jeudi 15 mai 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (XXX)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie XXX)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Je m’en allai et je suivis le bon conseil
De la belle princesse, à un voleur pareil
Et sans qu’un autre mot ne sortît de ma bouche.
J’oubliai ma cognée et mes deux pabouches
Car j’avais, hélas, trop peur pour m’en souvenir.
Gagnant l’escalier par lequel je pus venir,
Le palais s’entrouvrit et fit un passage
Au génie courroucé qui dit, plein de rage,
A la princesse : « Que vous est-il arrivé ?
Pourquoi m’appelez-vous ? » « Ne m’étant pas sauvé,
J’entendis, caché, la tremblante princesse
Lui dire ce qu’elle me dit. « Madame, cette bassesse,
Repartit le génie, m’étonne venant de vous.
Ne me séduisez point avec des propos doux,
Vous n’êtes qu’une impudente et une menteuse
Et ma vengeance en sera impétueuse.
Qu’est-ce que cette cognée et ces pabouches que voilà ? »
« Seigneur, c’est la première fois que je les vois là,
Reprit-elle. Croyez-moi, je vous le jure. »
Il répondit par des coups et des injures,
Et j’entendis leur bruit, et les pleurs et les cris
De la pauvre princesse dont j’étais trop épris
Pour souffrir qu’elle soit par ce monstre maltraitée.
Je pensais aussi que, cette dame seule quittée,
Dans cet état, en de si dangereuses mains,
J’eusse été de tous les hommes le plus vilain.
Mais comment le sauver de la noire barbarie
De ce génie puissant qui était en furie ?
J’étais aussi faible qu’elle devant ce démon
Et je n’avais point les pouvoir de Salomon
Pour l’enfermer dans l’un de ses vases antiques.
Je laissai la princesse à son sort fatidique,
Et avec regret par la trappe je sortis,
La recouvris de terre et à la ville partis.
Le bon tailleur me vit avec une joie immense,
Et en remerciant la divine clémence
Me dit : « Sire, je pensais ne plus vous revoir.
De vous protéger je me suis fait un devoir,
Et j’allais vous chercher dans cette forêt profonde. »
Je remerciai mon hôte, le seul homme au monde
Qui se souciait, peut-être, de connaître mon sort.
Mais je lui cachai mon récit et mes remords
Et pourquoi je perdis et mes deux pabouches
Et ma cognée. Nul mot ne sortit de sa bouche
Pour m’en demander la raison, étant discret
Et ne m’interrogeant point sur mon noir secret.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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