samedi 10 janvier 2015

Conte: La Fleur du rocher (Partie IV)

CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE IV


IV. Les prouesses de Jean, qui eut l’occasion d’éprouver son épée enchantée

Le commandant de Jean alla, un jour, le voir,
Et lui dit : « Tu as fui lâchement ton devoir,
Et tu as agi comme un ignoble pleutre.
On te fusillera ; c’est ce qu’on fait aux traîtres. »
Avant de repartir, il s’était aperçu
Qu’à la place du sabre grand qu’il avait reçu
Jean avait un autre, plus petit. L’homme glabre
S’écria : « Parbleu ! Où est, soldat, ton sabre ? »
Jean Cate lui répondit que, malgré tous ses soins,
On le lui vola. « Tu n’en auras plus besoin,
Repartit le bonhomme, une fois dans la tombe.
On attendra, d’abord, que la nuit tombe,
Et on te fusillera au fort demain matin. »
De notre héros ce n’était point le destin ;
L’ennemi attaqua, le soir. Pour faire riposte,
Le commandant de ses soldats changea les postes
Et fit libérer les prisonniers en renfort
En leur donnant l’ordre de défendre le fort
S’ils voulaient de nouveau faire partie de l’armée.
Content de se servir de son épée charmée,
Jean Cate lui demanda, afin de se racheter
Et de se faire pardonner enfin pour sa lâcheté,
De marcher en tête de tous ses autres frères.
Il accepta et lui dit, toujours sévère :
« Tu seras fusillé, mais par l’ennemi. Va, meurs. »
A la tête de l’armée, Jean commanda, sans peur,
A son épée : « Tranche à mille ennemis la tête. »
Mille soldats tombèrent, comme frappés par la tempête,
Le commandant, ébloui, cria : « Calamité !
Voilà un coup d’épée qui reste inimité. »
Les ennemis, étonnés d’abord, continuèrent
A s’avancer, et sur Jean Cate se ruèrent,
Mais il joua encor du sabre et fit périr
Cinq mille courageux soldats, sans coup férir.
Trois jours après, l’armée ennemie revint encore
Et assaillit le fort un peu après l’aurore ;
Jean dit à son épée : « Terrasse tous les ennemis. »
Pour vaincre toute l’armée moins de temps fut mis
Qu’il ne faut pour cligner de l’œil. Ses camarades
L’applaudirent, et Jean Cate monta vite en grade
Et devint un héros sans voir son front moitir.
Comme son régiment devait bientôt partir,
Il dit au commandant : « Je veux voir ma femme. »
« Oui, répondit-il, mais reviens vite. Madame
Sera cantinière, si certes elle y consent. »
« Je ne demeurerai pas trop longtemps absent,
Repartit Jean. Mais ma femme, fort belle et fort fière,
Viendra avec moi sans être cantinière. »
Il y consentit sans effort, et Jean alla
Voir sa femme, mère d’un beau garçon, qui s’installa
Au fort, et le suivit de victoire en victoire,
Remportant des batailles restées dans la mémoire,
Et soigna les blessés, qui n’étaient point nombreux,
A l’aide de sa bouteille emplie du baume heureux.
Jean monta de grade en grade avec assurance
Et devint, après le roi, premier en France.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: