LE SOMMEIL DE MERLIN L’ENCHANTEUR (quatrième PARTIE)
IV
Son ventre
appesanti et gémissant sans cesse,
Carmélis ne
pouvait plus cacher sa grossesse.
Elle alla à
Gildas, évêque du pays
A qui la Bretagne
soumise obéit,
Dire son noir
secret, frémissante et pâle.
On appliquait
jadis la loi des vestales
Aux nonnes
pécheresses. Gildas eût épargné
La fille d’un
illustre roi qui avait régné
Sur tant d’âmes,
mais quand il sut la manière étrange
Dont la nonne
éprise fut séduite par l’ange,
Il devint fou de
rage et il l’excommunia
En criant : « Comme
Satan, Carmélis, tu renias
Dieu, et tu
succombas aux sombres artifices
De l’Archange
maudit, condamné au supplice !
Epouse de Dieu et
catin de Satan !
Tu es deux fois
maudite ! Sur les landes va-t’en,
Va-t’en, ignoble
et infâme prostituée
Par le Démon, qui
est ton amant, polluée !
Que ton fils soit
maudit ! Que tout foyer chrétien
Te soit
éternellement fermé ! Chez les païens
Va chercher asile,
ces peuples sauvages
Te nommeront leur
Marie, et croiront ton fils sage
Ou prophète ;
je te bannis, va-t’en d’ici ! »
Le père de
Carmélis avait été occis,
L’Église l’abandonnait
comme une vieille harde,
Mais elle
connaissait Taliésinn, grand-barde
Et protégé par un
illustre chef gallois.
Ces bardes
conservaient leurs rites et leurs lois,
Leurs incantations
et leurs primitifs arcanes,
Et se disant
chrétiens, croyaient encore aux mânes
Et vénéraient les
dieux et les héros anciens :
Dôn et ses
enfants, Llyr et ses fils, et Ossian.
Les gens d’église
les qualifiaient de rebelles,
Les flétrissaient
de leurs malédictions cruelles,
Et leurs bouches,
toujours pleines d’inimitié,
Aux puissants
druides et à leurs puissants héritiers
Donnaient les
noirs noms de relaps et d’hérétiques.
Ils eussent,
emplis de leur zèle fanatique,
Assailli ces
barbares par leurs armes assiégés,
Mais ils étaient
puissants et étaient protégés
Par des chefs
courageux, et partout en Bretagne
On vénérait ces
pâles habitants des montagnes
Qui pour le peuple
étaient grands et surnaturels
Et avaient maints
pouvoirs qui leur venaient du ciel.
Auprès d’eux
Carmélis alla chercher refuge
Comme à Ararat Noé
après le Déluge.
Taliésinn
accueillit avec grande bonté
La nonne proscrite
et au cœur agité,
Et il promit à la
mère qui désespère
Qu’il élèvera son
fils comme s’il était son père
Et les protégera
du ténébreux courroux
De l’Église, aux
lèvres un sourire vaillant et doux.
Le barde lui dit : « Sache
que ton fils, le prophète,
Sera célébré par
une grande fête.
Le ciel nous a
parlé de lui, nous l’attendons,
Et de nos dieux
antiques il est le sublime don ;
Il rayonnera et il
éblouira le monde,
C’est ce que nous
ont dit les forêts profondes,
Et les immenses
chênes dont nous seuls comprenons
Le langage, avant
ta venue nous dirent son nom !
Mon toit est le
tien, et ta progéniture
Est la mienne,
vierge à la beauté pure ! »
Carmélis remercia
le barde inspiré
Et enfanta sous
son toit l’enfant vénéré.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
jeudi 23 août 2012
Le sommeil de Merlin l’enchanteur (quatrième partie)
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