agi comme un ignoble pleutre.
On te fusillera ; c’est ce qu’on fait aux traîtres. »
Avant de repartir, il s’était aperçu
Qu’à la place du sabre grand qu’il avait reçu
Jean avait un autre, plus petit. L’homme glabre
S’écria : « Parbleu ! Où est, soldat, ton sabre ? »
Jean Cate lui répondit que, malgré tous ses soins,
On le lui vola. « Tu n’en auras plus besoin,
Repartit le bonhomme, une fois dans la tombe.
On attendra, d’abord, que la nuit tombe,
Et on te fusillera au fort demain matin. »
De notre héros ce n’était point le destin ;
L’ennemi attaqua, le soir. Pour faire riposte,
Le commandant de ses soldats changea les postes
Et fit libérer les prisonniers en renfort
En leur donnant l’ordre de défendre le fort
S’ils voulaient de nouveau faire partie de l’armée.
Content de se servir de son épée charmée,
Jean Cate lui demanda, afin de se racheter
Et de se faire pardonner enfin pour sa lâcheté,
De marcher en tête de tous ses autres frères.
Il accepta et lui dit, toujours sévère :
« Tu seras fusillé, mais par l’ennemi. Va, meurs. »
A la tête de l’armée, Jean commanda, sans peur,
A son épée : « Tranche à mille ennemis la tête. »
Mille soldats tombèrent, comme frappés par la tempête,
Le commandant, ébloui, cria : « Calamité !
Voilà un coup d’épée qui reste inimité. »
Les ennemis, étonnés d’abord, continuèrent
A s’avancer, et sur Jean Cate se ruèrent,
Mais il joua encor du sabre et fit périr
Cinq mille courageux soldats, sans coup férir.
Trois jours après, l’armée ennemie revint encore
Et assaillit le fort un peu après l’aurore ;
Jean dit à son épée : « Terrasse tous les ennemis. »
Pour vaincre toute l’armée moins de temps fut mis
Qu’il ne faut pour cligner de l’œil. Ses camarades
L’applaudirent, et Jean Cate monta vite en grade
Et devint un héros sans voir son front moitir.
Comme son régiment devait bientôt partir,
Il dit au commandant : « Je veux voir ma femme. »
« Oui, répondit-il, mais reviens vite. Madame
Sera cantinière, si certes elle y consent. »
« Je ne demeurerai pas trop longtemps absent,
Repartit Jean. Mais ma femme, fort belle et fort fière,
Viendra avec moi sans être cantinière. »
Il y consentit sans effort, et Jean alla
Voir sa femme, mère d’un beau garçon, qui s’installa
Au fort, et le suivit de victoire en victoire,
Remportant des batailles restées dans la mémoire,
Et soigna les blessés, qui n’étaient point nombreux,
A l’aide de sa bouteille emplie du baume heureux.
Jean monta de grade en grade avec assurance
Et devint, après le roi, premier en France.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

vendredi 9 janvier 2015

Conte: La Fleur du rocher (Partie III)

CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE III


III. Pourquoi Jean Cate revint au fort de la Corbière, et ce qui lui y arriva

Bien qu’il fût très content de devenir l’époux
De la Fleur du rocher dont les charmes étaient doux,
Jean n’était pas tranquille, et dans la solitude
Il repensait au fort avec inquiétude.
Tout le monde croyait sans doute qu’il déserta
Et que sa couardise loin des siens l’emporta,
Qu’il était un fuyard, un coureur et un lâche
Que dans les bras d’une amante il se cache,
Et en se souvenant de lui on le méprisait.
Assombri par cette pensée, il se disait :
« La Houle n’est pas loin du fort, si on y pénètre,
On va me retrouver et me reconnaître
Et je serai pris comme un ignoble voleur. »
Quand il y songeait, son front changeait de couleur
Et il devenait tout à coup triste et blême,
Mais il n’en parla à personne, même à sa femme.
Peu de temps après, ses beaux-parents, fort vieux,
Et dont l’âge faisait, comme la fortune, des envieux,
Tombèrent gravement malades et sentirent leur fin proche.
Le père, courageux comme un seigneur de vieille roche,
Appela son beau-fils et lui dit calmement :
« Avant de mourir comme j’ai vécu dignement,
Je vais vous faire, car je vous crois honorable,
Et car vous êtes soldat, un présent mémorable.
Autrefois, j’ai été guerrier. Prenez, mon cher,
Cette formidable épée dont je suis toujours fier,
Elle exaucera tous vos vœux, car elle est charmée
Et peut terrasser, en la tenant, une armée. »
Le seigneur dit ensuite à sa fille qu’il aimait :
« Lumière de mes yeux, ma fille, n’oublie jamais
De garder avec toi ces clefs que je t’offre
Et qui ouvrent, emplis de trésors, tous mes coffres. »
Le père mourut, et la mère, sans trembler du sort,
Dit à sa fille : « Je vais mourir comme il est mort ;
Prenez ma baguette et cette petite bouteille
Qui guérit de toutes les blessures vermeilles.
Emportez-les avec vous, sans être oublieux
Si vous décidez un jour de quitter ces lieux,
De les confier aux deux gardes de la porte. »
Quand la mère de la Fleur du rocher fut morte
Et que ses deux parents eurent été enterrés,
Jean dit à sa femme : « Comme toi je suis éploré,
Mais je ne te cache point que je crains que ma vie
Ne me soit, si nous restons ici, ravie.
De ce château jamais je ne me lasserai,
Mais, si les soldats m’y trouvaient, je passerais
En conseil de guerre, et ma mort serait certaine. »
« Cette grotte de ton fort est bien lointaine,
Lui répondit sa femme. Nul ne nous trouvera
Et jusqu’à ce château dans la grotte nous suivra.
Je ne comprends point ce désir qui te torture,
Pourquoi veux-tu ainsi courir les aventures
Alors que nous sommes riches et le serons toujours,
Comme nos enfants après nous ? Restons, mon amour. »
Mais Jean avait envie d’éprouver son épée,
Et, rêvant déjà de travaux et d’épopées,
Supplia sa femme qui finit par consentir.
Ils dirent aux deux gardiens, avant de repartir,
Que s’ils ne revenaient point de leur deuxième voyage
Le château serait à eux. Dans le sillage
De son mari, cette fois, la belle Fleur du rocher
Le suivit, et quand ils finirent par s’approcher
Du fort de la Corbière, Jean rejoignit son poste.
De son départ on sut la nouvelle funeste,
Et, comme il s’absenta dix-huit mois sans raison,
On l’arrêta bientôt et le mit en prison.
Sa femme, qui était pendant ce temps enceinte,
Alla demeurer près du fort, et Jean, sans crainte,
Lui défendit de se servir, pour le sauver,
De sa baguette, afin de ne pas le priver
De l’occasion de faire usage de son arme
Et d’éprouver, dans la bataille, ses charmes.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

jeudi 8 janvier 2015

Conte: La Fleur du rocher (Partie II)

CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE II


II. Comment Jean Cate alla au château de la Fleur du rocher, qui devint son épouse

Jean Cate retourna au port et ne parla point
De son aventure, mais il avait besoin
De revoir la jolie et mystérieuse dame,
Le cœur embrasé d’une irrésistible flamme.
Tous les jours, sur le fort, en faisant son devoir,
Du côté de la mer il croyait la revoir,
Mais il voyait souvent de bonnes femmes vertes et sages,
Vieilles comme les chemins et blanches comme la neige,
Et qui, contentes des vents et de la saison,
Étendaient doucement leur linge sur les gazons.
Une semaine après, n’étant pas de service,
Jean aperçut la dame qu’un mystérieux caprice
Faisait revenir au même endroit, et il sortit
Et à sa rencontre, sans réfléchir, partit,
Emportant sa perche comme s’il allait à la pêche.
Il descendit encore la falaise rêche
Et, arrivé auprès de la Houle, aussitôt
Vit une table emplie de fruits, de vins, de gâteaux
Et d’autres délices. La dame, de le revoir aise,
Lui dit de s’asseoir, à côté d’elle, sur une chaise.
« Eh bien, demanda-t-elle à l’hôte qui la chérit,
Jean Cate, de tes blessures es-tu bien guéri ? » 
« Ah ! oui, répondit-il. Grâce à vous, madame. »
« Ne m’appelle pas ainsi, dit la jeune femme,
Je suis demoiselle, et ne vais point te cacher
Que l’on me donne le nom de la Fleur du rocher. »
« Ah ! voilà un nom qui vous sied à merveille,
Même si à nulle autre fleur vous n’êtes pareille. »
S’écria le soldat épris, qui eut recours
A toute son éloquence pour lui faire la cour,
En mangeant dans ce bel endroit avec elle.
Il lui dit qu’elle était aussi bonne que belle,
Et que revoir ses yeux était son seul désir ;
Comme elle semblait y prendre grand plaisir,
Il lui avoua qu’il voulait, sans attente,
Et si elle y était, certes, consentante,
Qu’elle devînt son épouse, mais il voulait savoir
Si elle était femme ou fée. Elle, sans s’émouvoir,
Lui dit : « Des fées ? Croirais-tu à ces histoires ?
Je suis la fille d’un seigneur de grande gloire,
Si tu viens avec moi au château paternel,
Tu y recevras un bel accueil fraternel. »
Jean était content ; il se disait, tout de même : 
« Si je vais avec cette demoiselle que j’aime,
Je passerai pour un lâche et pour un déserteur,
Mais à ces douces grâces, à ces charmes transporteurs,
Qui peut résister ? Non, que le Diable m’emporte !
Être avec une femme qui vous réconforte
Et vous embrasse, est mieux que le vent et le froid.
Rien, hormis la perdre, ne m’inspire de l’effroi,
Et le ciel ne fait pas toujours tomber du cuivre. »
Il demanda à la dame : « Comment vous suivre ?
Nous nous perdrons sans doute, n’ayant point de flambeaux,
Dans cette grotte où il fait noir comme dans un tombeau. »
« Ne t’ai-je pas passé sur les yeux du baume magique ?
Allons, n’aie point peur et sois plus énergique,
Répondit la Fleur du rocher, car grâce à lui
Nous n’aurons besoin de nul flambeau qui reluit. »
Quand ils finirent de manger, une vieille
Couverte de goumon, à une sirène pareille,
Vint desservir la table, légère comme l’air.
Jean et la demoiselle, dans la grotte, voyaient clair
Comme s’ils étaient en plein jour, et sa sombre marge,
En s’avançant devenait encore plus large.
Jean, stupéfait, croyait qu’il perdait la raison
En voyant des chemins parsemés de maisons
Et des champs tout radieux, somptueux voilages,
Et il passa devant plus de dix villages
Avant d’arriver au château, voulant souvent
Savoir où ils allaient, rapides comme le vent.
« Le château n’est pas loin. » Lui disait, aimante,
La Fleur du rocher qui lui souriait, charmante.
Ils arrivèrent, tandis que Jean encor rêvait,
A une grande avenue royale où il y avait
Des fleurs parfumées et des arbres de toutes sortes.
Au bout de l’avenue se tenaient à la porte
Deux gardiens qui semblaient avoir plus de mille ans.
Le père et la mère avaient les cheveux blancs
Et de vieux crapauds ils avaient la peau hideuse.
Jean trembla, malgré lui, de leur mine hasardeuse,
Et dit à son épouse : « Sont-ce là vos parents ? »
« Tu les verras bientôt tout à fait différents,
Lui dit-elle en riant, ils éprouvent ton courage. »
Changeants, en effet, comme s’ils étaient des mirages,
Dès qu’ils entrèrent dans un appartement,
Le seigneur et sa femme embrassèrent fortement
Jean Cate, et ils devinrent aussi beaux que leur fille.
Ils l’accueillirent comme un membre de leur famille,
Et bien qu’ils fussent très riches, consentirent sans effort
A ce mariage, et leurs parents n’étant point morts,
Avec tous leurs amis ils les invitèrent
Aux belles noces que dans le château ils célébrèrent.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 7 janvier 2015

