LE SOMMEIL DE MERLIN L’ENCHANTEUR (Treizième PARTIE)
XIII
« Je veux une
seule chose, gage de ta confiance,
Pour t’aimer à
nouveau : l’anneau de Radiance
Que je vois
rayonner dans l’azur de ton doigt.
Ô, Merlin !
Si tu m’aimes comme je t’aime, tu dois
En faire présent à
ton amante choyée !
Si tu m’en juges
indigne, j’en serai indignée
Et blessée par la
griffe de la fatalité ;
Il me donnera la
joie et l’immortalité,
Et me délivrera de
toutes les souffrances
Et des tourments
des morts et des renaissances ! »
« L’anneau de
Radiance ! Je serais plutôt mort
Et tu
m’arracherais plus facilement l’âme du corps,
Amante maudite qui
veut que je daigne
La supplier et la
prier pour qu’elle règne,
Que cet anneau du
doigt ! » Dit à Viviane l’élu.
« Ah !
Je le savais ! Tu ne m’aimeras donc plus,
Tu aimes ta Radiance
et tu me détestes !
Pourquoi me
réveiller avec ta lyre céleste ?
Pourquoi me
reprendre à l’abîme et au sommeil ?
Est-ce pour me
jeter aux démons à mon réveil ?
Je vais donc
replonger promptement au gouffre,
Et je souffrirai
car tu veux que je souffre !
Je serai la voile,
les ombres seront les flots ! »
Dit Viviane avec
des larmes et des sanglots,
Se roulant sur sa
couche comme une harpie ailée.
Elle était plus
belle dans sa douleur échevelée
Que dans son
sourire calme et enveloppeur,
Elle montrait de
sa chair la charmante blancheur,
Et ses mains, qui
tenaient le pan de sa robe,
De sa généreuse
poitrine montraient les globes
Et la mollesse de
ses genoux entrelacés.
Merlin la
regardait, par ses pleurs terrassé,
Car ils lui
semblaient des rayons indélébiles,
Et en la
contemplant resta immobile.
Ce corps
séduisant, sur lui-même ployé,
Cette voix
suppliante et ces yeux noyés,
L’appelaient
éperdument ; ces grâces souveraines
Lui
disaient : « De nous il faut que tu t’éprennes !
Bois le baiser de
Viviane et aime-la !
Bois son baiser et
tu ne seras plus las !
Ne prive point tes
lèvres de ses lèvres humides !
Merlin !
Merlin ! Tu es un voyageur livide,
La source est
devant toi et tu restes assoiffé ! »
Une voix plus
profonde lui disait : « Étouffé
Par les soupirs et
les remords, misérable,
Tu erreras,
Merlin, et tu seras coupable
Si tu brises la
chaîne de tes éternels vœux !
Cesse de
contempler les seins et les cheveux
De cette fée qui
brave ta sagesse et ton courage ! »
« Femme d’en
bas, fée trompeuse, éternel mirage !
Noire
abomination ! Cria Merlin tout haut.
Tu m’as pris mon
roi et mon peuple, et il faut
Que tu me prennes
aussi mon âme, criminelle !
Tu ne l’auras
pas ! Radiance m’appelle,
A tes larmes, à
tes charmes, je désobéirai !
Seul avec ma
harpe, en moi-même je retrouverai
Mon ciel et mes
génies dont tes grâces me privent !
Je lirai les mots
que les éléments écrivent,
Je serai à nouveau
béni et clairvoyant !
Je m’envolerai
dans les cieux, en déployant
Pareil à un
oiseau, mes ailes grandes ouvertes !
Tu veux ma
damnation et tu veux ma perte ;
J’étais amoureux,
tu fus rusée, je fus sot ! »
A ces mots
Viviane, avec un soubresaut,
Se redressa comme
une druidesse en furie.
« Puisque je
ne suis plus ta Viviane chérie,
Puisque pour toi
je suis la nuit et le mal,
Avec un autre
amant qui sera ton rival
Et qui consolera
mon âme de toi lasse,
J’irai à l’abîme.
Mordred prendra ta place
Et s’endormira,
comme toi jadis, dans mon lit.
Dit-elle au barde
qui l’écoutait et pâlit.
Il m’aima jadis,
je refusai ses caresses,
Et je l’arracherai
à la reine qui le presse
Comme je te
pressais, contre son sombre sein !
Me chérir,
m’adorer, seront ses seuls desseins,
Et ce baiser
d’oubli que Merlin rejette,
C’est lui qui
l’aura ! Je serai sa sujette
Et il sera mon
maître. Viviane en périra,
Et
toi, volage amant, toi, tu en souffriras ! »
Merlin, troublé par
cette menace passionnée,
Se représenta la
belle fée abandonnée
Dans les bras de
Mordred par sa bouche embrassé
Et par ses doigts
et ses sourires caressé.
Elle sera son
amante ! Elle sera son épouse !
Merlin en
ressentit une torture jalouse
Qui rongea son
cœur par son amour humilié
Comme un vautour
ronge un cadavre oublié
Dans un champ de
bataille, fétide et roide,
Et bercé par les
chants de la houle froide.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
samedi 1 septembre 2012
Le sommeil de Merlin l'enchanteur (treizième partie)
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