LE SOMMEIL DE MERLIN L’ENCHANTEUR (troisième PARTIE)
III
Immobile, l’Esprit
couvait la vierge
Et ses yeux
reluisaient comme des cierges
Dans la solitude
et dans l’obscurité.
Il était amoureux
et semblait irrité,
De ses mains
étendues, de ses ailes élargies,
Il enveloppait la
nonne que la pâle orgie
Plongeait dans l’abîme
profond de la passion.
Elle sentit sur
ses lèvres l’amoureuse commotion
Du Démon, quand
elles embrassèrent sa bouche ;
Ô, délicieuses
tortures ! Ô, baisers farouches !
Le cœur de
Carmélis était plein de stupeur,
Sa cellule s’emplissait
d’une étrange vapeur,
Elle ne voyait
plus rien, hormis les yeux rouges
De l’être qui dans
la nuit éternellement bouge,
Et un fleuve de
feu la pénétrait, vainqueur,
Et le serpent de
la mort la mordait au cœur.
Elle poussa un
grand cri et s’éveilla, pâle.
Sa couche était
brûlante et sa cellule fatale
Etouffante et
remplie du parfum séditieux
De l’Archange
maudit qui tomba des cieux.
Au dehors, l’orage
grondait. Par la fenêtre
Une ombre s’échappa,
rapide comme les traîtres,
Pareille à un
oiseau qui s’envole la nuit
Et qui, en
déployant ses ailes, chante et fuit.
Carmélis entendit
la voix solennelle
Du condamné dont
la douleur est éternelle,
Clamant dans la
tempête d’automne : « Tu m’as aimé
Alors que nul ne m’aime ;
dans tes flancs j’ai semé
En t’épousant, une
glorieuse graine,
On se souviendra
de toi comme d’une reine,
Tu seras la mère
du prophète Merlin
Dont le cœur de
science et de bonté est plein
Et dont les femmes
et les fées seront éprises,
Ami de la sagesse,
effroi de l’Église. »
Et l’ange s’envola
dans le noir firmament.
La vie de
Carmélis, qui coulait doucement
Comme le calme
ruisseau qui dans les bois coule,
Devint pleine de
peines, d’orages et de houles.
Elle sentait son
ventre, jadis vide, grossir,
Et tout autour d’elle
blêmir et s’obscurcir ;
Plus d’extases,
plus de visions ! L’épouvante
Hors du couvent
poussait la nonne errante
Qui devint éprise
des ombres et des bois,
Et elle gémissait
comme une bête aux abois.
Elle entendait, dans
la forêt, des bruits étranges
Et la voix
susurrante et douce de l’ange
Qui était son
époux. « Mon Dieu ! Que vais-je devenir ?
Ne voulez-vous
point me sourire et me bénir ? »
Disait-elle en
dormant, par ses larmes étouffée,
Dans la grotte des
lutins ou sous le chêne des fées.
Le chœur harmonieux
des esprits aériens
La consolait en
lui chantant : « Ne crains rien
Et sois toujours
bénie, vierge pure et bonne,
Qui aime l’un des
nôtres et lui pardonne !
Ton fils radieux
sera un illustre enchanteur ;
Contemple le ciel
et respire les senteurs,
Tu seras mère et
vierge, comme la belle Marie ! »
Consolée, sa douleur
changée en euphorie,
La pauvre nonne,
au milieu de ses terreurs,
Souriait, et
éplorés, ses yeux devenaient rêveurs.
Elle croyait voir
ce fils dont elle moulait elle-même
Le corps charmant,
et lui donner le baptême,
Elle voyait son
âme sournoise voltiger
Quand elle le
sentait dans son ventre, léger
Comme un sylphe,
frôler son sein sans patience
Et lui dire : « N’aie
point peur ! Ma noble science
Te consolera comme
tu me consoleras !
Mère, je te
bercerai et tu me berceras,
Je te dirai des
choses merveilleuses et pures,
Tu es ma mère et
je suis ta créature,
Mon père est de
tous les anges le plus savant,
En moi tu le
verras, douce fiancée du vent ! »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mercredi 22 août 2012
Le sommeil de Merlin l’enchanteur (troisième partie)
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