LE SOMMEIL DE MERLIN L’ENCHANTEUR (huitième PARTIE)
VIII
De ses maîtres
ayant reçu le titre pur,
Merlin se rendit à
la cour du roi Arthur
Et devint son
barde et sa bouche conseillère.
Les farouches
Saxons lui faisaient la guerre
Et il devait
défendre son empire menacé
Contre ces
conquérants sauvages et courroucés
Dont l’invasion semblait
une mer de flammes.
Arthur était
l’épée et Merlin était l’âme
De cette lutte
acharnée. L’un bravement combattait
Et l’autre
contemplait le ciel et y guettait
Les signes d’une
victoire bénie et certaine.
Mais toute
résistance semblait au roi vaine
Car ses ennemis
étaient braves et nombreux
Et il était faible,
même s’il était preux.
Merlin lui
dit : « Mon roi, votre âme est vaillante,
Mais pour vaincre
il vous faut l’épée Flamboyante.
Sa poignée est
d’onyx, sa lame de pur acier,
Elle reluit comme
le jour ; pour que vous terrassiez
Vos ennemis qui de
ses rayons se cachent,
Il vous la faut
tenir. Elle paralyse le lâche
Mais quand l’homme
fort et bon la saisit avec foi,
Elle jette des
éclairs et elle brille sept fois,
Pareille à
l’arc-en-ciel, lyre des épopées. »
« Ô,
Merlin ! Où est donc cette mystérieuse épée ? »
Demanda Arthur.
« Elle se trouve sur un mont
Dans l’île
lointaine qu’on appelle Avalon,
Au milieu d’une
mer par le sang des braves pourprée.
Un dragon à la
gueule sombre en garde l’entrée
Et un aigle énorme
dans ses serres la tient. »
Arthur
répondit : « Pour que ce royaume soit mien,
Il faut aussi que
cette épée soit mienne !
Partons, alors. Et
que nos voiles reviennent
Appesanties par
cette arme aux rayons vainqueurs ! »
A l’île dangereuse
dont le front est songeur
Merlin conduisit
le roi. Avec son écharpe
Il étrangla la
bête, et avec sa harpe
Comme Orphée,
charma l’aigle et l’endormit.
Grâce à l’épée,
Arthur terrassa ses ennemis.
A Argoëd et à
Kerléon meurtrière,
Les Saxons vaincus
de sa lame tremblèrent.
Elle fut vénérée
comme la relique d’un saint
Et avec la harpe
portée sur un coussin
Devant le roi et
le prophète, par des pages,
Tandis que le
brave, souriant au sage,
Lui tenait la
main. Cette même nuit, Merlin vit
La fée Radiance en
songe. Son front était ravi
Comme le front de
Merlin après la bataille,
Et elle lui mit au
doigt l’anneau de leurs fiançailles
Et lui
dit : « Comme la harpe gage de mon amour,
Cet anneau radieux
nous unit pour toujours.
Les femmes te
séduiront pour que tu le leur donnes,
Garde-toi d’elles
et ne le montre à personne,
Au nom de notre
amour, de nos feux éternels ! »
Merlin, joyeux, en
fit le serment solennel
Et embrassa la fée
éprise et affligée.
La gloire du roi
et du barde, à son apogée,
Des jaloux
assombrit les cœurs noirs et hideux,
Et deux démons
humains qui rôdaient autour d’eux
L’un masqué de
grâce, l’autre de chevalerie,
Contemplaient
envieusement leur douce euphorie.
Le premier
s’appelait Mordred, âme pleine de nuit,
Et le deuxième,
dont l’œil avide reluit,
Etait l’épouse
d’Arthur et s’appelait Genièvre.
Cette succube
avait le cœur rongé par la fièvre
De régner, et
était lassée de son époux
Qui, bien qu’il
fût roi, bien qu’il fût aimable et doux,
Etait plus noble
et deux fois plus âgé qu’elle.
C’était une femme
altière et sombrement cruelle
Dont la beauté
était égale à l’ambition.
Elle vit le neveu
du roi, homme sans compassion,
Brave et rusé,
feignit d’être amoureuse,
Et le charma avec
ses grâces dangereuses.
Mordred, qui fit
des Pictes et des Scots les alliés
Du roi Arthur,
était son proche chevalier
Et comme sa femme
jouissait de toute sa confiance.
Pour eux, cette
victoire était une malchance
Car ils voulaient
régner, et tous deux secrètement,
Mauvais et
ambitieux, impitoyables amants,
Voyant Arthur
glorieux, désiraient sa chute
Et maudissaient le
barde, qui dans toutes ses luttes
Assistait
fidèlement son roi qui l’aimait.
« Ce barde
vit et nous ne régnerons jamais !
Dit Genièvre à
Mordred, aveuglée par la haine.
Sa magie défie
toutes les puissances humaines
Et à Arthur il
semble par le ciel envoyé
Pour terrasser le
monde par ses victoires ployé !
N’en doute point,
Mordred, nous devons l’occire
Si nous voulons
être appelés reine et messire.
Tu emploieras ta
ruse et moi ma beauté. »
Et les deux
amants, pleins d’ombre et de cruauté,
Serpents venimeux
qui étaient prêts à mordre,
En songeant à
Merlin résolurent de le perdre.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
lundi 27 août 2012
Le sommeil de Merlin l’enchanteur (huitième partie)
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