Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie IV)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
Entendant ce
discours, les trois dames en rirent,
Et ces propos,
dits par un porteur, les surprirent
Car ils ne
manquaient pas d’élégance et d’esprit.
Zobéide répondit à
cet homme d’elles épris :
« Votre
indiscrétion, mon ami, n’est pas sans plaire.
Nous sommes trois sœurs
et nous faisons nos affaires
Si secrètement que
nul ne peut rien en savoir.
Je ne vous dirai
rien de plus. C’est mon devoir
De garder le
secret, et celui de nous toutes.
Un bon auteur que
nous avons lu sans doute
Avait raison de
dire : conserve ton secret
Et ne le révèle
point. Tel est le décret
Que tu dois respecter,
car si tu le révèles
Attends-toi à une
révélation nouvelle,
Et si tu n’as pas
pu le garder bien caché
De ce qu’on ne le
pût point ne sois point fâché. »
« Votre air
en dit assez sur votre mérite.
Daignez m’excuser
si mes propos vous irritent,
Reprit le porteur.
Ce n’est point mon intention.
Soyez assurées que
malgré mon attention
Je garde un secret
mieux qu’un mort une tombe.
Quand des dames
comme vous, blanches comme des colombes,
Donnent à un homme
un ordre, il faut leur obéir,
Et seul un
malheureux oserait vous trahir.
Ne vous étonnez
point de mon discours, mesdames,
Ma profession, il
est vrai, n’a pas bonne fâme,
Mais je cultive
mon esprit comme je le peux
Et chaque soir,
quand je rentre au foyer, lis un peu.
Souffrez que je
vous cite, moi aussi, une maxime :
Dire son secret
aux indiscrets est un crime,
Mais le confier
aux sages est sans doute une vertu. »
Zobéide dit à ce
beau parleur têtu :
« Vous avez
déjà eu votre récompense
Et pour banqueter
nous avons fait des dépenses.
Pour que vous
puissiez dans cette demeure rester
Il fallait en
venant avec vous apporter
Quelque chose,
pour y remplir aussi un rôle.
Mais vous n’avez,
hélas, que de belles paroles. »
Malgré sa
rhétorique, le brave porteur fut
D’entendre ce
discours implacable confus,
Il allait sans
doute partir tout à l’heure
Et quitter les
belles dames et leur belle demeure,
Mais la douce
Amine prit fortement son parti
Et dit à ses sœurs : « Quand
cet homme sera sorti
Nous regretterons
sans doute son départ. Qu’il reste,
Il nous divertira.
Courageux et preste,
Je suis venue
aussi vite grâce à lui, mes sœurs,
Et, courtois, en
route il m’a dit tant de douceurs
Que vous
comprendrez le crédit que je lui donne. »
Sur les genoux de
cette charmante personne
Le porteur se
laissa choir, de joie transporté,
Et à ses pieds
baisa la terre sans fierté,
Ployé comme s’il
portait une charge pesante,
En la remerciant d’être
aussi bienfaisante.
[A SUIVRE]
Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
vendredi 28 mars 2014
Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (IV)
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