LE SOMMEIL DE MERLIN L’ENCHANTEUR (septième PARTIE)
VII
Un sommeil
profond, dans cette lande nue,
D’une félicité
sublime et inconnue
Emplit le cœur du
barde. Les ondes du Léthé
Dans son cœur
harmonieux semblaient doucement chanter,
Une lumière
radieuse comme une divine victoire
Effaçait les noms
et les choses de sa mémoire
Et les yeux de son
âme s’ouvrirent tout à coup.
Il vit une
créature au visage blanc et doux
Qui reluisait
comme une étoile lointaine,
Et qui était si
belle qu’elle était hautaine ;
Il s’enivrait de
son angélique beauté,
Admirait son
charme et sa puissante santé,
Car son âme de son
âme était éprise.
Sur la pointe d’un
grand rocher assise,
Elle tenait sous
son aile une harpe d’argent,
Et à Merlin qui la
contemplait en songeant
Dit : « N’en
doute point, je suis celle que tu cherches,
Vers moi tu t’envoles
et vers moi tu marches,
Je suis ta sœur
céleste et ta douce moitié !
Jadis, avant que
ton père ne fût châtié,
T’en
souviens-tu ? Dans un monde divin nous fûmes
Eternellement
unis. Comme les autels qui fument
Et emplissent les
cieux de l’odeur des encens,
Nos deux cœurs
répandaient un parfum puissant !
Tu m’appelais ton
amante et ta Radiance,
Nous errions dans
les prés verts comme l’enfance,
Notre foyer était
l’Atlantide, sur nous
Les fruits de la
sagesse tombaient, et à genoux
Nous priions la
nature immense et infinie ;
Nous conversions
avec les célestes génies
Qui des mondes
sont les divins animateurs,
Qui sont nos
confidents et sont nos créateurs,
Nous rayonnions
comme le soleil rayonne !
Mais pour
conquérir à nouveau ta couronne,
De moi tu fus,
malgré mes prières, séparé.
Depuis je te
pleure, ô, amant adoré,
Dans les félicités
du ciel je suis blême ! »
Le prophète
murmura : « S’il est vrai que tu m’aimes,
Descends sur la
Terre ! » « Merlin, tu dois savoir
Que, femme de la
Terre, je perdrais mon pouvoir
Et des éléments je
subirai l’empire.
C’est toi que
j’aime et c’est pour toi que je soupire,
Et c’est notre
destin d’être toujours unis
Dans cette planète
étroite et le ciel infini !
Pour toi, je
braverai du sort les sombres ruses,
Je serai ta force,
ton génie et ta Muse !
Tu entendras ma
voix et tu me reverras
Quand le sommeil
pesant qui t’appesantira
Te fera voyager au
monde des songes. »
« Je t’aime,
divin esprit, et ton amour me ronge !
S’écria Merlin. Au
nom de tous mes émois,
Ange aux ailes
blanches et radieuses, laisse-moi
De ta rêveuse
présence un éternel gage. »
« Vois-tu
cette harpe qui gémit et qui soulage
Les hommes et les
anges ? Elle est à toi.
Tu seras, grâce à
elle, le guide d’un roi,
L’enchanteur des
hommes et le voyant du peuple.
Les trois mondes
tremblent quand ses cordes tremblent,
Et je te parlerai
quand tu la toucheras.
C’est Radiance
amoureuse que tu invoqueras,
Alors n’oublie
point ce nom ! » La voix cristalline
De cette
apparition mystérieuse et divine
Fit soupirer
Merlin qu’enflammait le désir.
Il voulut regarder
Radiance et la saisir,
Mais il ne vit que
deux ailes, vastes et amoureuses,
Qui sur sa tête se
déployaient, lumineuses,
Une lueur dans
l’espace, sur son front un baiser,
Et il se trouva
seul, par ses feux embrasé.
Quand les bardes
royaux de la grotte sortirent,
Merlin
s’éveillait, et surpris ils le virent
A son cou une
étoile, la harpe dans ses bras.
Taliésinn
reconnut, en voyant son aura,
Et en voyant aussi
ces deux divins signes,
A son disciple
qu’il aimait les dons insignes
De l’inspiration
et de la magie. Chantant,
L’élu prédit,
devant tous les bardes contents,
Des Bretons
victorieux les futures victoires
Et du roi Arthur
la grandeur et la gloire,
Il chanta la terre
et il chanta les flots,
Et des bardes il
reçut la couronne de bouleau
Et l’écharpe
bleue, et dans la grotte dorée
Fut consacré
prophète après l’épreuve sacrée.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
dimanche 26 août 2012
Le sommeil de Merlin l’enchanteur (septième partie)
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