jeudi 27 mars 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (III)

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de bagdad (partie III)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
 
Malgré son lourd fardeau et sa lassitude,
Le porteur qui n’avait point la douce habitude
D’escorter de belles dames jusqu’à leur manoir
Admirait ces splendeurs qu’il se plaisait à voir
Et contemplait avec une surprise profonde.
Une troisième dame, encore plus belle que la seconde,
Qui était assise sur le trône, l’éblouit.
Elle en descendit et, en s’avançant vers lui,
Jugea à son air qu’elle était la principale.
Il ne se trompait pas. Cette dame royale
S’appelait Zobéide, Sofie celle qui ouvrit
La porte, et Amine celle qui le surprit
La première par sa beauté ineffable.
Elle regarda le porteur d’un air affable
Et Zobéide dit aux deux dames avec douceur :
« Ce bon homme est bien las, déchargez-le, mes sœurs. »
Amine et Sofie par-devant et par-derrière
Prirent le panier qu’avec Zobéide elles posèrent.
Quand elles l’eurent vidé, en souriant jovialement
L’agréable Amine paya libéralement
Le porteur content de son généreux salaire.
Les belles dames et la belle demeure l’appelèrent
Tant, qu’alors qu’il devait sans doute se retirer,
Demeura immobile, voulant les admirer.
Amine ôta son voile, elle était aussi belle
Que les deux autres dames qui étaient avec elle.
Le porteur s’étonna encore avec raison
De voir qu’aucun homme n’était dans cette maison
Où n’y avait, semblait-il, que trois femmes solitaires.
                    Ce qui rendit encore plus grand ce mystère                              
C’est qu’il n’y avait aussi nul hôte et nul laquais
Alors qu’on pouvait bien préparer un banquet
Avec toutes ces provisions qu’Amine avait achetées.
De voir qu’il ne bougeait point un peu inquiétée,
Zobéide demanda au porteur d’un ton doux :
« N’êtes-vous pas bien payé ? Sire, qu’attendez-vous ? »
« Ma sœur, ajouta-t-elle à la belle Amine,
Donnez-lui encore quelque chose pour qu’il dîne
S’il a faim. » « Madame, je suis fort bien payé,
Dit-il, et de ce qu’on m’a donné égayé.
Daignez excuser mon manque de courtoisie,
Mais une douce beauté et une douce poésie
Emplissent ces lieux que le Calife trouverait charmants ;
Les quitter, vous quitter, me semble alarmant
Car votre beauté et celle de ces douces femmes
Ensorcelle mon cœur et enchaîne mon âme
A vos fers, et je suis votre amoureux captif.
Ô, ne vous fâchez pas ! Car mon cœur est chétif
Et moins puissant que mes bras qui chaque jour portent
Des fardeaux ! Croyez-vous que ce cœur supporte
De ne plus vous revoir, sans sentir nul remords ?
Si je pars, vous allez bientôt pleurer ma mort !
Toutes les trois vous êtes belles, il vous faut un homme,
Car vous savez que dans le pays où nous sommes
Si on n’est pas quatre on ne mange pas bien,
Or le quatrième est là et jusqu’à vous vient. »

[A SUIVRE]



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: