CONTE: LA FLEUR DU ROCHER (PARTIE IV)
IV. Les prouesses de Jean, qui eut l’occasion d’éprouver
son épée enchantée
Le commandant de Jean alla, un jour, le
voir,
Et lui dit : « Tu as fui
lâchement ton devoir,
Et tu as agi comme un ignoble pleutre.
On te fusillera ; c’est ce qu’on
fait aux traîtres. »
Avant de repartir, il s’était aperçu
Qu’à la place du sabre grand qu’il avait
reçu
Jean avait un autre, plus petit. L’homme
glabre
S’écria : « Parbleu !
Où est, soldat, ton sabre ? »
Jean Cate lui répondit que, malgré tous
ses soins,
On le lui vola. « Tu n’en auras
plus besoin,
Repartit le bonhomme, une fois dans la
tombe.
On attendra, d’abord, que la nuit tombe,
Et on te fusillera au fort demain matin. »
De notre héros ce n’était point le
destin ;
L’ennemi attaqua, le soir. Pour faire
riposte,
Le commandant de ses soldats changea les
postes
Et fit libérer les prisonniers en
renfort
En leur donnant l’ordre de défendre le
fort
S’ils voulaient de nouveau faire partie
de l’armée.
Content de se servir de son épée
charmée,
Jean Cate lui demanda, afin de se
racheter
Et de se faire pardonner enfin pour sa
lâcheté,
De marcher en tête de tous ses autres
frères.
Il accepta et lui dit, toujours sévère :
« Tu seras fusillé, mais par l’ennemi.
Va, meurs. »
A la tête de l’armée, Jean commanda,
sans peur,
A son épée : « Tranche à
mille ennemis la tête. »
Mille soldats tombèrent, comme frappés
par la tempête,
Le commandant, ébloui, cria : « Calamité !
Voilà un coup d’épée qui reste inimité. »
Les ennemis, étonnés d’abord,
continuèrent
A s’avancer, et sur Jean Cate se
ruèrent,
Mais il joua encor du sabre et fit périr
Cinq mille courageux soldats, sans coup
férir.
Trois jours après, l’armée ennemie
revint encore
Et assaillit le fort un peu après l’aurore ;
Jean dit à son épée : « Terrasse
tous les ennemis. »
Pour vaincre toute l’armée moins de
temps fut mis
Qu’il ne faut pour cligner de l’œil. Ses
camarades
L’applaudirent, et Jean Cate monta vite
en grade
Et devint un héros sans voir son front
moitir.
Comme son régiment devait bientôt
partir,
Il dit au commandant : « Je
veux voir ma femme. »
« Oui, répondit-il, mais reviens
vite. Madame
Sera cantinière, si certes elle y
consent. »
« Je ne demeurerai pas trop
longtemps absent,
Repartit Jean. Mais ma femme, fort belle
et fort fière,
Viendra avec moi sans être cantinière. »
Il y consentit sans effort, et Jean alla
Voir sa femme, mère d’un beau garçon,
qui s’installa
Au fort, et le suivit de victoire en
victoire,
Remportant des batailles restées dans la
mémoire,
Et soigna les blessés, qui n’étaient
point nombreux,
A l’aide de sa bouteille emplie du baume
heureux.
Jean monta de grade en grade avec
assurance
Et devint, après le roi, premier en France.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
samedi 10 janvier 2015
Conte: La Fleur du rocher (Partie IV)
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