lundi 27 août 2012

Le sommeil de Merlin l’enchanteur (huitième partie)


LE SOMMEIL DE MERLIN L’ENCHANTEUR  (huitième PARTIE)



VIII

De ses maîtres ayant reçu le titre pur,
Merlin se rendit à la cour du roi Arthur
Et devint son barde et sa bouche conseillère.
Les farouches Saxons lui faisaient la guerre
Et il devait défendre son empire menacé
Contre ces conquérants sauvages et courroucés
Dont l’invasion semblait une mer de flammes.
Arthur était l’épée et Merlin était l’âme
De cette lutte acharnée. L’un bravement combattait
Et l’autre contemplait le ciel et y guettait
Les signes d’une victoire bénie et certaine.
Mais toute résistance semblait au roi vaine
Car ses ennemis étaient braves et nombreux
Et il était faible, même s’il était preux.
Merlin lui dit : « Mon roi, votre âme est vaillante,
Mais pour vaincre il vous faut l’épée Flamboyante.
Sa poignée est d’onyx, sa lame de pur acier,
Elle reluit comme le jour ; pour que vous terrassiez
Vos ennemis qui de ses rayons se cachent,
Il vous la faut tenir. Elle paralyse le lâche
Mais quand l’homme fort et bon la saisit avec foi,
Elle jette des éclairs et elle brille sept fois,
Pareille à l’arc-en-ciel, lyre des épopées. »
« Ô, Merlin ! Où est donc cette mystérieuse épée ? »
Demanda Arthur. « Elle se trouve sur un mont
Dans l’île lointaine qu’on appelle Avalon,
Au milieu d’une mer par le sang des braves pourprée. 
Un dragon à la gueule sombre en garde l’entrée
Et un aigle énorme dans ses serres la tient. »
Arthur répondit : « Pour que ce royaume soit mien,
Il faut aussi que cette épée soit mienne !
Partons, alors. Et que nos voiles reviennent
Appesanties par cette arme aux rayons vainqueurs ! »
A l’île dangereuse dont le front est songeur
Merlin conduisit le roi. Avec son écharpe
Il étrangla la bête, et avec sa harpe
Comme Orphée, charma l’aigle et l’endormit.

Grâce à l’épée, Arthur terrassa ses ennemis.
A Argoëd et à Kerléon meurtrière,
Les Saxons vaincus de sa lame tremblèrent.
Elle fut vénérée comme la relique d’un saint
Et avec la harpe portée sur un coussin
Devant le roi et le prophète, par des pages,
Tandis que le brave, souriant au sage,
Lui tenait la main. Cette même nuit, Merlin vit
La fée Radiance en songe. Son front était ravi
Comme le front de Merlin après la bataille,
Et elle lui mit au doigt l’anneau de leurs fiançailles
Et lui dit : « Comme la harpe gage de mon amour,
Cet anneau radieux nous unit pour toujours.
Les femmes te séduiront pour que tu le leur donnes,
Garde-toi d’elles et ne le montre à personne,
Au nom de notre amour, de nos feux éternels ! »
Merlin, joyeux, en fit le serment solennel
Et embrassa la fée éprise et affligée.

La gloire du roi et du barde, à son apogée,
Des jaloux assombrit les cœurs noirs et hideux,
Et deux démons humains qui rôdaient autour d’eux
L’un masqué de grâce, l’autre de chevalerie,
Contemplaient envieusement leur douce euphorie.
Le premier s’appelait Mordred, âme pleine de nuit,
Et le deuxième, dont l’œil avide reluit,
Etait l’épouse d’Arthur et s’appelait Genièvre.
Cette succube avait le cœur rongé par la fièvre
De régner, et était lassée de son époux
Qui, bien qu’il fût roi, bien qu’il fût aimable et doux,
Etait plus noble et deux fois plus âgé qu’elle.
C’était une femme altière et sombrement cruelle
Dont la beauté était égale à l’ambition.
Elle vit le neveu du roi, homme sans compassion,
Brave et rusé, feignit d’être amoureuse,
Et le charma avec ses grâces dangereuses.
Mordred, qui fit des Pictes et des Scots les alliés
Du roi Arthur, était son proche chevalier
Et comme sa femme jouissait de toute sa confiance.
Pour eux, cette victoire était une malchance
Car ils voulaient régner, et tous deux secrètement,
Mauvais et ambitieux, impitoyables amants,
Voyant Arthur glorieux, désiraient sa chute
Et maudissaient le barde, qui dans toutes ses luttes
Assistait fidèlement son roi qui l’aimait.
« Ce barde vit et nous ne régnerons jamais !
Dit Genièvre à Mordred, aveuglée par la haine.
Sa magie défie toutes les puissances humaines
Et à Arthur il semble par le ciel envoyé
Pour terrasser le monde par ses victoires ployé !
N’en doute point, Mordred, nous devons l’occire
Si nous voulons être appelés reine et messire.
Tu emploieras ta ruse et moi ma beauté. »
Et les deux amants, pleins d’ombre et de cruauté,
Serpents venimeux qui étaient prêts à mordre,
En songeant à Merlin résolurent de le perdre.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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