Le sommeil de Merlin l’enchanteur
I
Carmélis, une
pieuse nonne qui chaque jour prie,
Vivait loin des
hommes dans un couvent de Cambrie.
Fille d’un roi
maudit qui mourut assassiné
Et par ses rivaux
et le sort découronné,
De son siècle elle
avait fui la violence ;
Derrière ces murs
que le lierre, avec indolence,
Caressait, dans ce
havre perdu dans les bois
Où, hormis les sœurs,
nul mortel ne la voit,
Elle priait et
chantait les divins mystères.
Son cœur était pur
comme cet antique monastère
Et son âme
virginale d’une séraphique douceur,
Mais malgré leur
amour et leur respect, ses sœurs
Etaient toutes
étonnées et parfois effrayées
De sa rêveuse
pitié pour les choses ployées
Et les êtres
inférieurs : hommes, plantes et animaux
Dont elle
pardonnait les fautes et plaignait les maux.
On la voyait
toujours dire une prière
Pour les méchants
qui errent loin de la lumière
Et pour tous les
pécheurs, qu’elle trouvait malheureux ;
Elle semblait entendre
les soupirs douloureux
Des âmes écrasées,
comme la nuit obscures,
Bien qu’elle fût
douce, bien qu’elle fût vierge et pure,
Elle semblait
penchée avec curiosité
Sur l’abîme
profond de la noire humanité
Où elle
contemplait les âmes abhorrées.
Son âme s’envolait
aux sphères éthérées
Quand elle s’endormait.
Quand elle se réveillait,
Son cœur compatissant
sans cesse surveillait
Les humains, et
sans cesse gémissait de leurs fautes.
Elle disait à ses sœurs : « Quand
la cime est plus haute
La chute est plus
terrible. J’ai le cœur plein d’effroi
Quand je songe au
destin des héros et des rois
Qui portent la
couronne que porta mon père !
Les lauriers sont
fourbes, l’or est éphémère,
Mais ces
misérables, eux, ne le savent pas !
Priez pour eux,
priez aussi pour l’esclave las
De l’oppression de
son fardeau et de ses chaînes !
Nous sommes les
épouses de Dieu, mais nous sommes humaines
Et le sort des
mortels, tout comme notre sort,
Nous importe et
doit nous remplir de remords ;
Pour les hommes
écrasés et ceux qui les écrasent
Priez ! »
Une nuit, dans une de ses extases,
Elle vit les sept
Archanges, blancs et debout autour
Du Soleil divin
plus radieux que le jour.
Leurs ailes
étaient ployées et leurs épées cachées
Et devant le
Seigneur leurs têtes étaient penchées ;
Leurs yeux
rayonnaient comme rayonne le matin.
La nonne était
éblouie par ces spectres hautains
Mais n’avait point
peur. « Ils sont heureux, dit-elle,
Ces divins
messagers de la Gloire éternelle !
Mais que suis-je
pour eux, et que sont-ils pour moi ?
Malgré ma pureté
et malgré ma foi,
Je suis de la
poussière et je suis de la fange
Et invisible pour
ces augustes archanges !
Dieu, si vous m’entendez,
sachez que je veux voir
Le Tombé, le
Maudit qui souffre sans espoir,
Lucifer, votre
fils déchu que vous bannîtes
Du divin Royaume
que ses frères habitent !
Seigneur, je veux
le voir, je veux le consoler,
Car nul ne prie
pour lui, et il est esseulé,
Son cœur est
sombre et son âme est affligée ! »
Aussitôt Carmélis
fut dans l’abîme plongée.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
lundi 20 août 2012
Le sommeil de Merlin l’enchanteur (première partie)
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: