mercredi 7 janvier 2015

Conte: La Fleur du rocher (Partie I)

CONTE: la fleur du rocher (PARTIE I

Conte dédié à mon frère Firas

I. Comment Jean Cate rencontra une mystérieuse dame dans la Houle de la Corbière, et le serment qu’elle lui fit faire

Il y avait un soldat qui s’appelait Jean Cate
Et, quand il n’était pas de service, avait hâte
De descendre le long de la falaise pêcher
Au pied du fort de la Corbière, sur les rochers.
Un jour que sa perche ne prenait pas grand’chose,
Il eut envie d’aller voir un lieu dont on cause
Beaucoup dans le pays, que jadis on appelait
La Houle de la Corbière, et que l’on affublait
De mystérieux pouvoirs. Les vieillards qui méditent
Disaient que de belles fées jusqu’à ce jour l’habitent,
Et de voir leur demeure Jean était bien curieux.
Descendant de la Houle les rochers périlleux
Qui conduisaient à une ténébreuse grotte,
Il marcha sans savoir sur un peu de crotte,
Le pied lui manqua, et bien qu’il fût fort adroit,
Il glissa du haut de ce dangereux endroit,
Se meurtrit un côté dans sa chute effrayante,
Et tomba au fond de la tranchée verdoyante.
Il perdit connaissance ; quand il ouvrit les yeux,
Il vit, auprès de lui, une femme au front radieux
Qui lui dit : « Mon pauvre Jean Cate, je doute
Que tu aimes ce que ta curiosité te coûte. »
« Ah ! ma bonne Vierge, répondit le soldat,
Dieu vous envoya-t-il à moi pour qu’il m’aidât ? »
« Je ne mérite point ce nom que tu me donnes,
Dit la jeune femme. Je ne suis qu’une personne
Qui vient ici afin de te porter secours. »
« Hélas, répondit Jean Cate, au trépas je cours
Car j’ai été meurtri des pieds à la tête. »
« A te guérir de tes blessures je suis prête,
Mais promets-moi de ne jamais parler, d’abord,
Même si ta langue de t’en vanter te mord,
De ce que je vais, pour te soulager, faire. »
« Je ferai, s’écria Jean, ce qui vous va plaire,
Et je jure sur ma vie de demeurer discret
Et de garder toujours caché votre secret. »
La jeune femme prit dans sa poche une bouteille,
Et avec l’onguent dont elle était vermeille
Lui frotta tout le corps. Il sentit le repos
Et redevint, ainsi qu’avant sa chute, dispos.
La jeune dame lui dit : « Jamais plus ne songe
A ta curiosité périlleuse qui te ronge ;
Ne reviens plus ici. » Jean Cate pensait bien
Qu’elle était une fée, mais ne lui en dit rien.
« Comment pourrai-je vous montrer ma gratitude ?
Lui demanda-t-il. Dans l’affreuse solitude
Je périssais sans doute, mais vous m’avez sauvé. »
La fée lui répéta de tout garder privé ;
Avant de partir, Jean lui demanda encore :
« Quel est votre nom, dame belle comme l’aurore,
Et pourrai-je quelquefois au moins vous revoir ? »
« Tu le connaîtras si tu remplis ton devoir,
Répondit la jeune femme, mais si tu te vantes
De ce que tu as vu, ta mort sera suivante. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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