LE SOMMEIL DE MERLIN L’ENCHANTEUR (cinquième PARTIE)
V
Sur une des côtes
du pays de Galles,
Il y avait jadis
une grotte profonde et pâle
Appelée la grotte
d’Ossian, et qu’un éboulement
Des humaines
mémoires effaça lentement.
Comme la grotte de
Fingal, dans les Hébrides,
Cette antique
grotte, qui avait beaucoup de rides,
Semblait ronger le
mont et semblait s’en nourrir.
On racontait qu’Ossian
fit, avant de mourir,
Venir le vent
dompté, et lui ordonna : « Creuse ! »
Pour bâtir cette
cachette sacrée et mystérieuse
Avec les colonnes
de basalte sculpté.
C’est là que les
anciens bardes venaient chanter
A l’intérieur du
mont, dans ses salles naturelles,
Les dieux
immortels et les déesses immortelles ;
Quand la nuit
tombait, loin des hommes et des rayons,
Ils y tenaient,
voilés, leurs secrètes réunions,
Et après une
épreuve rude et solennelle,
Consacraient leurs
prophètes dans l’ombre éternelle.
Devant cette
grotte, une lande s’étendait,
Incommensurable.
La nuit, on entendait
Des bruits
étranges quand on passait près d’elle,
Les moines l’appelaient
la lande mortelle
Et la lande
maudite, ils la voyaient tremblants,
N’osant point
fouler son sol terrible en allant
A leurs églises,
car ils la croyaient charmée.
D’un cercle de
pierres sombres elle était semée,
A leur centre il y
avait, édifice du Destin,
Une pyramide
énorme et dont l’œil est hautain,
Qui montait jusqu’aux
cieux, fière et colossale,
Et mystérieuse
comme la grotte d’Ossian et ses salles.
On appelait ce
menhir, avec vénération,
La pierre de l’épreuve
et de l’inspiration,
L’aspirant devait
dormir une nuit entière
Près de cette
construction antique et altière,
Pour être
réveillé, au lever du soleil,
Par le chœur des
bardes de son blême sommeil.
Parfois, bercé par
leurs chants et leur musique,
Il racontait son
rêve en un chant rythmique
Et devenait
barde-prophète et confident
Du génie divin.
Mais il arrivait souvent
Que l’aspirant
fuyait, plein de peur et de honte,
Cette pierre noire
qui au firmament monte,
Pour devenir poète
ou bien devenir fou.
C’est là que
Taliésinn, vieillard au sourire doux,
Conduisit, entouré
du collège bardique,
Son disciple
Merlin, fils d’une nonne pudique
Et d’un ange
déchu, et lui dit : « Tu connais
Nos secrets, tu as
vu l’abîme où la vie naît,
Nous t’avons
montré la clé des trois existences,
Ton esprit est
empli de notre science,
Parmi nous tu
pouvais vivre sans nul souci
Et rester, jusqu’à
ta mort, tranquille ici.
Mais puisque tu
veux t’élever au rang suprême,
Je dois t’avertir,
moi ton père qui t’aime.
Bien que les
signes te soient favorables, entends
Ce que je dis :
une grande mission t’attend,
Lorsque jusqu’au
cercle supérieur on s’élève,
La vie d’humble
mortel brusquement s’achève,
Et on retombe à l’abîme
plus facilement.
Merlin, tu erreras
dans le noir firmament,
Tu seras prophète.
Mais avant, prends garde
Et sache que la
folie et la mort te regardent,
Pareilles à des
spectres maudits et malveillants.
Tu lutteras avec
les démons et les géants
Et toutes les
puissances funestes et mauvaises,
Et il te semblera
parfois qu’elles t’écrasent,
Mais tu verras
aussi le rayon divin
Reluire pour toi. »
A ce moment Gildas vint
Son bâton pastoral
à la main, en errance.
Aux bardes il jeta
un regard plein de défiance
Et dit à leur
disciple : « Ta mère a failli,
Elle était l’épouse
de Dieu et l’a trahi,
Comme elle, l’esprit
malin ronge ton âme noire !
Malheur à qui
cherche les rayons et la gloire
Sans la sanction
de notre Église et son secours !
Ces hérétiques te
bercent, à ta perte tu cours,
Mais je veux te
sauver : suis-moi, fais pénitence,
Deviens moine et
retrouve ton innocence,
Tu expieras tes
fautes, tu ne gémiras plus
Et je te donnerai
moi-même le pain du salut. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
vendredi 24 août 2012
Le sommeil de Merlin l’enchanteur (cinquième partie)
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