Conte: La Fleur du rocher (Partie I)

CONTE: la fleur du rocher (PARTIE I

Conte dédié à mon frère Firas

I. Comment Jean Cate rencontra une mystérieuse dame dans la Houle de la Corbière, et le serment qu’elle lui fit faire

Il y avait un soldat qui s’appelait Jean Cate
Et, quand il n’était pas de service, avait hâte
De descendre le long de la falaise pêcher
Au pied du fort de la Corbière, sur les rochers.
Un jour que sa perche ne prenait pas grand’chose,
Il eut envie d’aller voir un lieu dont on cause
Beaucoup dans le pays, que jadis on appelait
La Houle de la Corbière, et que l’on affublait
De mystérieux pouvoirs. Les vieillards qui méditent
Disaient que de belles fées jusqu’à ce jour l’habitent,
Et de voir leur demeure Jean était bien curieux.
Descendant de la Houle les rochers périlleux
Qui conduisaient à une ténébreuse grotte,
Il marcha sans savoir sur un peu de crotte,
Le pied lui manqua, et bien qu’il fût fort adroit,
Il glissa du haut de ce dangereux endroit,
Se meurtrit un côté dans sa chute effrayante,
Et tomba au fond de la tranchée verdoyante.
Il perdit connaissance ; quand il ouvrit les yeux,
Il vit, auprès de lui, une femme au front radieux
Qui lui dit : « Mon pauvre Jean Cate, je doute
Que tu aimes ce que ta curiosité te coûte. »
« Ah ! ma bonne Vierge, répondit le soldat,
Dieu vous envoya-t-il à moi pour qu’il m’aidât ? »
« Je ne mérite point ce nom que tu me donnes,
Dit la jeune femme. Je ne suis qu’une personne
Qui vient ici afin de te porter secours. »
« Hélas, répondit Jean Cate, au trépas je cours
Car j’ai été meurtri des pieds à la tête. »
« A te guérir de tes blessures je suis prête,
Mais promets-moi de ne jamais parler, d’abord,
Même si ta langue de t’en vanter te mord,
De ce que je vais, pour te soulager, faire. »
« Je ferai, s’écria Jean, ce qui vous va plaire,
Et je jure sur ma vie de demeurer discret
Et de garder toujours caché votre secret. »
La jeune femme prit dans sa poche une bouteille,
Et avec l’onguent dont elle était vermeille
Lui frotta tout le corps. Il sentit le repos
Et redevint, ainsi qu’avant sa chute, dispos.
La jeune dame lui dit : « Jamais plus ne songe
A ta curiosité périlleuse qui te ronge ;
Ne reviens plus ici. » Jean Cate pensait bien
Qu’elle était une fée, mais ne lui en dit rien.
« Comment pourrai-je vous montrer ma gratitude ?
Lui demanda-t-il. Dans l’affreuse solitude
Je périssais sans doute, mais vous m’avez sauvé. »
La fée lui répéta de tout garder privé ;
Avant de partir, Jean lui demanda encore :
« Quel est votre nom, dame belle comme l’aurore,
Et pourrai-je quelquefois au moins vous revoir ? »
« Tu le connaîtras si tu remplis ton devoir,
Répondit la jeune femme, mais si tu te vantes
De ce que tu as vu, ta mort sera suivante. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène