dimanche 30 mars 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (V)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie V)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
« Ma bonne dame, dit le porteur en se relevant,
Grâce à Dieu et à vous je vais rester vivant
Car vous quitter, mesdames, est une chose si horrible
Que j’en eusse trouvé une mort terrible !
Ô, souffrez que je sois, au nom du Créateur,
Le plus dévoué de vos humbles serviteurs
Et l’esclave de votre beauté si clémente,
Et commandez, puisque vous êtes charmantes ! »
Le porteur, quand il eut dit ces mots enflammés,
Voulut rendre l’argent par sa peine réclamé,
Mais la grave Zobéide lui dit : « C’est un vice
De reprendre à ceux qui nous ont rendu service
L’argent qu’ils ont grâce à leur labeur mérité. »
Le porteur s’excusa de sa témérité
Et elle poursuivit : « Demeurer signifie
Garder notre secret si on vous le confie,
Et vous devez aussi, mon ami, observer
– Sans vouloir de votre bonne humeur nous priver –
Les lois de l’honnêteté et de la bienséance. »
Pendant qu’elle lui parlait avec bienveillance,
La belle Amine, pour jouir de plus de liberté,
Attacha sa robe à sa ceinture ; sa beauté
Devint, dans cette tenue, encor plus redoutable,
Et elle prépara agilement la table.
Elle servit plusieurs mets, et sur un buffet mit
Des bouteilles de vin et des tasses d’or. Parmi
Ces beautés, le porteur s’assit, l’âme joyeuse
D’être avec des dames aussi merveilleuses
Qu’il n’avait jamais vues, ébloui, auparavant,
Et qu’il contemplait de tous ses yeux en rêvant.
Après les premiers mets, Amine but la première
Et elle versa à boire, l’œil plein de lumière,
A ses sœurs, et emplit la coupe du porteur
Qui baisa sa blanche main d’un geste enchanteur
Et chanta un poème qui égaya ces dames
Tellement il fut empli de joie et de flamme.
Transportées par le vin, elles chantèrent à leur tour
Un hymne au bonheur et à l’éternel amour ;
Rien n’altéra la bonne humeur de ces buveuses
Qui étaient douces et belles et semblaient rêveuses.
Le repas dura fort longtemps, agrémenté
De mille choses qui le rendirent plus enchanté,
Semblant éternel car il était agréable.
Quand vint enfin de la nuit l’heure effroyable,
Sofie prit la parole au nom de ses trois sœurs
Et au pauvre homme dit avec une cruelle douceur :
« L’heure est venue, pour vous, de vous retirer, sire.
Levez-vous et partez. » Et elles se rassirent
Pour qu’elles se reposassent des viniques travaux
Qui appesantissent les bras et les cerveaux.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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